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Que dire d'ici, si ce n'est que c'est un village qui escalade la montagne, aux couleurs méditerranéennes, où les couchers de soleil sont flamboyants, où Lord Byron et Percy Shelley, poètes à leurs heures... ont établi leurs quartiers et pour Percy, sa dernière demeure...

Lerici la romantique

A une Alouette 

Salut à toi, Esprit joyeux! 

Car oiseau jamais tu ne fus 

Qui dans le ciel, et presqu'aux Cieux 

Epanche en longs accents profus 

Un coeur empli de sons qu'aucun art n'a conçus. 

De la terre où tu prends essor, 

Nuage de feu jaillissant, 

Tu t'élèves plus haut encore 

Loin au-dessus de l'océan 

Ne cessant l'ascension, ta chanson ne cessant. 

Dans le soleil crépusculaire 

Et l'or de son évanescence

Où les nuées se font plus claires 

Tu sembles flotter, puis t'élances 

Comme une joie sans corps dont la course commence. 

Même pâleur et cramoisi 

S'effacent quand tu les pourfends; 

Comme une étoile en plein midi, 

Nul ne te voit au firmament, 

Pourtant j'entends le cri de ton enchantement; 

Ardent comme là-haut la sphère 

Aux si vives flèches d'argent,

Mais dont s'estompe la lumière 

Dans la clarté du matin blanc 

Jusqu'à n'être vue guère, que l'on sent là pourtant. 

Partout sur terre et dans les airs 

Ta puissante voix retentit 

Comme quand la lune à travers 

Le seul nuage de la nuit 

Inonde tout le ciel de lumineuse pluie. 

Ce que tu es nous ignorons; 

Qu'est-ce qui le mieux te décrit? 

Car les gouttes d'arc-en-ciel n'ont 

Des nues jamais resplendi 

Comme tombe l'averse de ta mélodie. 

Ainsi le poète oublié 

Dans sa lumière intérieure, 

Chantant, sans en être prié, 

L'hymne à ses espoirs et ses peurs 

Aux hommes ébahis d'y découvrir les leurs;

Ainsi la noble damoiselle 

Au palais, dans sa haute tour, 

Qui des musiques les plus belles 

Berce son coeur épris d'amour 

Sans savoir qu'elle charme aussi toute la cour; 

Ainsi le ver luisant doré 

Dont la couleur seule est perçue 

Au fond d'un vallon de rosée, 

Parsemant ce halo diffus 

Parmi l'herbe et les fleurs où lui est hors de vue;

Ainsi le rosier habillé 

Du feuillage vert de ses fleurs 

Que le vent brûlant vient piller 

Mais dont l'odorante douceur 

Fera s'évanouir l'aérien détrousseur. 

L'averse vernale et son bruit 

Sur les herbes qui étincellent, 

Les fleurs éveillées par la pluie, 

Joies pures et vives, certes, mais elles 

Ne surpassent jamais ta musique éternelle. 

Apprends-nous donc, sylphe ou oiseau, 

Les doux pensers qui sont les tiens; 

Je n'ai jamais entendu mots 

D'éloge à l'amour ou au vin 

Déclamés en un flot de bonheur si divin. 

Chants de triomphe et choeurs nuptiaux, 

Si à ta voix on les compare, 

Nous paraissent creux, sonnent faux 

Et ne sont que vaines fanfares 

Auxquelles font défaut les choses les plus rares. 

Quelle est la source, quel est l'objet 

De cette chantante fontaine? 

Des bois? Des vagues? De hauts sommets? 

Des formes de ciel ou de plaine? 

L'amour de ton espèce? Le mépris de la peine? 

Car dans ton pur ravissement 

La langueur ne trouve point place; 

Et l'ombre du désagrément 

Jamais même ne te menace; 

Tu aimes, mais de l'amour ignores ce qui lasse. 

En éveil, ou lorsque tu dors, 

N'est-ce pas qu'en toi s'illumine 

Plus de vérité sur la mort 

Que les mortels n'en imaginent, 

Pour que coulent de toi notes si cristallines? 

Nous voulons demain et hier, 

Après eux soupirons sans cesse; 

Dans nos rires les plus sincères, 

Il est toujours quelque détresse; 

Et nos chants sont plus beaux qui parlent de tristesse. 

Pourtant si nous avions pouvoir 

D'oublier peur, orgueil et haine, 

Si nous étions nés pour avoir 

De la vie ni larmes ni peine, 

Comme ta joie dès lors nous paraîtrait lointaine. 

Ton art, mieux que tous les ténors 

Qui touchent l'âme profonde, 

Ton art, mieux que tous les trésors 

Dont tant de grands livres abondent, 

Servirait le poète, ô oublieux du monde! 

Apprends-moi un peu du plaisir 

Connu d'un coeur toujours content, 

Pareil harmonieux délire 

Coulerait alors dans mon chant; 

 

Le monde m'entendrait, comme moi je t'entends! 

Lerici la romantique

 

 

Commentaires
 
1
RP
Vendredi 27 Novembre 2015 à 15:53   Supprimer le commentaire
 

 

De quel cru est ce chant ? Anglo-saxon ou latin ?

 

    • Vendredi 27 Novembre 2015 à 17:56   Supprimer le commentaire
       
       Éditer

      Ce n'est pas un chant, c'est un poème de Shelley...

 
2
Fifi
Vendredi 27 Novembre 2015 à 23:27   Supprimer le commentaire
 
Alouette gentille alouette ,.....
 
3
RP
Samedi 28 Novembre 2015 à 13:09   Supprimer le commentaire
 
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« Chant » est utilisé au sens large, comme « hymne » dans hymne à la vie, même sans musique. De le même ordre d'idée, les textes homériques sont des chants, même si aucune note musicale ne les accompagne.

 

L'espace aérien qui a servi de caisse de résonance aux hurlements des furies vibre à présent d'allégresse et d'insouciance. Alouette pour ce périple, rossignol pour le périple précédent.

 

Vers bien rythmés, rimes riches et savantes. Est-ce le fruit de la familiarité retrouvée avec Διόνυσος – ΔΙOΝΥΣΟΣ, fin connaisseur du jus de la vigne, ou le résultat de l'intimité toute récente avec Lord Byron ?

 

On connaît le capitaine contorsionniste dans les soutes, le capitaine acrobate sur les barres de flèches, le capitaine peintre qui remplit de forêt amazonienne son univers d'eau douce, le capitaine musicien qui accompagne allègrement le rossignol, la capitaine cordon bleu qui fait rissoler avec application oignons et poivrons. On découvre le capitaine poète qui s'épanche avec générosité en rimes et en vers.

 

Tag(s) : #italie, #voyage initiatique 2015-2016
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