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Selon le calendrier orthodoxe, le souffle du jardin était à l'œuvre tôt ce matin, avant l'aube. Il a défait le sceau qui fermait une tombe, roulé la grosse pierre qui bloquait l'accès, dégagé le linceul qui désormais est vide.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le souffle du jardin réalisait une prophétie, comblait une attente, véhiculait une promesse.

Était prophétisé un Relèvement qui attesterait l'identité du Sauveur.

La commémoration du souffle du jardin a fortement ému le Zeph.

Nous sommes arrivés dans les Cyclades la veille du Vendredi Saint.

La ferveur de la Pâque grecque était palpable partout.

Notre porte d'entrée dans les Cyclades était Άνδρος – ΑΝΔΡΟΣ (en français : Andros). Avant même de toucher terre, nous avons senti les bienfaits du souffle du jardin. Souffle de bienveillance, comme le voulait l'amour du prochain, enseigné par le Nazaréen.

Le garde-côte qui était de service pour surveiller le ballet des ferrys nous a indiqué notre emplacement. Pendant que le Capitaine finissait de sécuriser le bateau avec les amarres, c'était à voix haute que le mousse s'est adressé au garde-côte, car celui-ci s'est éloigné du Zeph pour nous laisser en paix. Au Grec, le mousse a crié : « Διαβατήριο θέλεις ? » (en français : tu veux le passeport ?). De loin, le Grec a répondu en imitant avec sa main droite le mouvement du pied qui appuyait à plusieurs reprises sur la pédale à frein. Nous pensions que les formalités d'enregistrement étaient remises à plus tard. En fait, elles n'ont jamais eu lieu.

Tout s'est passé comme si nous jouissions d'une confiance totale de la part des autorités portuaires. Nous étions accueillis comme des frères, avec gentillesse et douceur. On ne contrôle pas l'identité de ses frères, ni la nature de ce qu'ils transportent.

Ne confondons pas indifférence et respect. Le garde-côte n'était pas indifférent à nos intentions. Il était soucieux de notre confort, qui passait par notre tranquillité.

Il n'imposait pas sa présence. Par contre, il se mettait à notre disposition pour nous rendre service. En effet, nous lui avons demandé si nous pouvions garder l'emplacement pendant quelques jours, car nous pressentions que l'escale allait beaucoup nous plaire. Tout de suite, le garde-côte a compris que nous avions besoin de temps pour découvrir Χώρα – ΧΩΡΑ (en français : Khôra), la capitale de l'île, qui se trouvait à une trentaine de kilomètres du débarcadère. Sans tarder, il a téléphoné à ses supérieurs et a obtenu pour nous la magnifique autorisation.

L'agréable surprise a créé en nous un choc émotionnel, qui s'appelait ravissement.

Le garde-côte était-il conscient de la beauté de son geste ? En tout cas, il s'est montré très discret par la suite, comme s'il craignait que nous ne donnions trop d'importance à ses belles manières. Juste avant qu'il ne s'éclipse, le mousse a pu prendre une photo de l'homme.

Notre hôte, reconnaissable à son uniforme, se tenait près de la voiture rouge. À ce moment-là, c'était son profil droit qui était visible.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La manière d'agir du garde-côte nous rappelle cette recommandation :

σοῦ δὲ ποιοῦντος ἐλεημοσύνην μὴ γνώτω ἡ ἀριστερά σου τί ποιεῖ ἡ δεξιά σου

ΤΟ ΚΑΤΑ ΜΑΤΘΑIΟΝ ΕΥΑΓΓΕΛΙΟΝ. Kεφ. ς’. Στίχος γ’

 

Mais quand tu fais un acte de compassion, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite.

Bonne Nouvelle selon Matthieu. Chapitre 6. Verset 3

 

Le garde-côte avait de la compassion pour les nefs battues par les vagues. Il les aidait à retrouver du répit, mais ne sonnait pas de la trompette pour se glorifier.

Voici les bureaux où le garde-côte devait rendre des comptes :

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au premier plan, était garée une voiture de fonction.

Sur la portière située du côté du conducteur, apparaissaient ces lettres blanches : ΛΙΜΕΝΙΚΟ ΣΩΜΑ. Littéralement : [LE] SOMA DU PORT, ou [LE] CORPS DU PORT. C'est ainsi que la Grèce appelle la catégorie professionnelle des gardes-côtes.

Les bureaux à proprement parler se trouvaient sur le trottoir d'en face, au premier étage, là où le drapeau grec flottait devant une porte-fenêtre éclairée.

C'était sans doute de ces bureaux qu'émanait le souffle de confiance et de serviabilité, que le garde-côte a porté jusqu'au débarcadère. Le lien avec le temps de la Pâque grecque n'était pas une idée saugrenue.

La commémoration du souffle du jardin favorisait l'esprit d'entraide.

C'était ainsi que nous avons interprété la mise à disposition de l'eau et de l'électricité, sans aucune restriction et sans exigence d'un retour pécuniaire.

Nous avons fait le plein d'eau douce, non sans gratitude.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En contemplant le soleil danser à la surface de l'eau, le mousse s'est rappelé ces mots jadis adressés à la Samaritaine :

ὃς δ᾽ ἂν πίῃ ἐκ τοῦ ὕδατος οὗ ἐγὼ δώσω αὐτῷ οὐ μὴ διψήσει εἰς τὸν αἰῶνα ἀλλὰ τὸ ὕδωρ ὃ δώσω αὐτῷ γενήσεται ἐν αὐτῷ πηγὴ ὕδατος ἁλλομένου εἰς ζωὴν αἰώνιον

ΤΟ ΚΑΤΑ ΙΩΑΝΝΗΝ ΕΥΑΓΓΕΛΙΟΝ. Kεφ. δ’. Στίχος ιδ’

 

Celui qui boira de l'eau que, moi, je lui donnerai, celui-là n'aura jamais soif : l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira pour la vie éternelle.

Bonne Nouvelle selon Jean. Chapitre 4. Verset 14

 

Le lendemain de notre arrivée à Άνδρος – ΑΝΔΡΟΣ, c'était le Vendredi Saint. Les Grecs disaient « H Μεγάλη Παρασκευή ». Littéralement : « Le Grand Vendredi ». C'était le jour de la mort du Nazaréen.

Ce jour-là, nous avons loué une voiture pour explorer l'île.

Toute la Grèce était en deuil, comme Marie la Magdaléenne.

À Μπατσί – ΜΠΑΤΣΙ (en français : Batsi), devant la plus belle façade du port, était exhibée la couronne d'épines.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle était portée par une tête inerte, sans vie.

À Χώρα – ΧΩΡΑ, la capitale, deux immenses formes coniques matérialisaient le deuil devant l'iconostase.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le revêtement, qui était un velours très sombre, évoquait l'obscurité du séjour des morts. Quant à la forme conique elle-même, elle faisait penser à l'éteignoir, qui supprimait la lumière, ou à l'étouffoir, qui emmurait le cierge.

Plus significatif encore, un cercueil était placé dans l'axe qui reliait la porte centrale de l'iconostase et le portail de l'édifice religieux. C'était ce cercueil que le visiteur voyait en premier lieu quand il entrait dans l'église.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce cercueil symbolisait la condition des morts, qu'avait rejointe le Ce Ce

Ce cercueil symbolisait la condition des morts, qu'avait rejointe le Nazaréen.

Un dais, abondamment décoré de fleurs, constituait la partie supérieure. Ces fleurs évoquaient les aromates préparés par la Magdaléenne pour embaumer le corps du défunt.

Le jour suivant, le Zeph a quitté le quai de Γαύριο – ΓΑΥΡΙΟ (en français : Gavrio), où il avait passé ses deux premières nuits. Sa nouvelle destination était Μπατσί – ΜΠΑΤΣΙ.

Voici le Zeph qui entrait dans le port de Μπατσί – ΜΠΑΤΣΙ :

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La cité portuaire se présentait comme un hémicycle tourné vers l'Ouest. Sur les hauteurs, dominait l'église principale, appelée ο Ιερός Ναός του Αγίου Φιλίππου. Littéralement : le Sanctuaire de Saint Philippe.

Voici l'édifice religieux, juste après le coucher du soleil.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Shabbat venait de s'achever.

Voici le Zeph avec les lumières du soir :

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il s'apprêtait à passer tranquillement sa première nuit à Μπατσί – ΜΠΑΤΣΙ quand soudain plusieurs détonations ont retenti du parvis du Sanctuaire de Saint Philippe. Une grande foule, munie de bougies, s'y est rassemblée.

À cet instant-là, il était minuit à l'horloge du port.

La mise en scène moderne voulait célébrer l'ouverture du sépulcre du Nazaréen par un ange aux premières heures du dimanche.

Le texte de la Bonne Nouvelle selon Matthieu dit qu'à cette occasion, il y a eu un grand tremblement de terre. Pour recréer cette ambiance du séisme, plusieurs détonations très fortes, provoquées par des pétards en grande liesse, ont eu lieu dans l'enceinte du port et ont fait vibrer violemment maintes cloisons, y compris les tympans.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avant que le soleil ne se lève, Marie la Magdaléenne a apporté les aromates au tombeau. C'est là qu'elle a vu que celui-ci était ouvert.

Son enseignant qui y était enseveli a disparu : il a été ressuscité !

Devant la plus belle façade du port, un nouveau tableau est affiché désormais. Le voici :

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Ressuscité fait bénéficier son triomphe sur la mort à toute l'humanité.

L'artiste rappelle le prix de la rançon : sur les deux pieds, se voient encore la trace des clous qui les ont perforés.

Mais désormais l'heure était à l'espoir et à l'optimisme.

Comme tous les Grecs ce matin, le Zeph a préparé son agneau du Dimanche de la Pâque orthodoxe.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il s'agissait d'un agneau de lait, qui serait rôti au wok avec des poivrons cornus crétois, verts et rouges.

À circonstance exceptionnelle, vin exceptionnel !

Nous avons ouvert un Cru Bourgeois : un Château Beau-Site de 2009.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La littérature des gourmets nous a informés que le millésime 2009 pour cette catégorie était exceptionnel.

Nous l'avons confirmé en tant que goûteurs bienheureux.

 

Le souffle du jardin

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Entrer dans les Cyclades en se laissant porter par le souffle du jardin est un très, très grand privilège !

 

Tags : Άνδρος, Γαύριο, Χώρα, Μπατσί, Pâque orthodoxe, Matthieu 6:3, Jean 4:14, Marie la Magdaléenne, Ressuscité

 

 

 

Tag(s) : #2022 CYCLADES & DODECANESE
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