À partir d’aujourd’hui, les jours rallongent. Chouette !
En effet, le solstice d’hiver a eu lieu tôt ce matin, à 5h19, heure de Paris.
Depuis le début de la semaine, les bulletins de météo à la télévision française disent, jour après jour, que la durée de l’ensoleillement a cessé de diminuer.
Bien avant le service de météo sur le petit écran, la vie culturelle entre Saône et Rhône s’est préparée à célébrer, avec raffinement, l’arrivée du solstice.
L’horloge astronomique, qui suscite depuis plus de six siècles l’admiration des visiteurs de la Cathédrale Saint-Jean, se trouve au niveau du transept Nord. Si les jours rallongent, cela doit se voir, non seulement avec la rigueur du mécanisme horloger, mais aussi avec faste sur la façade occidentale de l’édifice.
L’astre diurne, dont le rayonnement bienfaisant va s’accentuer au cours des prochaines semaines et des prochains mois, joue avec la dentelle qui compose la rosace centrale.
Avec l’énergie solaire, naît la vie. Végétale, d’abord.
Le solstice ruisselle de chlorophylle le long de la façade gothique.
L’artiste du vingt-et-unième siècle privilégie la vision de la lascivité des lianes, comme pour signifier un appel vers le haut ou un bercement dans les airs. Expériences fort séduisantes pour qui supporte mal sa vie de sédentaire.
Puis, c’est au tour de la vie animale de faire son apparition, toujours sous l’effet bienfaisante de l’énergie solaire.
L’artiste coloriste donne à voir deux paires d’ailes translucides, qui s’articulent sur le centre de la rosace et qui magnifient la cathédrale dans le sens de la largeur.
Respiration aisée, battements paisibles.
Aucun stress, aucune menace, aucun danger.
Le temps est plaisant, la vie est agréable, pour toutes les formes de vie.
Le raffinement est dans la grâce avec laquelle le conte est dit.
Sur les berges de la Saône, la façade de la Primatiale Saint-Jean choisit la légèreté et la douceur pour célébrer le solstice.
Le Rhône n’est pas en reste. Au contexte minéral de la cathédrale gothique, il préfère l’écrin de verdure que lui offre le Parc de la Tête d’or. Écrin magnifiquement mis à profit par les talentueux artificiers du Groupe F.
L’attrait vient dans la chair brûlante du feu, qui va et vient, monte et descend.
Le plaisir naît de l’allégresse de son souffle tumultueux. La joie est portée par la danse énergique des flammes.
Mais le feu ne danse pas tout seul, ni pour lui-même. Il ne s’exhibe pas de manière égocentrée. Il danse avec l’eau et pour l’eau.
L’eau, comme matrice primordiale des premières formes de vie.
Regardez : comme c’est magnifique, avec le miroir de l’eau, grâce au miroir de l’eau !
Tout est doublé : la lumière, l’envoûtement. Mais dans cette multiplication par deux, intervient le charme de l’inversion. Il se produit donc un jeu d’équilibre, de tension, qui donne un grand raffinement à la chorégraphie des flammes.
Le spectacle célébrant le renouveau de l’énergie vitale se prolonge aisément dans une vision de la perpétuité, incarnée par le feuillage persistant des conifères.
Au métro Foch, qui était tout proche du Parc de la Tête d’or, une élégante pâtisserie associait la durabilité du plaisir des papilles au charme du sapin éternellement vert.
Les boules d’or qui scintillaient portaient la promesse d’une douceur inégalée.
Et quand le caractère persistant du feuillage n’est pas au rendez-vous, on se contente volontiers des feuilles caduques, pourvu qu’elles donnent l’image de la prospérité du présent, qui s’extrapole aisément, sous des scintillements complices, en vision de l’éternité.
L’avantage des feuilles caduques est d’être sur des branches souples, à ramifications multiples, ce qui exalte encore plus l’impression de l’abondance et accroît la crédibilité des promesses du solstice.
Comme les jours rallongent, on en profite pour voyager, voir du pays.
Au Centre d’échanges de Perrache, le voyage de rêve ne se fait pas par le rail, qui est fortement secoué en ce moment par la crise sociale, mais par un traîneau qui glisse, qui glisse, si lestement, au milieu de conifères illuminés.
L’imaginaire chanté par le solstice d’hiver est fait d’aisance et d’innocence.
Ravi d’avoir tant de « followers », qui regardent avec leurs yeux de bipèdes, mais encore avec l’œil de leurs smartphones, le capitaine de l’attelage esquisse un pas de danse.
Démonstration d’un équilibre éphémère, qui dit que le charme de la vie est tantôt dans la régularité, tantôt dans les écarts.
Le solstice d’hiver incite à festoyer, à voyager, mais encore à se montrer généreux. Se faire plaisir en apportant du plaisir aux autres, en pratiquant l’altruisme.
Le raffinement est dans le sens du partage démontré à l’occasion de la manifestation de la joie.
On partage aux plus démunis en se préoccupant de leur santé, physique et morale.
En la matière, la capitale des Gaules est très fière de sa tradition hospitalière, qui remonte à l’an 542, quand le premier établissement de soins du royaume a été fondé sur la rive Ouest de la Saône, sous l’impulsion du roi Childebert et de la reine Ultrogothe.
Au cours des siècles suivants, c’est l’Hôtel-Dieu qui a pris la relève, installé sur la rive Ouest du Rhône.
L’Hôtel-Dieu est conscient de l’optimisme engendré par la vision d’un feuillage persistant. Sous une arche à l’extrémité Sud, voici l’arbre qui célèbre le solstice d’hiver.
Sur la majestueuse façade de l’édifice, les silhouettes des deux souverains initiateurs ornent le haut du grand portail.
Childebert tient un sceptre dans la main droite et une bourse dans la main gauche.
L’efficacité de l’autorité politique est liée au pouvoir financier.
Quant à Ultrogothe, elle tient un parchemin dans la main gauche. Pas de bourse pour la reine ?
Si ! Le petit sac qui contient les pièces de monnaie pend à la ceinture, sur le côté droit. Là encore, l’application de la loi écrite requiert un pouvoir financier.
Mais les deux bourses en possession des deux figures royales peuvent aussi signifier leurs élans de générosité.
Le raffinement est dans la plastique qui attribue une position différente à chacune des deux bourses. Celle du roi est près du cœur tandis que celle de la reine se trouve près des reins.
Cette dualité fait allusion au texte des Saintes Écritures.
En effet, dans les écrits prophétiques, on peut lire ceci :
וַֽיהוָה צְבָאֹות שֹׁפֵט צֶדֶק בֹּחֵן כְּלָיֹות וָלֵב
כ : יא יִרְמְיָהוּ
Mais Jéhovah des armées juge avec justice ; il examine les reins et le cœur
Livre de Jérémie. Chapitre 11. Verset 20
Dans les Écritures, le cœur est le siège des mobiles et les reins symbolisent la partie plus profonde de l’être.
Le texte grec exhibe la même dualité.
Dans la révélation reçue par l’apôtre Jean, on peut lire ceci :
ἐγώ εἰμι ὁ ἐραυνῶν νεφροὺς καὶ καρδίας
Ἀποκάλυψις. Kεφ. β’. Στίχος κγ’
Je suis le scrutateur des reins et des cœurs
Révélation. Chapitre 2. Verset 23
L’art magnifie la générosité issue des entrailles des personnages royaux qui ont donné à Lyon la réputation de « ville de la charité ».
Puisse cette générosité accompagner le renouveau promis par le solstice et lui apporter l’inestimable raffinement éthique !
Joyeux Noël à tous les amis du Zeph !
BUON NATALE A TUTTI GLI AMICI DI ZEFIROS !
ΕΥΤΥΧΙΣΜΕΝΑ ΧΡΙΣΤΟΥΓΕΝΝΑ ΣΕ ΟΛΟΥΣ ΤΟΥΣ ΦΙΛΟΥΣ ΤΟΥ ΖΕΦΥΡΟΥ !