Aujourd'hui, j'vous emmène au monastère de NEA MONI, niché dans un coin de vallée, au milieu d'un ancien village abandonné, sur les pentes du mont PROVATEON...
Lorsqu'on arrive, le monastère est fermé... Alors on traîne dans les ruines du village...
C'est joli à souhait, paisible, avec une belle végétation qui a envahi l'ensemble des constructions...
Monastère byzantin du 11ème siècle, dit-on ! Et qui abrite des mosaïques aux tesselles d'or... On ne pouvait pas rater ça ! Si en plus, on peut rêver, une tesselle se détachait du mur pour tomber direct à nos pieds... Une tesselle en or du 11 ème siècle ? Ca ferait terrible, encastrée dans une des boiseries du ZEF !!!
Bon. Ben voilà. Rien ne s'est détaché du plafond ! Toutes celles déjà tombées ont été ramassées et mises à l'abri, sous verre.
Il faut s'imaginer quand tout l'édifice était recouvert d'or...
Le Nazaréen dans un halo baptismal... Et si vous agrandissez la photo, vous le voyez nu, derrière une sorte de rideau vaporeux. C'est tellement rare de voir le Christ dans sa nudité la plus pure... C'est rare et c'est beau parce qu'ici, elle est à peine suggérée !
Une autre petite chapelle dans l'enceinte du monastère... En fait, il y en a deux en plus du monastère : l'une dédiée à la sainte Croix et l'autre, celle de la photo, dédiée à saint PANTALEON, le patron des médecins.
Je me balade avec délice dans l'enceinte du monastère... Faut un peu faire attention parce qu'un tremblement de terre a fragilisé tous les édifices, et y'a encore des pierres qui ne demandent qu'à tomber...
Et voilà ! Je vous présente NEA MONI dans son entièreté !
Le pope sonne les clochent... Et moi, je me suis fait sonné les miennes parce que 1/ j'ai pris le pope en photo et 2/ j'ai croisé mes jambes dans le monastère. Et il paraît que ça ne se fait pas du tout du tout !
« Lorsque tu pries, si tu es assis, n’étend pas tes jambes, et ne les place pas l’une sur l’autre, car ces attitudes ne reflètent que l’orgueil. »
La vue en coupe avec, de gauche à droite, le bêma, le naos, le narthex intérieur et le narthex extérieur, puis un bout de construction moderne qui lie l'édifice au clocher.
Bon. Pour le narthex, je vous avais déjà expliqué ce que c'était... Je le redis une dernière fois pour les cancres du fond de la classe ! Le narthex, c'est l'espace intermédiaire entre le profane et le sacré.
Et pour les bons élèves qui vont tout retenir du premier coup, le bêma et le naos sont les deux parties du sanctuaire qui accueille pour l'un, la tribune des orateurs et pour l'autre, l'effigie d'une divinité.
Ce n'est pas vraiment le genre de bibliothèque qu'on aimerait avoir chez soi ! En 1822, le monastère a servi de refuge à près de 2000 personnes... C'est en avril de cette même année que les Ottomans perpétrèrent le massacre de la population de l'île, à titre d'exemple, parce que des insurgés grecs, voulait rallier l'île à leur cause... Et puis les Turcs voulaient aussi venger le massacre que les Grecs avaient fait lors du siège de TRIPOLIZZA, épisode clé de la Guerre d'Indépendance Grecque contre l'Empire Ottoman ! Ce jour-là, on était le 5 octobre 1821, les Grecs qui assiégeaient la ville depuis de longs mois, réussirent à y pénétrer par surprise et exterminèrent 8000 personnes !
Alors, en avril 1822, les Ottomans ont fait pareil ! Le grand vizir de l'époque envoya sur l'île de CHIOS 45000 soldats avec pour seul ordre de tuer tous les hommes de plus de 12 ans, toutes les femmes de plus de 40 ans et tous les enfants de moins de 2 ans ! Et ceux qui n'entraient pas dans ces 3 cases pouvaient être réduits en esclavage !
Le bilan du massacre par les Ottomans est estimé à 25000 assassinats et 45000 déportés en esclavage. Il est dit que seuls 15000 personnes ont pu fuir sur les îles voisines...
Aujourd'hui, tout est si calme, si paisible... Pourtant, ici même, sur le site du monastère, la terre s'est abreuvée du sang de plus de 800 personnes, hommes, femmes et enfants...
Le monastère vue depuis la route qui y mène.