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Nous continuons à penser et à nous exprimer comme Hérodote, qui utilisait le mot « don » en désignant dans le complément du nom, non pas le bénéficiaire, mais le donateur.

Avec ce contexte, que donnait le Lusiades ?

Voici ce que le Lusiades nous a donné :

 

Le don du Lusiades

 

La bonne humeur, l'élan vital. La fabuleuse légèreté de l'existence.

C'était à Βόλος – ΒΟΛΟΣ (en français : Volos), sur le quai de l'au revoir. Le Lusiades, qui venait de faire son plein de carburant, se préparait à s'en aller vers d'autres horizons. Quant à nous, nous restions à Βόλος – ΒΟΛΟΣ pour quelques jours encore.

Nous avions fait la connaissance du Lusiades à l'automne dernier, dans la baie de Πόρος – ΠΟΡΟΣ (en français : Poros). Nous étions très chanceux de le retrouver cet été, sur le quai municipal de Βόλος – ΒΟΛΟΣ.

Pour ces retrouvailles inespérées, le Lusiades voulait absolument nous offrir les agapes de bienvenue. Le don du Lusiades était l'hospitalité égéenne, fraternelle et généreuse.

Le Zeph en était fortement ému. Voici les mots de remerciement adressés au Lusiades :

« Chers Marie et Philippe,

Nous sommes très contents de retrouver le Lusiades. Nous vous remercions vivement pour les agapes des retrouvailles, qui se sont déroulées sur votre splendide balcon.

La nourriture, préparée avec talent par Marie, a été servie avec la céramique qui venait du Royaume de Didon ! Comme nous étions chanceux de manger avec la belle vaisselle inspirée par l'héritage phénicien !

Le bord de vos assiettes n'avait pas la géométrie classique du segment de droite ou de l'arc de cercle. Il présentait une sinuosité qui rappelait les vagues de la mer. Il n'y a pas de décor plus approprié pour évoquer l'amour de la mer, qui a fait éclore les routes maritimes des Grecs et des Phéniciens dans l'Antiquité.

La double courbure, c'était pour l'attrait visuel. Quant au plaisir tactile, il était indéniable au moment où le doigt passe d'une courbure à la courbure inversée. Manifestement, la sensualité était invitée à table. Elle était aussi présente dans l'onctuosité de l'aubergine ou dans le corps lascif de lamelles de courgette.

La fête était sur la table, et aussi tout autour de la table.

Marie avait une très belle robe, qui louait les vertus de la chlorophylle. Un motif bicolore y matérialisait la grâce de la fougère.

Quant à Philippe, la parure était dans le cœur, empli de bonté. C'est cette bonté qui nourrissait l'empathie. Car les questions adressées par Philippe à son interlocuteur n'étaient pas du tout superficielles. Loin de là ! Philippe s'intéressait vraiment à ce que ressentait l'autre, attendait patiemment la réponse de celui-ci, puis réagissait à son tour, avec un naturel, qui ne pouvait signifier qu'une chose : la pureté de la pensée, et du cœur.

Mais le naturel chez Philippe, c'était aussi la beauté de son humour, qui n'était pas corrosif à l'égard d'autrui, mais libérateur pour tous. Car Philippe a l'intelligence de ne pas rire d'une personne, mais d'une situation.

Chaque fois que Philippe riait, une multitude de lucioles s'élevait de la table des agapes.

... »

Le don du Lusiades était un complément artistique et historique.

En plus de la forme, il y avait aussi le fond. En plus de l'esthétique du contenant, il y avait encore la valeur du contenu. Car le Lusiades a mobilisé toutes ses réserves pour faire de ces agapes improvisées un festin chatoyant. Le don du Lusiades était le dévouement. Le Lusiades a tout de suite offert au Zeph, dès le jour de l'arrivée de celui-ci, le meilleur de l'ici-et-maintenant. Il est rare, très rare, qu'un tel dévouement, aussi pur et aussi fort, surgisse sur la route des terriens.

Tout était délicieux dans ces agapes des retrouvailles. Mais s'il fallait classer par ordre de préférence, le mousse mettrait en tête du classement les lamelles de courgette agrémentées avec des pignons de pin.

 

Le don du Lusiades

 

Le surlendemain, c'était le tour du Zeph de donner à voir le fruit de la superbe inspiration que lui avait communiquée le Lusiades.

Le Zeph était très fier de recevoir à son bord, pour toute la soirée, Philippe, le brillant capitaine du Lusiades, et Marie, sa Muse bienveillante.

En entrée, le Zeph a servi des lamelles de concombre, en souvenir des lamelles de courgette préparées par Marie.

 

Le don du Lusiades

 

Les lamelles enroulées formaient des cylindres d'où émergeaient des épis d'ananas. L'édifice était couronné par un disque très mince, taillé dans une pêche. La circularité, qui était aussi à l'honneur à travers les anneaux translucides de l'oignon rouge, exprimait le vœu ardent que tout « tourne rond », aussi bien pour les projets du Lusiades que pour ceux du Zeph.

Nos cœurs se grisaient d'une fraternité retrouvée, après neuf mois d'éloignement.

Un seul breuvage convenait à la circonstance : le Zeph a confié à l'effervescence champenoise la noble mission de chanter l'or du temps présent.

 

Le don du Lusiades

 

Les bulles de champagne portaient la transparence de l'air. La pureté du cristal portait la transparence de la terre. Dans ce jeu de transparences, l'âme du Lusiades et celle du Zeph reconnaissaient leur délicieuse complémentarité.

Deux jours auparavant, nous avons passé une soirée de délices à bord du Lusiades, qui faisait un grand usage de l'humour pour magnifier le côté croustillant de la vie.

À notre tour, nous avons utilisé le croustillant des galettes de riz pour contenter l'hédonisme de nos papilles.

 

Le don du Lusiades

 

Le Lusiades était fou d'horizons nouveaux. Alors le Zeph lui a fait découvrir les saveurs de l'An-Nam. Cette escapade gastronomique en Mer de Chine a ébloui le Lusiades.

Au fur et à mesure que la soirée avançait, c'était le Zeph qui était ébloui par l'appétit de vivre du Lusiades. L'alliance des gourmets a été scellée en dégustant un gâteau inspiré par l'Île de de Beauté.

 

Le don du Lusiades

 

Il s'agissait d'un gâteau à l'orange, qui ne devait pas être servi ni froid, ni tiède, mais chaud.

Le don du Lusiades était le plaisir de croquer la vie à pleines dents.

C'était un bonheur extrêmement communicatif.

Contemplez ce magnifique bonheur, qui illuminait le balcon du Zeph :

 

Le don du Lusiades

 

Le lien fraternel entre le Lusiades et le Zeph ne se voyait pas seulement à table, mais aussi au cours des manœuvres de marins.

Quand le Zeph est arrivé à Βόλος – ΒΟΛΟΣ, c'était le capitaine du Lusiades qui a réceptionné nos amarres sur le quai.

Cinq jours plus tard, le Capitaine du Zeph a rendu la politesse au Lusiades, quand celui-ci s'est rendu à l'autre bout du port pour résoudre le problème du groupe électrogène.

Voici le Capitaine du Zeph, tout heureux de rendre service au Lusiades :

 

Le don du Lusiades

 

C'était le capitaine du Lusiades qui réglait la chorégraphie des amarres. Il a décidé de commencer par l'amarre à l'arrière. Tout le monde lui a obéi.

Quant à l'amarre à l'avant, elle a rencontré un obstacle. En effet, des pêcheurs à la ligne refusaient de libérer la bitte d'amarrage que voudrait utiliser le Lusiades.

Sans tarder, le Capitaine du Zeph a usé de persuasion pour obtenir la coopération des pêcheurs grecs.

 

Le don du Lusiades

 

Le don du Lusiades était l'esprit de solidarité. Le Capitaine du Zeph s'est tellement senti solidaire du Lusiades qu'il a agi comme s'il faisait partie de l'équipage de celui-ci.

À présent, l'amarre de devant pouvait être fixée. Regardez avec quelle élégance elle passait d'un capitaine à l'autre :

 

Le don du Lusiades

 

On dirait un lancer de disque !

Admirez la beauté du geste de celui qui lançait. Admirez aussi la pleine disponibilité de celui qui attendait l'arrivée de l'amarre.

En l'occurrence, le don du Lusiades n'était pas une amarre, mais un rôle de confiance.

Voici de nouveau les deux capitaines, travaillant de concert :

 

Le don du Lusiades

 

Physiquement, ils soulevaient ensemble la même masse pesante. Symboliquement, ils partageaient la même responsabilité, celle de prendre soin de l'équipage et de la coque.

Le lendemain, le Lusiades devait reprendre la mer, pour de bon. Mais auparavant, il ferait son plein de carburant dans le port. L'occasion était trouvée pour que le Capitaine du Zeph et le mousse naviguent à nouveau à bord du Lusiades, mais seulement pour traverser le port d'Est en Ouest.

Nous voilà, prêts pour la petite excursion à bord du Lusiades :

 

Le don du Lusiades

 

Nous avions la mine épanouie. Était-ce convenable en raison de la séparation qui s'annonçait inéluctable et irréversible ? Nous n'y pensions pas. Nous voulions seulement profiter de l'instant présent. Et à l'instant où la photo a été prise, nous étions très heureux de nous retrouver sur le Lusiades.

Le don du Lusiades était son giron affectueux.

Pendant la courte traversée, le Capitaine du Zeph devenait, spontanément, le co-pilote du Capitaine du Lusiades.

 

Le don du Lusiades

 

Mentalement, Le Lusiades et le Zeph ne faisaient plus qu'un.

Le camion-citerne qui devait livrer le carburant au Lusiades avait du retard. L'humour raffiné du capitaine du Lusiades a rempli agréablement le temps de l'attente.

Puis tout avait une fin.

 

Le don du Lusiades

 

C'étaient nos tous derniers instants à bord du Lusiades.

L'étape suivante, c'était l'au revoir sur le quai, qui est montré dans la première photo de cet article.

Ainsi, la boucle était bouclée. « Pas si vite, pas si vite ! », ont dit les divinités, qui avaient préparé autre chose.

En effet, les divinités nous ont permis de rejoindre à pied le phare vert de l'entrée, juste au moment où le Lusiades passait devant ! Jeu de cinétiques, art de varier l'élasticité du temps : le lien fraternel entre le Lusiades et le Zeph émouvait l'Olympe.

L'ultime photo était celle-ci :

 

Le don du Lusiades

 

Elle a suscité ces mots de remerciement :

« Chers Marie et Philippe,

...

L'une des plus belles photos est la IMG_7217, où l'on voit Pierre courir du phare vers l'autre extrémité de la digue.

Contrairement à ce qu'un esprit superficiel pourrait penser, il n'y a pas de disproportion entre les dimensions des différents éléments constitutifs du tableau, mais une adéquation parfaite des proportions avec le message véhiculé. Plusieurs niveaux de lecture sont possibles :

Le capitaine du Zeph court après une nef amie.

Le navigateur court après son frère d'armes.

L'homme court après son destin.

Quelle que soit l'interprétation, la petitesse de la silhouette humaine accentue la tension dramatique et renforce la charge émotionnelle.

L'horizon est absolument horizontal, ce qui est un exploit, car la photo a été prise à partir d'un bateau dansant, par des mains occupées à tenir la roue du gouvernail.

... »

Le mousse a écrit ces lignes sans savoir que trois jours plus tard, le Destin briserait le bras gauche du Capitaine à Αμαλιάπολη – AMAΛIAΠΟΛH (en français : Amaliapoli).

Concernant ce dernier épisode, le don du Lusiades était la parole oraculaire. L'ultime photo, offerte par le Lusiades, avait une valeur prophétique.

Au cours des dix mois écoulés, depuis la baie de Πόρος – ΠΟΡΟΣ jusqu'à celle de Βόλος – ΒΟΛΟΣ, le don du Lusiades était la réciprocité, si magnifique dans son immédiateté et dans sa plénitude.

En vérité, le don du Lusiades est un cadeau offert conjointement par la mer et la Grèce.

 

Tag(s) : #don, #Hérodote, #lien fraternel, #Αμαλιάπολη, #Βόλος, #Πόρος
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