Notre vocabulaire prend exemple sur celui du père de l'Histoire, Hérodote, qui a déclaré que l’Égypte était un « don du Nil ». Dans ce contexte, le don est une contribution volontaire, réalisée à titre gracieux.
Le Golfe est le Σαρωνικός Κόλπος – ΣΑΡΩΝΙΚΟΣ ΚΟΛΠΟΣ (en français : Golfe Saronique), dont l'accès du côté Sud-Est est régi par un détroit appelé Διέκπλους Σαλαμίνας – ΔΙΕΚΠΛΟΥΣ ΣΑΛAΜΙΝΑΣ (en français : Détroit de Salamine).
Pour reprendre l'expression de l'historien grec, la victoire de la démocratie athénienne face à l'envahisseur perse était un « don » du Golfe Saronique.
Grâce une brillante initiative du Capitaine, le Zeph a vécu l'élaboration de ce don dans la matrice même des flots.
Athènes était donc menacée par la machine de guerre de Xerxès, venue pour venger l'affront que son père Darius avait subi dix ans auparavant à Marathon.
Ne pouvant arrêter l'avancée des Perses, ni sur terre, ni sur mer, les Grecs ont décidé de protéger au moins le Péloponnèse en coupant la route qui y menait. La ligne de l'ultime défense était établie à Μέγαρα – ΜΕΓΑΡΑ (en français : Mégare).
Voici le Zeph dans le port qui desservait le bastion de l'espoir :
Nous avons eu le privilège de parcourir à pied la route qui reliait le port à l'acropole, où se prenaient les décisions politiques. Voici la route de la logistique :
C'était avec ce port que nous avons commencé notre immersion dans l'histoire du « don » offert par le Golfe Saronique.
Dans un premier temps, les défenseurs du Péloponnèse voulaient combiner les forces terrestres et les forces navales pour assurer l'inviolabilité du dernier retranchement. Mais le stratège athénien Thémistocle a persuadé le conseil de guerre de l'avantage d'une riposte plus offensive : l'objectif serait d'attaquer l'ennemi après l'avoir attiré dans un guet-apens.
La fonction du guet-apens était de réduire à néant la supériorité numérique de l'envahisseur. En effet, les Perses ont amené un millier de navires tandis que les Grecs n'ont pu aligner que trois cent vingt-deux trières.
Seule l'étroitesse d'un passage pourrait transformer l'avantage numérique en un gros handicap quant à la mobilité. Ce piège de l'étroitesse, le stratège athénien l'a clairement identifié dans le Détroit de Salamine. C'était dans ce Détroit qu'il fallait absolument attirer les Perses.
De ce fait, l'itinéraire du Zeph n'était pas seulement un cheminement géographique. C'était aussi le parcours de la conversion d'une stratégie militaire en une autre stratégie militaire.
Tout doucement, le Zeph a glissé hors de la zone de confiance des défenseurs du Péloponnèse.
Fébrile, il progressait maintenant vers le resserrement repéré par le stratège athénien :
À bâbord, c'était la route de Corinthe à Athènes, qui déroulait ses kilomètres le long du littoral.
Puis, avec beaucoup d'émotion, le Zeph a découvert le resserrement offert par la topographie. Voici l'accès septentrional à ce resserrement :
À bâbord, c'était la direction du Pirée et d'Athènes. À tribord, surgissait l'île de Salamine.
C'était ici que s'étaient positionnées les forces navales athéniennes.
Athènes a fourni à la coalition grecque cent quatre-vingts trières.
L'autre aile était sous la responsabilité de Sparte.
La veille du combat, le stratège athénien a fait parvenir aux oreilles du souverain perse la rumeur qui disait que des Grecs voudraient fuir.
Xerxès a aussitôt ordonné que l'étau se resserre. Ainsi, les navires perses étaient entrés en masse dans le Détroit pour fermer la sortie Sud.
Le plan de Thémistocle a bien fonctionné !
Plus légères et plus manœuvrables, les trières grecques ont attaqué efficacement les gros vaisseaux perses qui se gênaient mutuellement.
Impuissant, Xerxès assistait au désastre de sa puissante flotte.
Par l'intermédiaire du Détroit de Salamine, le Golfe Saronique a offert la victoire à la toute jeune démocratie athénienne.
Le Zeph tressaillait de joie en sortant du Détroit.
Sur la droite de la photo, c'était déjà le Pirée.
C'était un privilège inestimable que de revivre, avec ses propres yeux, le plan de bataille du stratège athénien.
Il allait de soi que nous avons fêté cette belle expérience en dressant une table appropriée.
Nous avons convoqué le parfum de la sève des forêts que l'envahisseur avait incendiées :
Nous avons honoré les produits de la terre que les Perses avaient piétinée, assujettie, puis abandonnée.
Nous avons fait la part belle aux fruits de la mer que Xerxès avait convoitée :
Nous avons célébré la mémoire des trières grecques, armées de leurs redoutables rostres.
Le stratège athénien avait lancé les assauts en exploitant les moments où il avait le vent en poupe :
Notre table se plaisait à exhiber la poupe des trières qui avaient sauvé la démocratie.
Le destin politique de l'Occident reposait sur la victoire athénienne, qui était un « don » du Golfe Saronique.
Le relief livre des vibrations de l'Histoire.
C'est un très grand bonheur que de pouvoir les capter et les comprendre.