Le ZEF sur son traîneau dans le port à sec de LIVADITIS à LIMNI.
On ne le sait pas encore, mais il est probable que le ZEF ne reviendra pas ici avant longtemps !
Arrivée le soir sur le quai de CHALKIDA, quai de transit en attendant le passage du pont.
Une fois de l'autre côté...
Peu de bateaux. Nous. Bon. C'est tout. La photo (de Minh) est belle ainsi et se suffit à elle-même. Quoi dire de plus ?
Le ZEF quitte CHALKIDA.
La mer est telle un lac.
Et puis... Patatras ! Un rocher, là où il devrait y avoir 11 mètres de fond !!!
Je navigue avec NAVIONICS. Et à cet endroit, NAVIONICS mentionne bien un rocher isolé, mais avec une ligne de sonde à 11 mètres.
Le choc est brutal.
Le ZEF avance à 5 nœuds au moteur.
Il se jette littéralement sur le haut-fond. Parce qu'en fait, à cet endroit, d'autres cartes nous le confirmeront, il y a un plateau rocheux qui part du Sud de l'ilot FONIAS et qui vient couper en deux le chenal... Mais NAVIONICS ne le mentionne pas. Là où je guide le ZEF, on est sensé être sur la ligne de sonde à 9,5 mètres. Et on se retrouve avec moins de 1,80 d'eau !!!
Le ZEF escalade le rocher pour se retrouver à la gîte sur tribord. Il talonne durement 2 ou 3 fois avant que j'arrive à l'extraire de ce piège avec une grosse marche arrière.
Par la suite, je le montrerai peut-être plus tard, j'ai trouvé 5 cartes du coin qui, pour chacune d'entre elles sauf une, donnent une indication fausse de l'état réel des fonds à cet endroit !
Alors quoi ???
Déjà qu'il faut interpréter au quotidien les bulletins météo selon le modèle de prévision sélectionné... Choisir et faire un mix des infos qui nous sont données par les modèles tels ECMWF, SFP, GFS, ICON-EU, ICÔNES, NEMS, et j'en passe ! Si en plus il faut qu'on se mette à devoir combler les lacunes des cartes marines, on n'en sort plus !!!
Bon.
Juste après le choc, je me rue dans les fonds pour voir s'il y a des entrées d'eau. Et je presse le Minh de regrouper en urgence toutes les affaires qu'il faut sauver si on coule ! Papiers, argent, documents du bateau, de l'assurance, vidéo et photo, journal de bord et livres de bord des années précédentes...
Bon.
Le ZEF flotte encore. Une inspection des fonds révèle des fissures au niveau de chaque varangue. Et il y a un peu d'eau qui suinte d'un des boulons de quille.
Je contacte en urgence le port à sec le plus proche...
Voilà. Même le ciel est d'une tristesse infinie...
Prendre une bouée d'attente devant le chantier...
Tandis que le vent et la mer se lèvent doucement (mais sûrement !!!)
Tout concourt à donner à cette soirée, un côté tellement lugubre !
Le ciel pleure... C'est le crépuscule des dieux, tel le dernier des 4 drames musicaux de Richard WAGNER...
Au matin, c'est beau, mais encore si triste.
Et, tandis qu'un oiseau du large est en passe de prendre son élan dans une mer grise, une mer toute en peine...
Le ZEF, lui, est remis à terre pour un moment que j'espère n'être qu'une convalescence et pas un enterrement !