La route buissonnière va à la mer, car demain nous embarquerons à Ancona pour rejoindre la rive orientale de l'Adriatique.
Nous aimons la route des buissons pour son côté sympathique, charmeur et parfois délirant.
En flânant de buisson en buisson, nous nous délectons de la compagnie des herbes folles, des fleurs sauvages et des mânes qui veillent à la vitalité et à la prospérité du lieu.
Le voyage n'est pas dans le fantasme de la destination, mais dans l'enchantement qui rend le trajet bigrement plaisant, dès les premiers instants.
La route buissonnière a commencé par nous charmer avec la coquetterie du paysage alpin.
La neige nous lançait une multitude de clins d’œil enjoués.
L'air vivifiant revigorait feuilles et fleurs, ainsi que nos poumons. Au col du Lautaret, le soleil s'est réjoui de notre passage.
Puis, quand la langue de Molière a fait place à celle de Dante, les buissons agrémentés par les fleurs sphériques du pissenlit nous ont offert l'eau fraîche des montagnes.
La musique du ruissellement était très agréable. Elle ajoutait une note de gaieté à l'ambiance très paisible des lieux.
La route buissonnière fascinait par le spectacle de la vie végétale et de ses combats.
La robe des coquelicots, brûlée par le soleil et battue par les vents, avait la beauté des ruines du Parthénon.
Comme il était saisissant, le contraste par rapport aux épis de céréale, tout proches et très turgescents !
Les extrémités pointues n'effrayaient aucunement l'épiderme soyeux des ipomées.
La robe nacrée affichait sans complexe sa sensualité.
La vitalité de la sève se justifiait par la facilité de l'accès à l'eau. Voici l'écluse qui régulait l'approvisionnement en eau :
Notre voiture était garée de l'autre côté, devant l'entrée d'un champ de maïs. Sur le sentier qui menait à l'espace cultivé, une herbe sauvage imitait des épis de céréale.
Parodie, plaisanterie, humour, à destination des regards attentifs.
Il y avait les buissons du jour et ceux de la nuit. Celui-ci s'illuminait grâce à la lumière des lampadaires :
Il fallait lever les yeux pour le contempler, car il était juché au plafond d'un portique à arcades.
Nous étions à Alessandria, sur la piazza Garibaldi.
C'est là où nous avons pique-niqué hier soir. Menu : poisson au poivron jaune et à la crème.
La route buissonnière a repris tôt ce matin, avant le lever du soleil.
L'entrain était assuré par un café bien tonique.
Ce soir, nous dormons au bord de la mer, à Cesenatico, à la spaggia levante.
La route buissonnière nous livre le festival des voiles ocres.
Pour notre plus grand bonheur, un magnifique buisson surgit de la mer, fier de ses pétales triangulaires qui jouent avec le vent :
Notre chambre, située tout en hauteur, a un balcon qui nous offre un superbe panorama sur l'horizon sans fin.
Sur le sable de l'insouciance, des buissons stylisés et bien ordonnés ont pour tâche d'apporter de la fraîcheur.
La route buissonnière, depuis la montagne jusqu'à la mer, nous a réservé de belles surprises. Nous y voyons l'heureux augure de la nouvelle saison de navigation.