Retour à Port Napoléon ? Il est toujours très agréable. Mais les amis du Zeph y sont déjà habitués.
Retour en Grèce ? Tous les supporters du voyage initiatique le souhaitent vivement. Mais il faudra patienter encore un peu.
En cette saison de la Toussaint, le retour inédit et inattendu était celui à la calanque de Méjean.
Inédit parce que les deux balades sur le site ont occupé deux jours consécutifs.
Inattendu parce que le mistral, qui menaçait de tout renverser sur son passage, était le moteur du retour à la calanque de Méjean.
Retour par gourmandise, par hédonisme, par envoûtement.
Par addiction, sans doute aussi.
Avec le vent, la poussière tournoyait sur le sentier, à la manière du sable qui s’envole au sommet des dunes. Écume de la terre ferme.
L’espace et le temps se sont fait la concurrence pour savoir qui des deux nous divertirait le mieux. L’espace suggérait des bifurcations audacieuses, des itinéraires cachés, avec l’espoir de découvrir des trouées spectaculaires sur la mer. Le temps, lui, recommandait de prendre en compte l’heure de l’horloge et de rester sur le versant ensoleillé pour profiter pleinement de la lumière.
Au début, la tentation de l’espace a été la plus forte, à cause du désir d’originalité. Par bonheur, la voie de la raison a fini par l’emporter. Les destinations hasardeuses, envisagées en dépit de l’ombre et du froid qui en étaient le prélude, ont été finalement abandonnées. Le retour à la face ensoleillée du rivage était un retour à l’exultation.
Sans rancune, le temps a déployé toutes ses ressources pour montrer que lui aussi, était capable d’engendrer du nouveau, de surprendre et d’émerveiller.
La teinte de la roche virait du blanc à l’ocre.
Le bleu de la mer gagnait en intensité.
Et l’ourlet blanc qui bordait le bas de la falaise se muait en gerbes spectaculaires.
Le fracas des vagues n’était plus source de préoccupation, mais sujet de délectation. La lumière du soleil n’était plus morsure, mais caresse. Se mouvoir n’était plus indispensable, contempler suffisait.
Progressivement, la palette s’orientait vers une harmonie de pourpres. Puis, la rade, qui jadis avait séduit les Phocéens, se parait de magnifiques reflets roses pour nous dire au revoir.
Nous avons repris la direction de Port Napoléon quand les lumières allumées par les hommes prenaient le relais de l’astre solaire.
Pendant un bon moment, un ferry issu du giron massaliote nous a tenu compagnie.
Avec la complicité du temps, nous sommes passés d’un enchantement à l’autre.
Après le ravissement devant la baie des Massaliotes, il y avait la joie de fêter un nombre entier d’années vécues.
L’anniversaire du Capitaine du Zeph tombait un 29. Un seul millésime s’avérait compatible numériquement avec cette date.
La vie avance. Les projets, aussi !
Puisse le nouveau cycle des douze mois solaires apporter l’accomplissement intégral des vœux de l’Ericante, de l’Ouvé et de l’Adok !