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La halte à Ίος (transcription : Ios) était stratégique : elle servait de tremplin pour rejoindre Ερμούπολη (transcription : Ermoupoli), qui semblait être le seul abri capable de nous protéger du vent furieux qui était annoncé avec ses quarante nœuds.

Cette stratégie, établie le soir de l’arrivée à Ίος, a été corrigée le lendemain matin, car Ερμούπολη nous obligerait à dévier à l’Ouest dans notre remontée vers le septentrion alors que nous ambitionnions de voguer vers l’Anatolie, c’est-à-dire vers l’Est.

Afin de maintenir le cap vers l’Est, le Capitaine a jeté son dévolu sur Αμοργός (transcription : Amorgos), l’île du Grand Bleu de Luc Besson.

Αμοργός avait un marche-pied qui s’appelait Σχοινούσσα (transcription : Skhinoussa). Nous tenterions de nous réfugier à Σχοινούσσα avant de nous rabattre sur Αμοργός.

L’adaptabilité était la condition de survie pour le balcon posé sur la mer.

Après la mise en place de cette stratégie aux multiples rebondissements, nous avons pris soin de la logistique, en prévision de l’inaccessibilité des points de ravitaillement au cours des prochaines haltes de survie.

Au sujet du ravitaillement réalisable et réalisée à Ίος avant le largage des amarres, la photo suivante est très éloquente :

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur la photo, à gauche de la grande borne rouge qui était destinée à éteindre les incendies, se dressaient trois lampadaires qui participaient à l’éclairage nocturne du quai de la plaisance. Le sommet de chaque lampadaire montrait, en perspective, un triangle isocèle, dont le sommet principal se trouvait en bas. Sous le triangle le plus à gauche, donc le plus petit, se profilait l’éolienne du Zeph.

C’était donc dans cette direction que le Capitaine poussait le chariot de provisions. Le chariot provenait de L’Aegean SuperMarket, dont nous avons dit le plus grand bien dans l’article précédent, à la manière d’un marin qui ferait l’éloge de la sécurité de tel ou tel mouillage.

Il y avait une rampe qui permettait d’accéder à la face supérieure du quai d’amarrage. Mais ce plan incliné qui assurait une transition lisse entre deux plans horizontaux séparés en altitude était aussi un piège pour les roues du chariot, qui étaient plus tentées par la descente que par la montée. D’où le grand effort musculaire, parfaitement visible dans l’élongation maximale de la jambe gauche du Capitaine.

Le principe de l’autonomie, qui faisait la fierté du Zeph face aux tavernes, avait un coût physique. En la circonstance, le Capitaine était disposé à payer ce coût pour préserver l’idéal de vie à bord du Zeph.

La photo suivante montre le transfert dans le giron du Zeph :

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Capitaine était en train de traverser la passerelle en portant un grand sac dont l’apparence extérieure était facilement reconnaissable par certains de nos chers lecteurs. L’enseigne qui le fabriquait était citée à plusieurs reprises au sujet de Ερμούπολη.

Selon nous, c’était le sac le plus solide et le plus résistant. Il était donc destiné à transporter un contenu à la fois volumineux et lourd. En l’occurrence, le vin résiné, dont nous raffolons, faisait partie de ce contenu.

La photo montre donc le Capitaine en train de traverser la passerelle en portant quelque chose de très lourd.

L’équilibre dynamique selon les lois de la physique était au service de l’équilibre au sens de la diététique, mais aussi au sens de l’éthique.

Au sens de la diététique, en assurant une alimentation saine, même en haute mer.

Au sens de l’éthique, en allégeant la tâche du coéquipier.

Les préparatifs du départ nous donnaient pleinement satisfaction. Voici un souvenir de ce plaisir de vivre, qui n’était aucunement assujetti à la mobilité tous azimuts :

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le selfie a été réalisé devant le Zeph, dont l’éolienne tricolore était facilement reconnaissable. Derrière nous, passait le Florentin qui nous avait pris les amarres la veille et dont le sens de l’à-propos s’exprimait avec tant de clarté et d’élégance dans la langue de Molière.

Avec sérénité, nous avons repris la mer, qui, pour l’heure, demeurait calme, douce, lascive :

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme prévu, nous sommes approchés de Σχοινούσσα.

On pouvait lire dans l’eau l’accueil qui nous y était réservé. Nous avons trouvé dans le site un mélange de charme et d’hostilité, qui nous mettait mal à l’aise.

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le charme, qui était illustré par la teinte turquoise de l’eau, provenait du cadre naturel, sauvage et idyllique.

L’hostilité, représentée par les zones sombres sous l’eau, était manifestée par un environnement humain méfiant, suspicieux et si peu partageur.

Sans regret, le Capitaine est sorti de la baie. Néanmoins il a fait la promesse que nous reviendrions lors d’un prochain printemps, avec la condition préalable d’avoir fait de Νάξος (transcription : Naxos) la plaque tournante.

La fausse joie à Σχοινούσσα était à l’origine d’une joie, réelle et magnifique, à Αμοργός, l’île du Grand Bleu.

Toutes voiles dehors, le Zeph s’est dirigé vers la baie de Κατάπολα (transcription : Katapola), qui accueillait les ferries.

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À l’entrée de la baie, le Zeph a fait une pointe de vitesse jusqu’à neuf nœuds !

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous cette impulsion, l’art culinaire s’est mis en marche pour célébrer l’arrivée dans l’île du Grand Bleu.

Les préliminaires étaient olfactifs. La coriandre en graines, le thym fleuri et le laurier étaient torréfiés pour préparer la cuisson du poulet au wok :

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il était impensable que les trésors du potager soient absents. Ont participé à la fête gustative, toujours sur le mode al dente, le chou-fleur, la courgette et le poivron :

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Ayurvéda recommandait instamment la compagnie du raisin blanc pour la délicatesse de sa saveur acidulée.

Le plat était prêt quand l’amarrage s’achevait :

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La table était dressée sur le pont supérieur, à la façon d’un ex-voto :

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ombre des haubans indiquait que le soleil se couchait dans le dos du photographe.

Les montagnes qui apparaissaient à l’arrière-plan se trouvaient donc à l’Est.

Mais pour l’ivresse de la perspective, elles se montraient aussi dans l’exquis vin résiné, servi très, très frais.

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aucune taverne ne sert du vin résiné aussi frais qu’à bord du Zeph.

Avec un plaisir non dissimulé, nous savourions la juste récompense de notre persévérance.

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’idéal de l’autonomie a empêché la navigation de ce jour d’être une activité stérile, où des milles nautiques se sont mécaniquement enchaînés à d’autres milles nautiques.

À l’heure de la passeggiata, le Zeph commençait déjà son repos nocturne, pour préparer sa bravoure du lendemain.

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’expérience en mer est une épreuve de sagesse.

Et la sagesse nous recommandait de privilégier la sécurité à l’amusement.

En effet, nous sommes arrivés à Αμοργός-Κατάπολα un mercredi et le pope qui a assisté à notre amarrage a confié au Capitaine qu’il y aurait, à la fin de la semaine, une grande fête en l’honneur des pêcheurs.

Voici l’une des barques qui étaient en train de se faire toutes belles pour participer à cette fête :

 

Le balcon posé sur la mer (31) entre Ίος et Αμοργός

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La tentation de prolonger la halte à Κατάπολα était très forte.

Mais nous aimons notre Zeph et nous ne voulons pas lui faire subir des épreuves au-delà du supportable.

En définitive, nous dirions au revoir à l’île du Grand Bleu dès le lever du jour.

Le balcon posé sur la mer entre Ίος et Αμοργός était le balcon de la souplesse.

La souplesse engendre la patience.

L’intransigeance, qui est sœur de l’impatience, provoque la rupture et la déchirure.

Tag(s) : #2024 La GRECE, #cyclades
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