La route de Mήλος (transcription : Milos) à Kίμωλoς (transcription : Kimolos) était celle d’un retour. Car à deux reprises déjà, le Zeph a dû renoncer à Kίμωλoς, une fois à cause du mauvais temps, et une autre fois, à cause de l’affluence dans le port qui ne pouvait abriter que quelques unités.
En conséquence, pour cette troisième tentative de faire escale à Kίμωλoς, le Zeph s’y est pris de bonne heure.
Le voici qui quittait le mouillage de Mήλος dès le lever du jour :
L’ombre projetée sur le museau du Zeph par les câbles horizontaux de l’avant indiquait l’inclinaison du rayon lumineux, qui venait de la droite.
Le cosmos qui se réveillait à peine n’a pas encore quitté complètement ses habits de la nuit.
Il y avait très peu de différence entre le bleu au-dessus de l’horizon et le bleu au-dessous de l’horizon. En raison de l’heure matinale, les deux bleus étaient mâtinés de gris.
À la sortie de la baie de Αδάμας (transcription : Adamas), le Zeph avait à bâbord deux îlots, qui étaient facilement repérables sur la carte marine :
Sur la carte, le nom de ce groupe d’îlots était NISIDES AKRADIA. C’était la transcription en caractères latins de ΝHΣΙΔΕΣ ΑΚΡΑΔΙΑ. Avec des minuscules, l’on aurait eu : Nησίδες Ακράδια.
La carte marine montrait aussi que le Zeph se dirigeait vers l’Est, c’est-à-dire face au soleil levant. D’où le contre-jour des prises de vue en direction de la proue.
Contre-jour au sommet du mât :
Contre-jour également au pied du mât :
Cependant, les lois de l’optique qui géraient la perception visuelle n’altéraient pas la conviction que tout autour de nous, il n’y avait que du bleu.
Il suffisait de se tourner vers la poupe pour le confirmer :
À l’arrière du Zeph, le bleu avait plus de douceur.
Sur la carte marine, l’axe du Zeph faisait un angle de 45° avec l’horizontale.
Sur la photo faite à la poupe, ces 45° se retrouvaient dans l’écart angulaire entre la ligne d’horizon et l’axe de l’annexe. C’est pourquoi les rayons du soleil arrivaient, à ce moment-là, sur le flanc droit du Zeph, parallèlement à la ligne d’horizon.
Dans un bleu de plus en plus doux et de plus en plus pur, le Zeph est arrivé à Kίμωλoς.
Premier signe prémonitoire : au moment où le Zeph s’est présenté devant le port municipal, qui était si convoité quelques jours auparavant, un bateau en sortait !
Vite, nous en avons déduit qu’il y aurait au moins une place pour nous, à moins que le port, déjà archi-complet, n’ait contraint l’autre bateau à repartir bredouille.
Deuxième signe prémonitoire : l’extraordinaire limpidité de l’eau dès l’entrée du port.
La magnificence d’une telle limpidité ne pouvait que signifier la clémence des divinités !
La photo suivante montre effectivement l’heureuse convergence des deux signes prémonitoires :
Le Zeph venait d’être amarré.
Des poissons débordants de courtoisie affluaient pour frétiller dans les reflets des lignes bleues et de la mâture.
Le spectacle du lagon bleu à la proue remplissait le Zeph d’ivresse.
Le lagon bleu ne se limitait pas à la proue du Zeph, il s’étendait à tout le quai de la plaisance :
La magie du spectacle était d’autant plus saisissante que seuls deux bateaux étaient amarrés. Il y avait le Zeph, reconnaissable à ses lignes bleues et à son éolienne tricolore, et à tribord du Zeph, un autre voilier de quarante-trois pieds, battant pavillon italien et portant l’immatriculation TS3153D. Le nom du bateau italien était Bellatrix.
C’était la muse du Bellatrix qui a pris l’amarre du Zeph quand celui-ci s’est approché du quai. La photo suivante montre une apparition de la muse du Bellatrix, qui ne tarderait pas à nous captiver par son intelligence, son goût du beau et sa bonté :
Sur la petite embarcation qui accostait le Bellatrix, la muse était assise à l’arrière, avec un chapeau de couleur claire. La place à l’avant était occupée par le capitaine du Bellatrix, qui portait une casquette de couleur sombre.
Les deux tourtereaux revenaient d’une excursion à la rame, qui les avait menés jusqu’à un autre lagon bleu, tout proche.
L’actuel lagon bleu, qui baignait le quai de la plaisance, portait aussi le taxi de la mer, qui desservait les principaux ports de l’île :
Le lagon bleu n’a pas non plus oublié la rampe de la mise à l’eau :
Le plaisir visuel était un prélude du plaisir gustatif.
Pour fêter la découverte du lagon bleu à Kίμωλoς, le mousse a préparé une moussaka à l’ananas et au raisin blanc :
L’ananas et le raisin blanc étaient deux manières de donner du peps grâce à la saveur acidulée.
La préparation était servie sur une assiette qui rappelait le lagon bleu :
Stratégiquement, le balcon posé sur la mer entre Mήλος et Kίμωλoς était le balcon de l’espoir comblé. Esthétiquement, ce balcon était une ode à l’azur.