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Équilibre perdu, puis retrouvé. Équilibre brutalement rompu à Αμαλιάπολη – AMAΛΙΑΠΟΛΗ (en français : Amaliapoli), puis patiemment reconquis à Athènes.

Après l'opération chirurgicale, le médecin a prescrit du repos, c'est-à-dire l'équilibre statique. Autrement dit, pas de mouvement brusque, voire pas de mouvement du tout, pour ne pas bousculer les os qui étaient en train de se remettre en place.

Vivre à bord du Zeph devenait risqué, au moins dans l'immédiat, parce qu'il fallait gravir une échelle pour accéder à l'espace habitable. Une solution s'imposait alors : un logement en étage, pour le panorama, et avec ascenseur, pour éviter les difficultés motrices dues à la dénivellation.

L'équilibre mouvant de l'offre et de la demande nous a ramenés à Athènes.

Au moment où le GPS nous annonçait que nous nous approchions de la destination, c'est-à-dire du logement qui venait d'être réservé sur internet, voici ce que nous avons aperçu :

 

La saison de l'équilibre

 

Icare dans sa chute vertigineuse !

Nous nous sommes retrouvés dans ce lieu à cause d'une chute, et c'était pour contempler une autre chute !

La coïncidence ne pouvait pas être fortuite. Elle a sûrement été voulue par les divinités, qui tenaient à nous rappeler de ne plus présumer de nos forces.

Si l'équilibre a été rompu, c'était par manque de sagacité, dans un cas comme dans l'autre.

Le quartier, situé au Nord-Ouest du centre historique d'Athènes, s'appelait Μεταξουργείο – METAΞOYPΓΕΙΟ (en français : Métaxouryio).

 

La saison de l'équilibre

 

Voici l'entrée du logement qui nous attendait :

 

La saison de l'équilibre

 

Sur le paillasson de bienvenue, on pouvait lire :

Kollfam SA

CITY HOTELS

L'établissement qui nous promettait le repos idéal appartenait à un ensemble hôtelier, la Kollfam SA, qui disposait de trois hôtels à Athènes : le Golden City Hotel, le Crystal City Hotel et le Phidias Boutique Hotel.

À notre niveau, le pur hasard a fait que nous avions choisi le Crystal City Hotel, sans savoir que celui-ci offrirait le spectacle de la chute d'Icare. Mais au niveau des divinités, ce n'était pas le hasard qui agissait, car elles avaient orienté notre choix en fonction de leur pédagogie. Elles avaient prévu que la chute d'Icare servirait de catharsis au douloureux drame que nous traversions.

Sur la droite de la photo, à travers les grandes baies vitrées, on voyait l'axe de circulation, qui s'appelait Οδός Αχιλλέως – ΟΔΟΣ ΑΧΙΛΛΕΩΣ (littéralement : Rue d'Achille).

Achille était le plus vaillant des guerriers grecs à l'époque homérique.

Loger dans la rue qui portait son nom était une belle occasion, qui communiquait du courage pour vite retrouver l'équilibre.

Dans le salon, trônait un magnifique bouquet de fleurs.

 

La saison de l'équilibre

 

Le rouge très tonique de leurs robes chassait la moindre tendance au défaitisme.

C'était la floraison de l'équilibre fortifié.

Dès les premiers instants, nous avons compris que nous étions au bon endroit pour respecter le travail du chirurgien.

Quand nous sommes entrés dans la chambre, la toute première chose que le Capitaine a remarquée était une silhouette. La voici :

 

La saison de l'équilibre

 

La peinture s'inspirait d'une sculpture appartenant à l'art archaïque. L'original, retrouvé sur l'Acropole d'Athènes, était en marbre de Paros. Était représentée une jeune fille. D'où le nom κόρη – KOPH.

La sculpture qui a inspiré le tableau porte le matricule 674.

Le peintre, lui, a laissé son empreinte personnelle, en accentuant les courbures. D'abord, celle des lèvres, pour rendre le « sourire archaïque » plus épanoui. Puis celle des sourcils, pour rendre l'émerveillement ou la joie plus manifestes.

Donc, malgré l'amputation des deux bras, l'organisme sourit à la vie !

Quelle belle leçon de courage et d'optimisme !

Au sol, se trouvaient un instrument de musique, des fruits et un grand récipient d'eau.

Ainsi, malgré le handicap causé par l'accident, la vie continue de nous enchanter grâce à l'art né du génie humain et grâce à la générosité de la terre nourricière.

La κόρη – KOPH 674 était-elle présente dans d'autres chambres ? Nous l'ignorions.

En tout cas, nous avions le sentiment que le message nous était spécialement destiné.

Nous en avons pris note et nous avons agi en conséquence.

Nous avons veillé à l'équilibre alimentaire pour ne pas priver l'organisme de ses ressources essentielles.

À ce sujet, le petit déjeuner, qui était inclus dans le prix forfaitaire de la chambre, nous a beaucoup facilité la tâche.

Voici un exemple d'aliments salés proposés en libre service :

 

La saison de l'équilibre

 

Chacun composait son assiette selon son inspiration, ses envies, ses forces.

Les personnes qui préféraient le goût sucré pouvaient aussi inventer leur assortiment :

 

La saison de l'équilibre

 

Rien ne s'opposait au fait que quelqu'un combine le salé et le sucré.

Chacun trouvait l'équilibre qui lui convenait.

L'équilibre du matin se construisait dans une salle qui se trouvait au premier étage. Nous aimions nous installer à côté de l'olivier sacré qui se dressait au-dessus de la Rue d'Achille :

 

La saison de l'équilibre

 

Nous avons remarqué que l'olivier n'était pas seul. En effet, à sa base, il y avait une plante aromatique. En l'occurrence, c'était du romarin.

La composition réalisée par le jardinier comportait un double enseignement. D'abord, l'aspect esthétique : la plante aromatique permettait de garnir le bas en chlorophylle. Ensuite, il y avait la question éthique : était exhibée une symbiose, qui renvoyait à la solidarité au sein d'un groupe d'humains. La leçon avait une résonance toute particulière pour nous : avec l'épreuve actuelle, le destin du Zeph dépendait plus que jamais de la complémentarité entre le Capitaine et le mousse.

Le binôme olivier-romarin nous tenait compagnie à droite. Sur notre gauche, nous avions un autre binôme :

 

La saison de l'équilibre

 

Le haut était réservé à un arbre fruitier. Le bas était occupé par la menthe.

Ainsi, le jardin suspendu qui surplombait la Rue d'Achille nous rappelait que l'équilibre s'obtenait par un partage des ressources.

Le petit déjeuner, qui était toujours très copieux, nous nourrissait jusque vers la fin de l'après-midi. Pour le soir, nous veillions toujours à avoir un plat chaud. Par bonheur, nous avions un traiteur à portée de main, jour et nuit. Voici son enseigne :

 

La saison de l'équilibre

 

L'inscription était en anglais, et non en grec, parce qu'elle s'adressait à une clientèle internationale.

Avec la lumière blanche du néon, étaient tracées les lettres : BREAD FACTORY.

Littéralement : FABRIQUE DE PAIN.

L'établissement vendait du pain, mais aussi tout ce que le pain accompagnait. Parmi ces mets appétissants, il y avait les calamars frits et les poivrons farcis.

À gauche de la photo, le Crystal City Hotel a préféré mettre son nom en bleu.

En venant du centre historique, on passait d'abord devant le traiteur avant d'aller à l'hôtel. Cette disposition nous convenait parfaitement.

Grâce au traiteur, qui pratiquait des prix très modiques, nous avons eu une alimentation variée, ce qui était très bénéfique pour l'état général de l'organisme.

Voici le rayon dédié au pain :

 

La saison de l'équilibre

 

Il y avait de la qualité, du choix et de la générosité. Car c'était de là que venaient les tranches de pain qui étaient ajoutées aux calamars frits et aux poivrons farcis, sans aucune majoration de prix.

L'environnement dont nous avons profité en choisissant le Crystal City Hotel était très propice à la reconquête de l'équilibre, au sens propre comme au sens figuré.

Voici une peinture qui ornait l'escalier menant au Grand Salon de l'hôtel :

 

La saison de l'équilibre

 

Le peintre s'est inspiré de la Vénus (les Grecs disent « l'Aphrodite »), trouvée à Milo et conservée au Louvre.

Mais il a apporté sa touche personnelle, à travers le traitement chromatique, qui fait référence à la technique chryséléphantine. Ce procédé utilise l'or et l'ivoire. L'ivoire, pour représenter la chair, c'est-à-dire ce qui est propre à la condition humaine. Quant à l'or, il évoque l'éternité, c'est-à-dire ce qui relève du divin.

La statue d'Athéna dans le Parthénon était chryséléphantine.

La statue de Zeus à Olympie, aussi.

L'Aphrodite qui descendait l'escalier du Crystal City Hotel était aussi dans la tonalité chryséléphantine.

La séduction n'était nullement entravée par l'absence des deux bras.

Belle exhortation à relativiser certains dommages corporels causés par l'accident et à trouver la compensation ailleurs.

Les nombreux indices trouvés sur le lieu destiné à fournir du repos juste après l'acte chirurgical témoignaient que le choix de ce lieu n'était pas simplement un hasard.

Voici une sculpture qui ornait le hall d'entrée du Crystal City Hotel :

 

La saison de l'équilibre

 

Sur la photo, elle se trouve à gauche. Il s'agit de la tête d'un cheval. Qu'a-t-elle de particulier, cette tête ? Cette tête s'inspire d'un original, qui avait sa place sur le fronton Est du Parthénon. Voici l'original, dans la position initiale :

 

La saison de l'équilibre

 

Cette tête représente le char de la Lune, qui descend sous l'horizon, car la nuit est sur le point de s'achever.

Le Crystal City Hotel nous donnait à voir la fin d'une nuit symbolique. Quel précieux encouragement ! Effectivement, à ce moment-là, nous ignorions combien de temps allait durer l'épreuve du bras cassé. L'incertitude mettait à mal notre équilibre psychique. Par bonheur, la vision de l'attelage de la Lune nous annonçait que la nuit éprouvante finirait bientôt.

Sur le plan pratique, la tête argentée tenait compagnie à deux fontaines de rafraîchissement. L'une était parfumée avec des citrons. L'autre, avec des oranges.

Quelle intelligence !

Le délassement favorise le retour à l'équilibre du soma. C'est un facilitateur non négligeable de la guérison.

Dans ce contexte, le Zeph, qui est si affligé par la perte de l'équilibre du Capitaine, doit-il reprendre confiance ?

Une réponse était fournie par l'immense fresque peinte à proximité du Crystal City Hotel. Voici cette fresque :

 

La saison de l'équilibre

 

Le personnage a un visage féminin. Son dos porte une nageoire, qui présente un bord fortement dentelé et des épines très saillantes. D'autres nageoires sont visibles sur le devant. Au niveau des épaules, apparaissent des écailles.

Il s'agit d'une sirène, qui est extrêmement coquette.

Ses cheveux sont parés d'une énorme rose, et même d'un diadème.

Serait-ce une reine ?

Le diadème a la forme d'une frise grecque qui fait déferler une série de vagues.

Et que trouve-t-on au-dessus de cette série de vagues ? Un voilier, bien en équilibre.

Plus exactement, toute la coque ne touche pas les vagues. On aurait même l'impression que le voilier décolle au-dessus de celles-ci.

On ne met pas au-dessus d'un diadème la représentation d'un échec, mais celle d'une victoire.

Ce message, le Zeph le garde bien précieusement dans son cœur.

Il préservera son équilibre.

Il prendra soin aussi de l'équilibre du Capitaine et du mousse.

 

Tag(s) : #Bread Factory, #Crystal City Hotel, #équilibre, #Icare, #κόρη 674, #Μεταξουργείο, #Οδός Αχιλλέως
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