Le soir de notre débarquement sur la rive occidentale de l’Adriatique, nous avons dormi dans le Golfe de Naples. Cette halte, empreinte de nostalgie, a ravivé le souvenir du premier Noël que le Zeph avait passé en dehors de l’Hexagone.
Nous voici de retour à Positano, sur la côte amalfitaine :
Dans le crépuscule, la splendeur du bougainvillier était une invitation pressante à jouir de l’instant présent.
Après la Campanie, c’était la Toscane qui nous ouvrait ses bras. Nous étions hébergés par un jeune fermier aux talents multiples. Massimiliano était son nom. Il donnait libre cours à son imagination créatrice en métamorphosant l’outil agricole. L’une de ses créations utilisait les roues dentées d’une herse.
Dressées devant l’aire de détente, elles devenaient des tournesols, éclos en toutes saisons.
Floraison intemporelle, élan vital indestructible.
Le nom de la ferme qui nous logeait était « Al Girasole » (en français : Au tournesol ».
Après la Toscane, c’était le tour de la Ligurie de nous offrir l’hospitalité. Nous étions reçus avec beaucoup de sollicitude. L’hôte soignait le moindre détail pour rendre notre séjour agréable et plaisant. En plus du confort, il y avait la touche d’humour.
En effet, deux clowns veillaient à ce que nous ne manquions de rien.
Voici l’un d’eux :
À la place de l’œil gauche, s’épanouissait une marguerite.
C’était l’œil qui ne ratait aucune floraison, qui détectait le moindre élan positif et la moindre manifestation de gaîté.
Comment était l’autre clown ? Voici le second clown :
Lui aussi, avait une vision qui combinait deux récepteurs : un récepteur qui restituait fidèlement la réalité, et un autre récepteur qui appliquait le filtre de l’optimisme.
La ronde des fleurs nous incitait à voir et à retenir le bon côté de chaque chose.
Commencée pendant la remontée de l’Italie, la ronde des fleurs a battu son plein après la traversée de la frontière avec l’Hexagone.
Situé aux avant-postes, l’Hypérion nous a reçus dans son fastueux QG.
L’accès se faisait par l’Ouest. Voici le bougainvillier qui ornait cet accès :
Le bougainvillier avait salué notre entrée en Italie. Il saluait à présent notre retour dans l’Hexagone.
Avez-vous remarqué qu’il avait la larme à l’œil ?
C’était l’émotion des retrouvailles entre l’Hypérion et le Zeph.
Le premier repas que nous avons savouré à notre retour dans l’Hexagone état offert par l’Hypérion, avec l’élégance à la française, au milieu d’un environnement merveilleusement fleuri.
Le décor printanier stimulait l’appétit et rendait la convivialité extrêmement agréable.
La première nuit passée sous le dais français était bercée par le charme des formes fleuries que l’Hypérion avait fait éclore pour le plaisir de nos sens.
La grâce des pièces florales et la douceur de leurs teintes procuraient une contemplation apaisante, qui n’a pas tardé à se transformer en un exquis voyage en compagnie de Morphée.
Le premier réveil sur le sol français était baigné par la splendide lumière qui se répandait sur la façade Est du QG de l’Hypérion. Voici cette façade Est :
Le bougainvillier aux teintes fuchsia y déployait sa joie et son bonheur.
Tout comme lui, nous étions joyeux et heureux, grâce à l’amitié de l’Hypérion.
Avec délices, nous avons regardé la ronde des fleurs faire écho à la ronde des heures.
Au fur et à mesure que le soleil s’approchait de son zénith, la façade Sud était de plus en plus éclairée. Voici cette façade Sud :
Elle était décorée par un bougainvillier rouge foncé.
L’intensité de la couleur allait de pair avec l’intensité de la chaleur.
Au QG de l’Hypérion, le bougainvillier n’était pas la seule fleur du Sud. D’autres fleurs partageaient le privilège de contribuer à l’ornementation du Sud.
Regardez cette fleur :
Ne viendrait-elle pas du Sud ?
Oh que si ! Elle venait de la rive Sud de la Méditerranée.
La fleur, qui faisait penser au sable du Sahara et aux palmiers des oasis, n’avait pas qu’un rôle esthétique. En effet, elle avait un lien intime avec l’éthique. Car elle évoquait l’engagement humanitaire du capitaine et de l’équipage de l’Hypérion, qui jadis avaient servi sur la rive Sud de la Méditerranée, en tant que disciples d’Hippocrate.
La fleur de la rive Sud apparaissait dans un espace à deux dimensions grâce à l’art pictural. Mais l’Hypérion possédait aussi une représentation en trois dimensions. Voici cette représentation en 3D :
Contrairement à la précédente, cette fleur n’était pas une création de l’homme, mais de la Nature.
La magnifique rose des sables ornait le seuil de la porte principale, qui se trouvait au Sud.
La ronde des fleurs qui se déployait au QG de l’Hypérion nous a réservé une autre surprise. Voici cette surprise :
Cette fois-ci, le Sud qui était concerné était la Mer de Chine.
La photo montre deux espèces florales.
Dans la partie inférieure du col, une composition fait apparaître deux fleurs collées l’une à l’autre, à la manière de deux jumelles. Chaque fleur a cinq pétales. Les pétales de droite sont bleus tandis que ceux de gauche sont blancs.
Le rapprochement du pair et de l’impair symbolise la réussite d’une alliance politique et militaire. En effet, au registre supérieur, l’artiste a illustré un épisode de la guerre des seigneurs. On y voit l’un d’eux siégeant sous une tente dont le sommet a l’allure d’une coiffe de guerrier.
Devant la tente du chef, un cerisier proéminent exhibe son profil fleuri. La floraison préfigure la prospérité qu’apportera la victoire sur le champ de bataille.
Cette éclosion des fleurs en Mer de Chine était un clin d’œil à l’autre engagement humanitaire qui avait eu lieu en Extrême-Orient.
Au QG de l’Hypérion, la ronde des fleurs prenait son envol au Sud pour célébrer la culture de l’altruisme.
Chez des marins passionnés que sont le pilote et le copilote de l’Hypérion, il est inévitable que la ronde des fleurs flirte avec la valse des vents.
Le flirt se fait dans la langue paternelle du pilote de l’Hypérion :
La fleur qui s’épanouit pour dévoiler l’humeur du vent porte un message relatif à la prochaine saison de navigation : le Dodécanèse, souvent épargné par le souffle boréal que les Grecs nomment μελτέμι – ΜΕΛΤΕΜΙ (transcription : meltemi), est d’ores et déjà prêt à accueillir dans son giron charmeur le Zeph aux côtés de l’Hypérion.
Le voyage entrepris en mer se poursuit sur la terre ferme grâce à la ronde des fleurs.
Pour nous, c’est une immense chance.
Cette chance incroyable nous a accompagnés quand nous étions dans la Riviera cannoise et nous accompagne encore en ce moment, au milieu des massifs alpins.
Voici la boisson qui nous a souhaité la bienvenue dans le Dévoluy :
Nous sommes dans le QG du Hanabi.
Le thé de l’amitié est servi avec des fleurs qui débordent du bol.
Une nouvelle ronde des fleurs démarre, sans limite ni dans l’espace, ni dans le temps.