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La fidélité dont il est question ici est la fidélité en amitié.

En l’occurrence, l’ami fidèle est le Roch’hir.

Le voici dans le Golfe d’Eubée, devant Xαλκούτσι – ΧΑΛΚΟΥΤΣΙ (transcription : Khalkoutsi), qui se trouvait sur la rive occidentale.

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Roch’hir s’est présenté devant Xαλκούτσι – ΧΑΛΚΟΥΤΣΙ parce que la clinique spécialisée où le Zeph avait sa chirurgie était à Xαλκούτσι – ΧΑΛΚΟΥΤΣΙ.

Depuis le début de l’accident, le Roch’hir n’a jamais cessé de témoigner son soutien au Zeph dans les domaines matériel, juridique, psychique et affectif.

La précocité et la constance de ce soutien exprimaient avec éloquence la fidélité de l’amitié qu’éprouvait le Roch’hir à l’égard du Zeph.

Cette fidélité du Roch’hir portait tout naturellement l’empreinte de son auteur.

En effet, le Roch’hir avait l’intelligence de préférer les messages écrits aux appels téléphoniques. Certes, l’écrit demandait un plus grand investissement en temps, mais il permettait une réflexion plus en profondeur, une pensée plus rigoureuse et une expression plus élégante.

Le Roch’hir voulait offrir au Zeph de la qualité, même en matière de communication.

Voici le Capitaine du Roch’hir, qui était aussi son barreur, son porte-parole et son scribe :

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’homme excellait autant dans la concision que dans le développement discursif.

Mais le Roch’hir savait que Shakespeare avait déclaré :

« Words are easy, like the wind

Faithful friends are hard to find. »

(The Passionate Pilgrim, poem XXI)

 

En français :

Les mots sont faciles, comme le vent ;

Les amis fidèles sont difficiles à trouver

(Le pèlerin Passionné, poème XXI)

 

C’est pourquoi le Roch’hir a fait plus qu’offrir des mots : il a donné de son temps et de sa personne en venant voir le Zeph, physiquement.

Le Roch’hir ne s’est pas contenté de paroles lointaines ou de vœux superficiels. Il n’a pas hésité à programmer son itinéraire pour venir à la rencontre du Zeph.

Le Roch’hir voulait voir de ses propres yeux dans quel état était le Zeph.

Le Roch’hir n’a pas considéré que la route qui le menait vers le Zeph était « un détour » non indispensable et de surcroît, coûteux.

La fidélité en amitié, qui prescrivait cette route des retrouvailles, sa mise en œuvre effective et son accomplissement intégral, n’accordait aucun droit de cité à l’avarice, virtuelle ou factuelle.

La fidélité atteste la qualité du lien amical.

Cependant, la qualité est indissociable du coût en temps, qui freine plus d’un.

Mais la générosité du Roch’hir envers le Zeph était si grande qu’elle épongeait tous les coûts en temps.

Cela ne veut pas dire que ces coûts n’existaient pas. Au contraire, ils étaient bien réels, parfois pesants. Mais ils n’effrayaient nullement le Roch’hir, qui les affrontait avec tant de courage et de noblesse d’âme.

L’élégance du Roch’hir était dans le fait qu’il ne faisait appel à aucun subterfuge, à aucune rhétorique, à aucune pirouette pour s’acquitter de ses obligations morales en tant qu’ami fidèle.

Cette sincérité, cette authenticité, cette pureté du Roch’hir émouvaient grandement le Zeph.

À sa manière, le Zeph a accueilli le Roch’hir avec l’un des symboles de la pureté, offert par le savoir-faire de la cristallerie française. Voici la table qui attendait l’arrivée du Roch’hir à la clinique de Xαλκούτσι – ΧΑΛΚΟΥΤΣΙ :

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans les deux flûtes à gauche, on voit les bateaux qui attendaient d’aller dans l’eau. À travers celles qui se trouvaient à droite, apparaissaient les mâts du catamaran Tanoa Piti qui nous offrait son ombre. La montagne bleutée qui était à l’arrière-plan appartenait à l’île d’Eubée.

Le cadre n’avait rien de versaillais. Mais le Roch’hir n’avait que faire des réceptions à la versaillaise. Ce que le Roch’hir recherchait, c’était la sincérité et la fidélité d’une amitié. Sur ce point, le Zeph approuvait parfaitement la position du Roch’hir.

Le Roch’hir était tout à fait conscient que le Zeph était esquinté, charcuté, diminué corporellement. Mais le Roch’hir a pris la peine de venir voir son ami, même si celui a perdu la splendeur originelle. La beauté du geste amical du Roch’hir venait du fait que celui-ci n’était pas tenaillé par un désir impétueux et effréné de consommation. Le Roch’hir ne venait pas voir le Zeph pour consommer ce qui flatterait le tube digestif ou une image nombriliste de soi, mais pour témoigner son affection. « On est venu pour rester avec vous », a dit la muse du Roch’hir. Voici le cadre où cette parole si douce et si émouvante a été prononcée :

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Rester avec vous » !

Ah, quelle merveilleuse parole, où tous les mots – ils sont au nombre de trois : un pronom, un adverbe et un verbe – étaient importants !

« Rester », c’est-à-dire ne plus bouger. Quel choix courageux et touchant, surtout quand on sait que la plupart des bateaux, pour ne pas dire tous, ont la bougeotte ! Le Roch’hir, lui, se démarquait, en l’occurrence, en prenant la décision de s’immobiliser. Parce qu’il n’était pas intéressé par les milles nautiques qui auraient défilé sur les cadrans de la technologie, mais par la proximité spatiale avec le Zeph, proximité spatiale qui renforcerait encore la proximité affective.

L’adverbe « avec » faisait état de cette proximité.

Mais dans la bouche de la muse du Roch’hir, le sens de cet adverbe était encore plus fort, car ce qui était évoqué, c’était le caractère fusionnel de l’amitié entre le Roch’hir et le Zeph.

Le troisième mot, qui était le pronom personnel « vous », nommait le mobile de tout ce dévouement témoigné par le Roch’hir. « Vous », c’est-à-dire le Capitaine du Zeph et le mousse. « Vous », c’est-à-dire des humains et non des paysages qui demeuraient impersonnels, même s’ils pouvaient être très beaux. « Vous », c’est-à-dire des êtres épris d’authenticité et non pas des silhouettes remplies de vacuité ou de frustration.

Un penseur cistercien, Ælred de Rievaulx, a déclaré :

« No medicine is more valuable, none more efficacious, none better suited to the cure of our temporal ills than a friend to whom we may turn for consolation in time of trouble, and with whom we may share happiness in time of joy. »

En français :

Aucun médicament n'est plus précieux, aucun n'est plus efficace, aucun n'est plus adapté à la guérison de nos maux temporels qu'un ami vers qui nous pouvons nous tourner pour nous consoler en temps de trouble, et avec qui nous pouvons partager le bonheur en temps de joie.

« Le temps de trouble » a commencé avec le heurt du rocher de l’ensorcellement. Mû par sa fidélité, le Roch’hir a tout de suite consolé le Zeph.

Ce jour où le Capitaine du Roch’hir et sa muse ont débarqué à Xαλκούτσι – ΧΑΛΚΟΥΤΣΙ voyait arriver « le temps de joie ».

Le Zeph appréciait énormément la joie apportée par une présence en chair et en os.

Le champagne rosé a grandement contribué à rendre cette joie encore plus pétillante.

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La qualité de la boisson réclamait un aliment solide hors du commun.

Des rouleaux de printemps confectionnés le matin même réalisaient parfaitement l’accord mets-vin.

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

Point d’additif. Point de conservateur. Point de glutamate.

L’huile était neuve, absolument neuve, pour combattre le cholestérol.

La qualité diététique faisait que la nourriture préparée par le Zeph se situait littéralement « hors » de ce qui était « commun ».

Pour accompagner le croustillant de la galette de riz, le Zeph avait recours à une texture qui était à la fois similaire et différente : il s’agissait du croquant de la laitue achetée le matin même au marché fermier de Σκάλα Ωρωπού – ΣΚΑΛΑ ΩΡΩΠΟΥ (transcription : Skala Ôrôpou).

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La similitude était dans le fait que dans les deux cas, l’aliment craquait sous la dent. La différence, elle, était dans la température : le rouleau de printemps était chaud tandis que la feuille de laitue qui l’enveloppait était crue.

Le Zeph a fait le service dans un décor de bohème, qui n’aurait pas déplu à Balzac :

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le capitaine du Roch’hir a jeté son dévolu sur un tronc de bois, qui lui servait de siège. Comme table d’appoint, il avait une sorte d’enclume.

L’imagination fertile du Roch’hir rendait l’aménagement attractif.

En définitive, la singularité du décor allait très bien avec le goût exceptionnel qui flattait les papilles :

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour clore les agapes de la fidélité, le Zeph a servi un gâteau préparé le matin même, selon une recette ramenée de Corte, la capitale historique et culturelle de l’Île de Beauté.

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Espiègle, le Zeph a rajouté la chantilly pour faire chavirer le Roch’hir.

John Quincy Adams, le sixième président des États-Unis, a déclaré :

« I want a warm and faithful friend,

To cheer the adverse hour »

 

En français :

Je veux un ami chaleureux et fidèle,

Pour égayer l'heure adverse

 

En ce samedi 15 juillet 2023, la fidélité du Roch’hir a magnifiquement « égayé l’heure adverse » où se trouvait le Zeph depuis l’affreux accident.

Regardez maintenant comment la fidélité a chorégraphié les pas de l’amitié à l’heure de l’au revoir :

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chorégraphie s’inspirait plus de Roland Petit que de Rudolf Noureev. Mais qu’importe, cette fidélité dansante produisait un immense bonheur et aux protagonistes et au spectateur privilégié qu’était le mousse. Celui-ci s’est félicité que le Zeph, malgré son très lourd handicap, se soit montré digne de l’affection témoignée par un ami fidèle.

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

Désormais dégagé de ses responsabilités devant les fourneaux, le mousse a pu accompagner le Capitaine du Roch’hir et sa muse jusqu’à leur entrée dans l’eau.

Pour entrer dans l’eau, il fallait d’abord soulever l’annexe et la porter jusque dans les vagues.

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La formalité semblait banale, mais l’effort physique, déployé par le Roch’ir, avait une très grande valeur symbolique.

Déjà à l’arrivée, il y a eu un effort équivalent, pour accoster.

Autrement dit, pour venir voir le Zeph de visu, le Roch’hir s’est beaucoup investi sur le plan physique. À aucun moment, le coût non négligeable de cet investissement n’a déclenché une sonorité désagréable. Au contraire, la joie, sincère et pure, animait le moindre geste.

Tous les efforts physiques ont été consentis malgré la chaleur extrême du temps estival. Le mérite du Roch’hir n’en était que plus grand.

Le dernier contact physique entre le Roch’hir et le Zeph a eu lieu dans l’impulsion que le Capitaine du Zeph a donnée à l’annexe en repoussant celle-ci vers le large.

 

La réparation par la fidélité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La fidélité en amitié se nourrit de synergie.

L’historienne Mercy Otis Warren, surnommée « la conscience de la révolution américaine », a utilisé l’expression « The balm of life, a kind and faithful friend ».

En français : Le baume de la vie, un ami gentil et fidèle

La fidélité en amitié est une chose exquise qui guérit.

Voici les visages resplendissants du Roch’hir et du Zeph, réunis par la fidélité qui caractérisait leur amitié :

 

La réparation par la fidélité

Tag(s) : #2023 La GRECE en CHANTIER
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