Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le Golfe d’Eubée a rendu inséparables le Roch’hir et le Zeph.

Après les retrouvailles à la clinique de Χαλκούτσι – ΧΑΛΚΟΥΤΣΙ (transcription : Khalkoutsi) et le doux câlin au large de Σκαλα Ωρωπού – ΣΚΑΛΑ ΩΡΩΠΟΥ (transcription : Skala Ôrôpou), nous avons rejoint le Roch’hir à Χαλκίδα – ΧΑΛΚΙΔΑ (transcription : Khalkida), qui se trouvait à 36 km au Nord-Ouest de la clinique.

L’attachement qu’avait le Roch’hir pour le Zeph était une certitude qui compensait de façon admirable les incertitudes du calendrier du bloc opératoire.

Le Roch’hir a consacré du temps, beaucoup de temps au Zeph. En retour, le Zeph donnait lui aussi du temps au Roch’hir. La chose était naturelle, simple, aisée.

Voici le Roch’hir à Χαλκίδα – ΧΑΛΚΙΔΑ :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’axe du Roch’hir était dans le sens Est – Ouest, en allant de la poupe à la proue.

Autrement dit, le Roch’hir, tel qu’il apparaissait sur cette photo, tournait le dos à l’île d’Eubée et regardait en direction du continent attique, c’est-à-dire en direction d’Athènes.

Jusque là, rien de singulier.

Sauf que la quasi totalité des bâtiments administratifs de la cité portuaire se trouvait parmi les édifices qui apparaissaient à l’horizon, c’est-à-dire loin derrière le Roch’hir. Très loin même.

Chaque fois que le Zeph s’était arrêté à Χαλκίδα – ΧΑΛΚΙΔΑ, il avait choisi d’être amarré au pied de ces édifices en territoire d’Eubée.

Le Roch’hir, lui, a préféré s’en éloigner, et pas de peu !

Le contexte spatial révélait deux choses.

La première concernait le tempérament du Roch’hir : celui-ci était toujours mû par un puissant désir de liberté.

La deuxième chose révélée par la configuration spatiale concernait le lien entre le Roch’hir et le Zeph : en dépit du caractère fusionnel de ce lien, chaque nef conservait, jalousement, son identité.

C’était sur la rive attique que le capitaine du Roch’hir et sa muse étaient venus nous accueillir. Notre embarquement avait lieu devant le local d’une association de pêcheurs, tout près de la gare qui était le terminus du train en provenance d’Athènes.

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La glacière verte, qui quittait la terre ferme pour rejoindre la mer, contenait le breuvage de l’inséparabilité.

Voici le sillage de l’annexe du Roch’hir :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À l’arrière-plan, tout à fait à gauche, on reconnaît les barques de pêche devant le local associatif. Vers la droite, c’est le premier pont, qui traverse le détroit à l’endroit le plus resserré.

Ce soir-là, le Roch’hir traverserait ce pont pour être de l’autre côté, c’est-à-dire dans le bassin septentrional du Golfe d’Eubée.

Mais pour l’heure, nous savourons l’azur qui accourt derrière nous. Jamais nous n’avons eu l’occasion de nous retrouver dans cette partie du bassin méridional, et si loin des édifices de l’administration portuaire.

Cette expérience nouvelle nous tonifie.

L’inséparabilité est loin de générer de la routine. Au contraire, la sollicitude mutuelle multiplie les surprises agréables.

Après ce joyeux prélude, nous avons accédé à l’un des balcons les plus généreux, posés directement sur la mer :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En changeant d’étage, nous passions à un niveau plus festif.

La glacière bleue suivait la même ascension pleine de promesses.

Sur le balcon ombragé, le Roch’hir était aux petits soins pour le Zeph.

Des crevettes au gingembre nous y attendaient :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les carapaces n’avaient pas été enlevées pendant la cuisson pour garder le maximun de corail. Mais en fin de cuisson, elles devenaient gênantes. Alors le capitaine du Roch’hir a fait preuve d’un immense dévouement. Une à une, il a lui-même décortiqué toutes les crevettes :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Admiratifs, nous avons regardé l’artiste œuvrer. Il ne voulait pas que chacun s’occupe de sa portion. Il voulait assumer seul sa tâche d’orfèvre.

La contribution du Zeph était plus frugale :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il s’agissait des vitamines qu’il avait trouvées au marché fermier de Σκαλα Ωρωπού.

Ce choix de la simplicité a beaucoup plu au Roch’hir, qui y voyait un hommage à l’authenticité.

Le Roch’hir et le Zeph se régalaient avec la simplicité, mais ils chérissaient aussi l’excellence.

Or, l’excellence française est de renommée internationale en matière de vin et la Bourgogne y apporte une grande contribution.

C’est pourquoi un Chablis Grand Cru ‘Bougros’ était prévu pour arroser ces agapes de l’inséparabilité. C'était lui qui était transporté dans la glacière bleue.

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le millésime 2011, issu des fûts de la maison Brocard, était à l’honneur.

Il enchantait nos palais et ravissait nos âmes.

Les phrases qui sortaient de notre bouche devenaient plus mélodieuses. Nos rires acquéraient plus de tonicité. Nos yeux brillaient davantage, grâce à l’effervescence de l’amitié.

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’aliment qui procure réellement une satisfaction profonde et durable est celui qui est destiné à l’esprit. Et en ce qui nous concerne, c’est lui qui a rendu le Roch’hir et le Zeph inséparables.

Rien n’était routinier avec le Roch’hir. Car l’éveil au monde et à la vie ne défaillait jamais.

Matériellement, cette ouverture d’esprit et cette saine curiosité se voyaient dans l’aménagement de multiples fenêtres, dont le décor témoignait d’une imagination créatrice absolument fertile.

Voici l’une ce ces fenêtres, remarquable de simplicité, mais si éloquente quant au désir de s’intéresser à autre chose qu’à sa petite personne :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La perspective se tournait vers l’Ouest. Derrière les montagnes, c’était Athènes. En l’occurrence, c’était l’île d’Eubée qui regardait le continent attique.

Les franges qui flottaient dans la brise rappelaient que le Roch’hir a toujours opté pour la couleur locale. Cette rusticité donnait à la sincérité du regard une heureuse poésie.

Certes, il ne s’agissait que d’une installation de fortune. Deux tissus parés de fines rayures bleues étaient reliés par des pinces à linge. Et le vent qui s’est engouffré dans l’intervalle entre deux pinces en a formé un œil, certes dressé à la verticale, mais tout de même très reconnaissable grâce aux extrémités effilées qui correspondaient aux coins de l’œil habituel.

La teinte fuchsia des pinces à linge était bien assortie avec la teinte indigo du bleu sur les étoffes. C’était la fée du logis qui a choisi ces pinces et qui les a installées là.

Si le geste paraissait anodin, il n’en était pas moins apparenté à une création artistique.

Le mousse du Zeph a complimenté la muse du Roch’hir pour la manière d’utiliser ces pinces joliment colorées. Et la muse du Roch’hir a répondu avec tact au mousse du Zeph : « Pas de navigation sans pinces ! »

À première vue, la réponse semblait hors-sujet. Le mousse avait parlé de l’élégance, qui était une manifestation du sens artistique. La muse, elle, n’était pas restée dans le domaine de l’art et a évoqué l’aspect utilitaire par rapport à la navigation. C’était la pudeur qui était à l’origine de ce glissement d’un champ thématique à l’autre.

Oui, le Roch’hir était pudique. Il n’aimait pas se mettre en avant.

C’était cette délicatesse qui le rendait attachant et désirable.

Avec le Roch’hir, l’ouverture à l’altérité était matériellement visible, mais aussi audible. Car le capitaine du Roch’hir nous demandait de l’aider à identifier des arbres qui poussaient sur le rivage que nous fréquentions. Après consultation d’un site internet, nous nous sommes mis d’accord qu’il s’agissait d’une sorte de peuplier. Soit ! Mais quel rapport y aurait-il entre la famille des peupliers et la baignade ? Entre les espèces végétales et la nourriture des tavernes ? Aucun ! Là était le puissant attrait du Roch’hir : il était capable de s’intéresser, en toute sincérité et sans esprit pédant, à autre chose qu’au bain ou à la bouffe !

L’altérité, c’est ce qui est autre. Autre que soi. Autre que sa petite personne. Autre que son nombril.

Le Roch’hir n’était nullement nombriliste. Parce qu’il n’était nullement nombriliste, il encourageait le Zeph à ne pas se focaliser sur l’accident avec le rocher de l’ensorcellement et à se reconstruire en s’intéressant à ce qui était autre, à l’altérité.

Le Roch’hir et le Zeph étaient inséparables dans le Golfe d’Eubée parce que la philosophie du Roch’hir était une thérapie pour le Zeph.

Jadis, dans les collèges français, le programme d’enseignement comportait une matière qui s’appelait « Leçon de choses ». La modernisation du langage a substitué à cette appellation celle de « Biologie-Géologie ».

Avec le Roch’hir, la « leçon de choses » arrivait tout naturellement, sans contrainte et sans artifice, mais aussi sans déception et sans échec.

L’intérêt que le Roch’hir portait au cosmos était encyclopédique.

Si toutes les « choses » minérales ou organiques stimulaient sa curiosité, une entité non chosifiable mobilisait toute son attention. Cette entité non chosifiable, c’est l’humain.

L’intérêt que le Roch’hir cultivait envers les êtres humains qui le côtoyaient était extrêmement émouvant. Il y avait dans l’intérêt porté à l’autre une pureté incroyable, une empathie profonde, un raffinement fascinant.

Devant la lumière soyeuse que le soleil couchant répandait sur le Golfe d’Eubée, le capitaine du Roch’hir a demandé au mousse du Zeph si celui-ci parvenait à capter, avec les instruments d’optique du XXIè siècle, la douceur de cette soie empourprée.

Le véritable sujet de préoccupation du Roch’hir n’était pas la performance technologique, mais la mémoire. En effet, il s’agissait de garder en mémoire une extase visuelle, qui était d’autant plus précieuse qu’elle était vécue simultanément par le Roch’hir et par le Zeph. La question posée par le capitaine du Roch’hir montrait en fait son désir de pérennité pour le souvenir d’un instant de communion fraternelle.

L’élégance était dans le fait que le Roch’hir était passé par le truchement de l’art pour exprimer son affection à l’égard du Zeph.

Une photo illustre la richesse intérieure du Roch’hir. Voici cette photo :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’était l’avant du Roch’hir, vu à partir du cockpit.

Sur la droite de la photo, la mer qui était en bas, se voyait également en haut.

Il en est de même des fenêtres, physiques ou mentales, ouvertes par le Roch’hir. Chacune d’elles livre plusieurs perspectives et débouche sur plusieurs niveaux de signification.

Maintenant, intéressons-nous à ce qui se trouve à droite sur la photo. La bôme, dont le profil habituel est rectiligne, s’incurve ici en tournant sa concavité vers le haut. Certes, c’est une illusion d’optique. Mais c’est aussi une illustration de la souplesse d’esprit du Roch’hir, souplesse qui apporte une très, très grande liberté.

La compagnie du Roch’hir noius enrichissait.

Cette édification nous affranchissait du défaitisme et des idées négatives.

L’évasion vers les zones éthérées de la confiance apportait une suave détente à l’organisme.

Tout naturellement , nous nous laissions aller à ce doux repos :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Roch’hir était très fier et très heureux de nous offrir les délices de l’abandon total.

Le fait de se sentir accompagné, compris et choyé faisait oublier le temps qui passait.

Le Roch’hir et le Zeph étaient inséparables dans les plaisirs de la table. Ils le restaient encore quand il s’agissait d’aller à la rencontre des produits de la terre nourricière.

Le Roch’hir et le Zeph se plaisaient à aller là où le petit peuple avait l’habitude de se servir en produits gorgés de saveurs et disponibles à des prix très modiques.

Bien sûr, le sens de l’économie rapprochait le Roch’hir et le Zeph. Mais l’enjeu n’était pas seulement financier, il était surtout hippocratique, car il s’agissait de nourrir sainement l’organisme en privilégiant ce qui était raisonnable.

Le lieu d’échanges nous accueillait avec des devises. Voici l’une d’elles :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le panneau vertical portait l’inscription :

Kάθε

δαγκωνιά

αξίζει !

 

85 % των

φρούτων

πρoέρχεται

από

Έλληνες

προμηθευτές.

 

Littéralement :

Chaque

coup de dent

vaut le coup !

 

85% des

fruits

proviennent

de

fournisseurs

grecs.

 

La phrase écrite en en-tête et en gros caractères se terminait par un point d’exclamation. C’était une exhortation. En effet, le substantif δαγκωνιά qui y figurait venait du verbe δαγκώνω, qui signifiait mordre. L’exhortation disait donc qu’il fallait profiter de l’occasion de mordre la vie à pleines dents « chaque » fois que se présenterait une telle occasion.

Le Roch’hir et le Zeph avaient fait leur cette devise avant de la voir en grec sur le panneau vertical qui montrait des pommes en arrière-plan.

Le verbe mordre dit l’intensité de l’action. Mais le mot le plus important de la phrase est le tout premier mot, c’est à dire l’adjectif κάθε (en français : chaque).

Nous sommes donc exhortés à ne rater aucune occasion, à tirer profit de toutes les opportunités.

Cela suppose une grande ouverture d’esprit et une grande curiosité.

Après les emplettes, nous avons dit au revoir au capitaine du Roch’hir et à sa muse.

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce soir-là, le pont s’ouvrirait pour eux à 22h.

Voici l’information donnée aux usagers terrestres du pont :

 

La réparation par l’inséparabilité

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’inscription en caractères numériques disait :

ΠΙΘΑΝΗ ΩΡΑ

ΑΝΟΙΓΜΑΤΟΣ

22:00 – 23:00

 

En français :

HEURE PROBABLE

D’OUVERTURE

22:00 – 23:00

 

Une fois de l’autre côté du pont, le Roch’hir s’en irait vers Λίμνη – ΛΙMΝΗ (transcription : Limni). Quant à nous, nous sommes revenus à la clinique de Χαλκούτσι – ΧΑΛΚΟΥΤΣΙ le même soir.

Le Roch’hir et le Zeph étaient inséparables dans le Golfe d’Eubée parce qu’ils poursuivaient le même objectif en adoptant les mêmes modalités.

Le but habituel du déplacement en mer est le plaisir. C’est un but de consommation.

Tel n’était pas le cas du Roch’hir et du Zeph. Leur but n’était pas la consommation, mais la production. Production du sens. Production de l’inoubliable.

Et comment s’y prenaient-ils pour réaliser ce qui donnait du sens et obtenir l’inoubliable ? Tout simplement en donnant du temps au temps !

Se donner mutuellement du temps pour être ensemble.

Être ensemble pour se faire du bien mutuellement.

Être ensemble pour savourer la synergie.

Être ensemble pour construire des lendemains encore plus magnifiques. Car le Roch’hir voudrait prolonger l’inséparabilité en mer par l’inséparabilité sur la terre ferme en confiant au couloir rhodanien la responsabilité de relier, géographiquement mais surtout affectivement, le Golfe de Saint-Tropez et la Capitale des Gaules, à l’automne prochain.

Tag(s) : #2023 La GRECE en CHANTIER
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :