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Dans tous les ports français, le plaisancier est prié de se rendre à la capitainerie pour s’enregistrer. À Imperia, où le Zeph est arrivé avant-hier, c’était la capitainerie qui s’est déplacée jusqu’au nouveau bateau pour effectuer les formalités.

Venir au devant de l’autre, à la rencontre de celui-ci pour lui proposer de l’aide, dès les premiers instants. Promptitude de l’hospitalité. Car il s’agissait de mettre le visiteur à l’aise, géographiquement, administrativement et psychologiquement.

D’où l’abondance de paroles et de gestes pour exprimer la bienveillance, obtenir le consensus et apporter la joie.

Pour la clarté des idées et le plaisir du dialogue, l’hôtesse qui est venue jusqu’à la proue du Zeph pour nous accueillir, s’est transformée en un véritable dictionnaire ambulant.

 

La promptitude de l'aide

 

Aide linguistique nullement superflue, qui apportait tout de suite de la bonne humeur au visiteur, puis, par ricochet, à la personne qui accueille.

La jeune femme, dynamique, affable et efficace, est venue avec une voiture toute mignonne, immatriculée Goimperia.

 

La promptitude de l'aide

 

Le mot associait un verbe anglo-saxon et le nom du lieu. « Go », pour « Avanti ! », mais en international. Autrement dit, à Imperia, l’on va toujours de l’avant !

Certes, les bureaux de la capitainerie se trouvaient à l’autre bout de la rade, à une demi-heure de marche de là où le Zeph était amarré. En France, bien des capitaineries ne se seraient pas gênées de dire au plaisancier dans un pareil contexte : « Faites le tour par là. On vous attend dans une demi-heure. Attention, on ferme dans trois-quarts d’heure ! ». Mais à Imperia, la promptitude de l’aide se manifestait dans celle d’un geste concret et physique pour souhaiter la bienvenue, et non pas dans celle d’une parole de désengagement au détriment du visiteur.

Le lendemain, le Zeph, remis de ses courbatures, avait très envie de goûter les délices du rivage ligure qui jouxtait la Riviera des Alpes-Maritimes.

Le capitaine a choisi de faire les découvertes en matière de produits maraîchers, non pas là où nous étions amarrés, à Porto Maurizio, mais à Oneglia, site jumeau du précédent et situé à deux kilomètres de celui-ci, en direction de l’Est.

Pourquoi Oneglia et non pas Porto Maurizio ? Parce qu’à Oneglia, il y avait aussi d’innombrables barques de pêche, et qu’à Porto Maurizio, il n’y avait que de la plaisance. Parce que le Zeph s’est toujours senti proche des gens de conditions modestes.

Promptitude donc de la passeggiata pour aller se ravitailler à l’Est, auprès de ceux que les démographes et les sociologues nommaient « le petit peuple ».

D’ordinaire, la passeggiata a lieu après les douze coups de midi. Nous, hier matin, on avait hâte de venir en aide à notre estomac, qui commençait à céder à la promptitude de l’appétit.

On passait de Porto Maurizio à Oneglia en franchissant un cours d’eau qui était le torrente Impero.

 

La promptitude de l'aide

 

Un coup d’œil vers l’intérieur des terres révélait la présence de cimes enneigées. L’air était frais, mais le cœur des enfants du pays était très chaleureux.

Juste après avoir traversé le torrente Impero, le capitaine et le mousse ont vu deux silhouettes féminines se déplacer en sens inverse, sur le même trottoir que nous. Elles portaient des sacs remplis de nourriture. De l’un d’eux, des fleurs de courgette émergeaient pour montrer leur ravissante coquetterie. Le capitainerie a fait part de notre projet de nous ravitailler en produits frais. On nous a indiqué qu’il y avait un marché en plein air, ce matin. Le capitaine a demandé la direction. Réponse en stéréo, après une réception en quadriphonie. Car nos interlocutrices étaient une jeune femme et sa mère. Toutes les deux manifestaient leur promptitude à nous venir en aide. Leurs paroles se chevauchaient, leurs gestes se croisaient, leurs bonheurs de rendre service se stimulaient mutuellement. Ce qui était beau, très beau dans ce concert à deux voix, c’était que tous les mots étaient bien articulés, qu’ils viennent d’une bouche ou de l’autre, pour que les visiteurs captent bien et comprennent bien. Efficacité de l’aide grâce à l’intelligence de la diction.

Spontanément, tout naturellement, la promptitude de la générosité émanant de l’une des deux interlocutrices entrait en compétition avec celle de l’autre. À tel point que la fille a dit à sa mère de cesser de provoquer la confusion. Et la figure maternelle, au lieu d’en prendre ombrage, a acquiescé tout en gardant le même épanouissement. Pour la mère, il y a eu abdication par rapport au temps de parole, mais pas par rapport au désir de venir en aide à deux âmes masculines en quête de fraîcheur, de pittoresque et d’authenticité. La même bonté illuminait de façon sublime les deux visages féminins.

« Sempre dritto ! Sempre diritto ! », disait celle qui avait désormais la primauté. Et la mère, dans son silence et son sourire infiniment éloquents, approuvait la déclaration commune.

« Toujours tout droit ! Toujours tout droit ! »

Aider en simplifiant le problème et en facilitant l’effort.

La promptitude de l’aide de ces deux silhouettes féminines qui venaient du marché d’Oneglia a permis au capitaine et au mousse d’arriver à temps pour profiter des beaux produits exposés dans les rues qui rayonnaient à partir de la Basilica di San Giovanni Battista.

 

La promptitude de l'aide

 

Est-ce à dire qu’en France, une telle promptitude de l’aide n’existe pas ? Une telle promptitude de l’aide existe en France, mais pas avec autant de musicalité, ni avec autant de joie.

La veille, sur les quais de Porto Maurizio, il y avait la promptitude de l’aide, émanant d’une culture du négoce international. Le lendemain de l’amarrage, à l’entrée d’Oneglia, il y avait la promptitude de l’aide, en faveur d’une « agri-culture » locale.

Le Zeph a quitté Imperia ce matin. La caution pour la clé donnant accès aux sanitaires s’élevait à dix euros. En la circonstance, qui avait besoin de quoi ? C’était le Zeph qui avait besoin de récupérer ses dix euros. Plus exactement, la véritable question était celle-ci : qui avait besoin de qui ? C’était le Zeph qui avait besoin de la capitainerie, et non l’inverse. Et pourtant, c’était la capitainerie qui s’est déplacée, pour que nous ne perdions pas nos dix euros.

Ce matin, le personnel de la capitainerie est venu par voie de mer, et non plus par la terre.

Deux hommes vêtus de noir ont approché le flanc droit du Zeph pour nous aider à conclure notre séjour de façon satisfaisante, même financièrement.

 

La promptitude de l'aide

 

En France aussi, la promptitude de l’aide n’était pas rare.

À ce sujet, notre gratitude va d’abord au secrétariat de Port Napoléon, qui nous a tiré d’affaire à maintes reprises, chaque fois que la crise était sur le point de devenir paroxystique.

 

La promptitude de l'aide

 

Avant de quitter définitivement le delta du Rhône, la Zeph a connu deux mésaventures qui ont très sérieusement ébranlé sa santé physique et mentale. La première épreuve venait des éléments. La deuxième était due à une erreur humaine.

Le jour de la mise à l’eau, une terrible bourrasque s’est abattue sur Port Napoléon. Il était urgent de trouver pour le Zeph un emplacement sécurisé. Le vent, diabolique, venait du nord. Il fallait donc lui opposer une résistance au nord de la position du Zeph. L’œil aux aguets, la peur au ventre, le capitaine a vu qu’au ponton E, la place E3, apparemment vacante, bénéficiait d’un précieux rempart septentrional.

 

La promptitude de l'aide

 

Le rempart septentrional de la place E3 était précieux parce qu’il était double.

Dans un premier temps, le bâtiment de l’entreprise de mécanique DS Marine tempérerait la rage du mistral. Puis en deuxième lieu, le corps de l’énorme vedette de 72 pieds, estampillée Papillon, freinerait l’ardeur du mistral fou.

 

La promptitude de l'aide

 

Tout le suite, la capitainerie nous a autorisé à occuper la place du bateau Id Horta, absent pour cause de carénage.

Deuxième ébranlement, même jour, en fin d’après-midi : le code pin du téléphone portable du capitaine s’est volatilisé ! Plus d’internet, plus de mises à jour de la météo. Le Zeph serait bien incapable de naviguer totalement à la façon des Phocéens ! Panique, désespoir, détresse à bord, à moins qu’un aller-retour entre Port Napoléon et Lyon ne rétablisse la communication des temps modernes.

 

La promptitude de l'aide

 

Là encore, le secrétariat de la capitainerie de Port Napoléon s’est montrée très prompte à nous venir en aide, grâce à son matériel performant et son savoir-faire avisé, bienveillant et efficace.

À Port Napoléon, de nombreux voisins du Zeph se sont emparés de la promptitude de l’aide pour témoigner de leur solidarité et de leur sollicitude.

Il y avait l’aide dans le cours habituel des choses, mais aussi l’aide en cas d’urgence ou de péril.

Vers la fin de la mue qui devait lui apporter plus de robustesse et de confort, le Zeph entreprenait un lifting en profondeur pour rendre pérenne la beauté de sa coque. Méticuleux, le capitaine utilisait du papier de verre, qu’il faisait agir à la main.

Immensité de la tâche, longueur des travaux, pénibilité accablante.

À tribord, quelques coques plus loin, Dolkar observait et s’émouvait. Alors Dolkar a envoyé Jérôme, qui était son capitaine, auprès de celui du Zeph. Le premier a tendu au second une ponceuse électrique, qui a beaucoup soulagé les douleurs de la colonne vertébrale et les crampes des doigts.

 

La promptitude de l'aide

 

La veille du test de l’étanchéité des passe-coques, le capitaine et le mousse ont invité Jérôme à bord du Zeph pour un apéro, qui devrait nous porter bonne chance, à tous les trois.

 

La promptitude de l'aide

 

Le Zeph était alors suspendu dans les sangles.

De tout notre cœur, nous souhaitons que dans dans très proche avenir, Dolkar sera aussi dans les sangles, pour que les rêves du navigateur Jérôme s’approprient à nouveau de leur réalité.

La promptitude de l’aide a été impressionnante au moment de la chute de l’escabeau. Parmi les bonnes volontés qui ont tout de suite secouru le capitaine, il y avait celui de Lobo de Mar, qui était comme poupe contre poupe avec le Zeph au moment de l’accident.

Depuis, chaque fois que les deux capitaines se voient, la promptitude des salutations est indéniable.

 

La promptitude de l'aide

 

Le Lobo de mar a pris la route de l’Italie quelques jours avant le Zeph. Au Lobo de mar, qui était si courtois et bienveillant, nous souhaitons une navigation agréable et riche de sens.

Le Zeph recevait de l’aide. Mais il était aussi prompt à en donner.

Pendant les récents travaux de peinture, le capitaine a été sollicité par un voisin un peu éloigné, qui voudrait nous emprunter un escabeau et le mélangeur de la perceuse, qui servirait à homogénéiser la peinture.

 

La promptitude de l'aide

 

Le capitaine du Zeph a tout de suite prêté le matériel demandé, quitte à retarder ses propres travaux d’une demi-journée, avec le risque que la météo, imprévisible et contrariante, mette à mal la programmation des tâches et rajoute du retard au retard.

 

La promptitude de l'aide

 

L’emprunteur s’appelait Jean. Son bateau avait pour nom « Whisky IV ».

 

La promptitude de l'aide

 

Il s’agirait d’une réduction du Pen Duick III de l’illustre Tabarly.

Une aide qui n’est pas prompte à venir pose problème.

Dans ce cas, le manque de promptitude est une défaillance ou un manquement. Défaillance avec une intention stratégique ou manquement par inconscience.

Le Zeph remercie très vivement les divinités pour toutes les fois où l’aide a été prompte en sa faveur.

 

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