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Il est naufragé à cause de Zorba. Non pas le Zorba campé par le sémillant Anthony Quinn dans le long métrage de Cacoyannis. Mais le Zorba de la météo, qui a semé la terreur à l’automne dernier dans le Péloponnèse.

Le cyclone méditerranéen, ironiquement baptisé avec le nom du film qui avait lancé la mode du sirtaki, a contraint maints bateaux à effectuer la danse macabre dans la baie de Πύλος – ΠΥΛΟΣ.

C’est ainsi que le samedi 29 septembre 2018, une nef qui était immatriculée sur les rives de la Mer Baltique et qui arrivait ce jour-là à Πύλος – ΠΥΛΟΣ, s’est fracassée contre d’autres coques et contre le béton du quai.

 

La patience du naufragé

 

C’était un épouvantable cauchemar pour son capitaine.

 

La patience du naufragé

 

Sur le port même, en contrebas de la falaise qui porte la ville haute, gisent des épaves.

 

La patience du naufragé

 

Le naufragé ne veut pas que sa demeure flottante finisse ainsi.

Alors, il répare, avec patience et ardeur, les dégâts provoqués par Zorba, le monstre de septembre dernier.

Patiemment, centimètre par centimètre, le naufragé découpe et retaille.

Degré par degré, il redresse ou incurve.

Avec minutie, il cloue et fixe, pose et assemble.

Jour après jour, matin et soir, il travaille le bois, le métal, le plastique, le textile.

Avec intelligence, il améliore l’existant en modifiant le galbe de la coque pour gagner plus de place à l’intérieur.

 

La patience du naufragé

 

La patience du naufragé engage surtout le long terme. Elle ne maîtrise pas toujours les vicissitudes de l’immédiat. Elle ne peut empêcher les colères et les jurons, car la fatigue et l’étourderie font qu’à un moment donné ou à un autre, les choses vont inévitablement déraper, aller de travers, voire même se rebeller.

La patience du naufragé ne supprime ni les aspérités, ni les mauvaises surprises, ni les contrariétés. Elle a pour but de bannir le découragement, d’empêcher l’abandon et d’encourager la poursuite de l’effort. Sa fonction n’est pas de faire du travail de restauration « un long fleuve tranquille », mais une magnifique réussite à long terme, malgré la pénibilité récurrente.

Avec patience, le naufragé répète les mêmes gestes ou en crée d’autres, sous le soleil ardent, qu’il y ait ou non du vent pour apporter un peu de fraîcheur. Son dos est comme du bronze qui luit à la lumière de l’astre solaire.

 

La patience du naufragé

 

Son thorax aussi ruisselle de sueur.

Sueur de patience, d’endurance et de mérite.

La patience témoigne d’une force de caractère, qui refuse l’abdication.

Sur le muret qui protège le quai de l’assaut des vagues, le naufragé pose les accessoires de la journée.

 

La patience du naufragé

 

Quand la chaleur est insupportable, il enjambe le béton, l’outillage et la roche pour aller se rafraîchir dans les flots voisins.

D’où lui vient cette patience sans bornes, qui lui permet de ressusciter sa nef ?

D’abord, il y a le lien affectif, très fort, qui relie le marin à son bateau.

Puis, il y a sans doute l’énergie de l’homme qui refuse d’abdiquer devant la cruauté du sort.

Mais, dans le cas présent, le naufragé est un grand amoureux de la Grèce. Il veut y habiter et y vivre. Alors, devant l’infortune, il se comporte comme Prométhée et relève le défi.

La patience du naufragé est nourrie par l’amour pour un climat, un pays, un peuple.

La belle saison de 2019 a permis la reconstruction du flanc gauche.

L’an prochain sera consacré au côté à tribord.

 

La patience du naufragé

 

La patience est un très bel état d’esprit. Mais il faut des conditions physiques pour le préserver. C’est pourquoi le naufragé entretient la solidité de son squelette, la résistance de ses muscles et la souplesse de ses articulations en faisant des abdominaux chaque matin, quand le soleil qui commence à éclairer les îlots devant la citadelle n’a pas encore touché sa nef.

 

La patience du naufragé

 

La patience n’exclut pas la coquetterie.

 

La patience du naufragé

 

Les soins du corps et l’esthétique de l’apparence physique occupent le début de la matinée et forment une sorte de prélude qui mène en douceur vers le dur labeur de la journée.

Chaque jour qui passe, la patience du naufragé a besoin d’acquérir un souffle nouveau. Le repos nocturne, grâce à la fraîcheur prodiguée par le dais étoilé, y contribue grandement.

 

La patience du naufragé

 

Le naufragé fait-il ses rêves en grec ou dans la langue maternelle ?

Sans doute dans la langue maternelle. Car lorsque le clou se tord, le juron qui s’échappe du gosier est dans la langue maternelle.

Les parents du naufragé lui ont donné le prénom Andréa.

Dors bien, Andréa !

 

La patience du naufragé

 

Et fais de beaux rêves ! Des rêves de liberté, de paix et de prospérité, qui ne manqueront pas de s’accomplir, grâce à ta précieuse patience !

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