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Nous nous intéressons ici à la frontière entre l’Anatolie et la Perse du XXIè siècle.

Dès les premiers instants, l’hospitalité de la frontière affichait son originalité, qui n’a pas manqué de nous étonner.

D’abord, au comptoir de la réception, une remise de 10 % nous a tout de suite été accordée, avant que nous n’ayons le temps de solliciter ce geste commercial.

Puis, dans l’espace privé, sur la table de bienvenue, une corbeille nous attendait. La voici :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il s’y trouvait un crayon à papier remarquablement affûté, qui portait le sceau de l’établissement : Boutique Ertur Hotel. Il y avait encore, dans une mignonne boîte rose, un bonnet pour la douche. La panoplie des objets qui contribuaient à rendre le lieu sympathique et accueillant comportait aussi un chausse-pied flambant neuf, vierge de toute trace de chaussette. Quelle délicate attention pour ce qui était tout en haut du corps et ce qui était tout en bas ! Quant à l’espace intermédiaire, situé entre le haut et le bas, avait-il droit aussi à quelque attention aimable, voire séduisante ?

L’objet de charme, qui montrait que l’hôte avait pensé à tout, avec beaucoup d’intelligence, apparaissait au premier plan sur la photo : il s’agissait d’un décapsuleur, vierge lui aussi de toute tache et de toute éraflure.

D’ordinaire, on n’utilise pas un décapsuleur pour ouvrir une bouteille de coca, de limonade ou de jus de fruit. Mais pour décapsuler une bouteille de bière, l’objet serait bien utile.

Ainsi le message de bienvenue était bien clair : nous étions autorisés à consommer de l’alcool. L’autorisation valait pour l’espace privé, mais aussi pour l’espace public, car le réceptionniste, au moment de l’enregistrement, nous avait signifié que l’établissement pourrait nous servir dans le grand salon ou sous la véranda l’alcool de notre choix.

Une telle politique, qui prônait la liberté, était inconcevable au cours des trente-neuf jours précédents, pendant lesquels nous avions parcouru l’Anatolie d’Ouest en Est. C’était plutôt le contraire que nous avions vu sur cette terre d’Islam, soumise à l’hégémonie du Coran.

Mais ici, à Doğubayazıt, qui ne se trouvait qu’à 35 km de la frontière avec la Perse, une révolution avait lieu, pour secouer le joug de l’hypocrisie et de l’obscurantisme.

À Doğubayazıt, la liberté revendiquée et assumée bénéficiait d’un passé culturel qui légitimait l’accès au bonheur par le biais de la liberté.

L’hospitalité anatolienne a planté le décor qui amenait cette légitimation. Et c’était la Perse, si proche spatialement, qui a fourni le fer de lance pour percer le carcan de l’obscurantisme.

Voici le décor planté par l’Anatolie :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il s’agissait d’une œuvre d’art, qui faisait partie de la grande collection qui avait pour but de transformer le hall d’accueil de l’établissement en un passionnant musée, de surcroît libre d’accès.

Les vêtements amples, la longueur des pans, la manière dont les étoffes flottaient au vent, les volutes qui incarnaient le ballet des nuages pourraient faire penser à une création en provenance de l’Empire du Milieu. Certes, l’ambiance dépeinte était susceptible d’être associée aux terres du soleil levant sur la Route de la Soie. Mais l’inscription qui apparaissait près de l’épaule droite du personnage montrait que la scène se passait en Perse.

Ainsi, l’hospitalité dont nous avons bénéficié à la frontière, baignait dans des reflets persans.

Le personnage masculin représenté n’avait pas l’air très intéressé ni par la gloire du pouvoir, ni par l’argent du négoce. À l’inverse, il semblait accorder beaucoup d’importance à la liberté de ses mouvements et de ses pensées.

Cet esprit indépendant pouvait tout à fait servir d’illustration pour en évoquer un autre, dont la sève poétique était célèbre, non seulement en Perse mais aussi dans le monde entier.

Le poète persan s’appelait شمس‌الدین محمد حافظ شیرازی

Translittération : Shams al-Dîn Muhammad Hâfez-e Shîrâzî

L’usage courant ne retient que le vocable Hâfez.

Victor Hugo et André Gide ont rendu hommage à Hâfez.

À nous qui découvrions l’hospitalité de la frontière, le poète persan s’est adressé en ces termes :

چه شود گر من و تو چند قدح باده خوریم ؟

غزل شماره ۲۰

 

En français :

Et si toi et moi buvions quelques verres de bière ?

Poème 20. Distique 7

 

Il était très, très difficile de résister devant l’audace d’une telle proposition.

Au poète persan, nous ne pouvions que répondre par l’affirmative, préparés que nous étions par l’hospitalité, très compréhensive et tolérante, de l’Anatolie en zone frontalière.

Voici donc le Capitaine qui s’en est allé chercher de la bière, sous les encouragements du poète persan :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les lieux spécifiques où l’on pouvait acheter, officiellement, de l’alcool en tous genres étaient signalés par une lumière bleue et s’appelaient « Tekel » (en français : Monopole)

Dans notre cas, le magasin où nous nous sommes approvisionnés s’appelait « İSTANBUL TEKEL BAYİİ ».

Réaliste et pragmatique, l’hospitalité de la frontière se préoccupait avec sagacité des besoins physiques du corps.

La même sollicitude se voyait au lever du jour, à l’occasion de petit déjeuner.

Comme ailleurs, les frites étaient au menu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais ici, à Doğubayazıt, elles étaient chaudes, réellement chaudes, constamment chaudes. Et divinement chaudes, elles transitaient en direction de notre assiette. Quelle nouveauté par rapport aux précédents buffets, et quel régal !

Mais la véritable touche du chef était dans une création qui tenait compte de l’environnement campagnard et de la tradition familiale : il s’agissait d’une soupe onctueuse, préparée avec la chlorophylle fraîchement récoltée dans le potager à proximité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le potage, dont la chaleur était très soigneusement préservée, apportait un sublime bien-être au gosier avant de descendre jusqu’à l’estomac pendant que la tête pensait à la fraîcheur de la température à l’extérieur de la salle de restauration.

Le professionnalisme avec lequel le souci de la température était géré contribuait à rendre l’accueil très chaleureux, au sens figuré comme au sens propre.

De plus, la proximité des espaces verts consacrés à l’alimentation permettait au chef de proposer aux invités un apport vitaminé suffisant :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous nous réjouissions que la diététique locale ait choisi de s’exprimer par l’intermédiaire des circuits courts.

L’esprit éclairé et le sens du détail distinguaient l’hospitalité de la frontière en rapport avec les besoins physiques de l’invité.

En même temps, le bénéfice spirituel du séjour a été remarquablement choyé.

En effet, nous avons déjà dit qu’un riche musée, libre d’accès et donc entièrement gratuit, s’offrait au regard et à la contemplation de toute personne qui passait par le hall d’accueil. Celui-ci était accessible depuis le paillasson qui souhaitait la bienvenue, traversait le Grand Salon et débouchait sur la Salle de restauration. Tout le monde, à toute heure, pouvait y flâner, pour s’enrichir ou s’évader.

Car l’exposition proposait une évasion vers les siècles antérieurs. Le voyage se déroulait au pays des sensibilités artistiques qui possédaient chacune ses propres merveilles.

Dans ce tour d’horizon des civilisations qui avaient laissé leur empreinte sur le sol anatolien, la Perse tenait le haut du pavé. On pouvait voir le Roi des rois assis sur son trône à Suse ou à Persépolis :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Devant le souverain, se tenait un porteur d’offrande, qui avait dans son giron une créature vivante.

À la périphérie, se sont placés des guerriers qui montaient la garde avec leurs lances.

Toute la scène était coiffée par les ailes de la principale divinité, اهورامزدا (translittération : Ahura Mazdâ), dont le nom en persan signifiait « Seigneur de la Sagesse ».

Le mousse, qui était toujours à la recherche de la présence des Grecs, y voyait l’Hellade seulement en filigrane, avec l’écho lointain, très lointain de Marathon et de Salamine.

À côté de ce plat d’argent consacré au pouvoir de la majesté, d’autres plats, en argent aussi, exhibaient la nostalgie de l’Éden. La composition utilisait l’emboîtement de plusieurs structures hexagonales de diverses envergures :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chaque motif de base était répété six fois, de manière à former une fleur à six pétales, qui étaient régulièrement disposés sur le chemin d’un même cercle. La bordure dentelée de chaque pétale en faisait à chaque fois une flamme. Un mouvement vibratoire s’en dégageait, exprimant l’ardeur de vivre au présent ou l’impatience de retrouver le paradis perdu.

Une formation échappait à la règle organisationnelle de l’ensemble : c’était le cœur de la rosace. Ce cœur n’était pas constitué de six pétales, mais de douze. Et le contour de chaque pétale n’était plus du tout dentelé, mais lisse, parfaitement lisse. Donc plus aucune vibration, plus aucune agitation. Le calme, au bout. La paix en ligne de mire. La sérénité viendrait s’installer quand le but ultime serait atteint.

Le contexte omniprésent de la Route de la Soie ne pouvait se passer de la présence de l’Empire du Milieu. Celui-ci était évoqué par son motif géométrique emblématique, où des volutes étaient raidies sous forme de carrés ou de rectangles.

 

L'hospitalité de la frontière

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ces motifs géométriques de l’Empire du Milieu participaient à l’encadrement d’un tableau où figuraient les deux « must » situés à la frontière : le mont Ararat et le palais اسحاق پاشا (translittération : Ishaq Pacha) :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette présentation, qui mettait à l’honneur l’Empire du Milieu, signifiait qu’à cette frontière, les regards se tournaient plus volontiers vers l’Est et non vers l’Ouest.

La chose n’était pas prévisible, mais elle ne défiait pas le bon sens.

Par contre, quelque chose d’autre a beaucoup intrigué le mousse. Voici l’objet de toutes les interrogations :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On reconnaît la silhouette de Moïse, qui levait l’index droit vers le ciel pendant que la main gauche tenait la table des Dix Commandements.

Que faisait Moïse là, sur le comptoir de la réception, derrière une rangée de samovars étincelants ?

Moïse, c’est la figure centrale du premier monothéisme.

Moïse, c’est le triomphe de la lignée d’Isaac, au détriment de celle d’Ismaël.

Une telle exposition de la figure de Moïse serait incongrue, voire risquée en terre d’Islam.

Pourtant, Moïse était là, derrière les samovars, au comptoir de la réception.

On pouvait ne pas le remarquer, parce que le portrait était placé sur le côté, tout au fond.

Mais on pouvait aussi très bien le voir, parce que la silhouette du prophète dépassait les ustensiles stylisés, mais aussi parce que ceux-ci avaient des reflets dorés tandis que le portrait était argenté.

C’était sûrement à dessein que l’hôte anatolien avait placé là la figure prophétique.

Quand le mousse se mettait à côté de Moïse, il avait l’impression que les Dix Commandements servaient de support éthique aux décisions prises au comptoir de la réception.

Soit.

Cependant, l’histoire culturelle de l’Anatolie, voire même de la Perse toute proche, ne manque pas d’exemple de probité et de courage. Alors pourquoi ce recours à une spécificité hébraïque ? S’agirait-il d’un aveu à mi-mot, d’une confidence discrètement murmurée ? L’émergence de la figure de Moïse derrière le comptoir de la réception serait-elle une résurgence ? Résurgence d’une foi qui s’était terrée pendant longtemps à cause d’un environnement hostile et qui a refait surface en comptant sur une conjoncture plus clémente ?

L’exploration suscitée par la vitrine de l’hospitalité était vraiment passionnante.

L’Anatolien qui dirigeait l’établissement a vu le très grand intérêt que le mousse avait porté au musée familial. C’est pourquoi, avant que le second ne monte dans la voiture pour quitter les lieux, le premier s’est précipité vers le photographe pour demander à celui-ci une faveur. À celui qui semblait posséder tout, il manquait à cet instant-là quelque chose : le témoignage d’une approbation dans le regard d’un esthète.

En d’autres termes, l’Anatolien souhaitait avoir une photo de lui avec le mousse.

Voici la photo qui a comblé tout le monde :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’Anatolien qui était à l’origine du selfie se trouvait tout à fait à gauche de la photo. Il s’appelait Métin.

Faisons preuve de justesse et de justice en relevant à un niveau supérieur le champ de la réflexion : l’Anatolien qui dirigeait l’établissement hôtelier n’était pas tombé amoureux du physique du photographe, mais de la minutie avec laquelle celui-ci explorait chacun des objets ancestraux.

L’attachement de l’un à l’autre s’est donc produit au second degré.

L’hospitalité de la frontière avait la fibre très romantique, puisqu’elle ne craignait pas de s’avouer des coups de foudre fulgurants, impétueux.

L’Anatolien nous a beaucoup émus par la franchise de son élan et le courage de son effusion.

C’était son neveu qui avait enregistré notre arrivée dans l’établissement. C’était aussi son neveu qui a laissé au mousse toute la liberté pour photographier les précieux objets du musée familial. Une telle patience et une telle confiance étaient absolument remarquables.

Une autre personne nous a beaucoup émus par sa courtoisie et son dévouement : c’était le portier. Il était toujours prompt à nous proposer son aide, soit en immobilisant un battant de porte, soit en nous soulageant du poids de nos bagages, soit en nous guidant jusqu’à la table du petit déjeuner. Certes, il obéissait à son supérieur hiérarchique. Mais sa célérité et sa bonne humeur étaient d’une grande sincérité.

C’est pourquoi, dès le lendemain de notre départ, le mousse a envoyé à Métin, l’Anatolien qui dirigeait toute l’équipe, les lignes suivantes :

Sevgili arkadaşım,

Size Kars'tan yazıyorum.

Sıcak karşılamanız için teşekkür ederiz.

İşte sizin dokunaklı girişiminiz sayesinde yaratılan anma portresi.

Ayrıca girişte bizi karşılayan tavus kuşunun ve filin fotoğrafları da ekte yer alıyor. Bize Hindistan'dan geldiklerini söylemiştin. Başka bir deyişle ziyaretçiyi doğuya, İndus Vadisi'ne bakmaya teşvik ettiniz. Bu konuda Büyük İskender gibiydin.

Ekibinizin gösterdiği büyük nezaket için teşekkür ederiz. Öncelikle pasaportlarımızı kayıt ettiren ve muhteşem müzenizin fotoğraflarını çekmeme izin veren beyefendi vardı. Ayrıca her geçişimizde kapıyı tutan ve bizi kahvaltı salonuna yönlendiren başka bir beyefendi daha vardı.

Bu iki beyefendinin fotoğrafını hatıra olarak bize gönderip isimlerini verebilir misiniz ?

Tekrar teşekkürler !

Minh

 

Üç ek :

20231026_093422. Doğubayazıt. Otel sahibinin istediği portre

20231026_085635. Doğubayazıt. Otelin giriş holü. Dışarıdaki tavus kuşu

20231026_085703. Doğubayazıt. Otelin giriş holü. İçerideki fil

 

En français :

Cher ami,

Je t’écris de Kars.

Merci pour ton accueil chaleureux.

Voici le portrait du souvenir, qui a été réalisé grâce à ta touchante initiative.

Ci-joint aussi les photos du paon et de l’éléphant qui nous saluaient dans le hall d’entrée. Tu nous as dit qu’ils venaient de l’Inde. Autrement dit, tu encourageais le visiteur à regarder vers l’Est, en direction de la vallée de l’Indus. En cela, tu faisais comme Alexandre le Grand.

Nous te remercions pour la très grande gentillesse de ton équipe. D’abord, il y avait le monsieur qui a enregistré nos passeports et qui m’a laissé faire des photos de votre magnifique musée. Puis il y avait aussi un autre monsieur qui tenait la porte à chacun de nos passages et qui nous a conduits vers la salle du petit déjeuner.

Pouvez-vous nous envoyer la photo de ces deux messieurs en souvenir et donner leurs noms ?

Merci encore !

Minh

 

Trois pièces jointes :

Doğubayazıt. Le portrait voulu par le patron de l’hôtel

Doğubayazıt. Le hall d’entrée de l’hôtel. Le paon à l’extérieur

Doğubayazıt. Le hall d’entrée de l’hôtel. L’éléphant à l’intérieur

 

Voici les paons qui nous avaient attendus sur le seuil :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et voici l’éléphant qui montait la garde dans le hall d’accueil :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au mousse qui rêvait de marcher sur les pas d’Alexandre le Grand, cette scénographie a apporté beaucoup de plaisir, parce qu’elle lui rappelait que le Macédonien était parvenu jusqu’au rives de l’Indus.

À Métin l’Anatolien, la lettre du mousse a aussi procuré un grand plaisir.

Dès le lendemain de l’envoi du courrier précédent, le mousse a reçu la photo suivante :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À gauche de la photo, c’était Salih, le neveu de Métin, le grand patron de la maison. C’était Salih qui nous avait proposé la remise de 10° % et qui nous disait ensuite qu’il pouvait nous servir de l’alcool. C’était aussi Salih qui n’avait manifesté aucune impatience ni aucune appréhension quand le mousse auscultait un à un les trésors du musée familial.

À droite de la photo, c’était Botan, le compagnon de service de Salih. Botan était toujours au garde-à-vous à côté de nous, pour nous faciliter les choses et faire honneur aux leçons de protocole qu’il avait apprises.

L’hospitalité de la frontière était belle par son authenticité, édifiante par son éloge de la culture, fascinante par ses trésors humains.

Tag(s) : #2023 La TURQUIE, #L'ANATOLIE orientale
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