Le Hanabi et le Zeph se sont adoptés mutuellement dans la lagune de Mεσολόγγι – ΜΕΣΟΛΟΓΓΙ (en français : Messolonghi), il y a plus de deux ans.
Voici le Zeph amarré au quai municipal de Mεσολόγγι – ΜΕΣΟΛΟΓΓΙ :
Le Zeph était reconnaissable à son orin et à sa bouée rouges, ainsi qu’à son éolienne.
Au premier plan, apparaissait un râtelier pour vélos. Le dispositif présentait en grand la silhouette d’un bicycle, qui était en plus surélevée, pour qu’on puisse la repérer de loin. En bas, la municipalité a laissé sa signature sous forme de lettres perforées, mais en caractères latins.
La place était précieuse et très convoitée, parce qu’elle se trouvait juste à côté de la borne d’eau douce, qui était en libre accès.
La borne de ravitaillement avait la forme d’un parallélépipède rectangle, qui se dressait au niveau du mât.
Entre la borne d’eau douce et le râtelier pour vélos, un panneau, qui coiffait un poteau cylindrique, alertait le visiteur sur l’avantage de l’emplacement. En effet, sur le panneau, étaient écrites ces lignes :
ΧΩΡΟΣ ΕΛΛΙΜΕΝΙΣΜΟΥ
ΙΣΤΙΟΦΟΡΩΝ – ΑΝΑΨΥΧΗΣ
en français :
ZONE D’AMARRAGE
DES VOILIERS – DE LA PLAISANCE
À aucun moment, l’écriteau ne mentionnait la présence de l’eau douce, sa disponibilité ou sa gratuité. Pourtant, c’était là tout l’intérêt de l’emplacement. Le discours officiel de la municipalité était :
« Venez vous mettre là : on vous a réservé une place ! »
Puis, la surprise de l’eau douce aurait tout son temps pour entrer en scène.
C’est plaisant de voir que la municipalité jouait la double carte de l’ostentation et de la discrétion.
En tous les cas, c’était dans ce contexte spatial que le Hanabi s’est mis à la borne de l’eau douce, puis il s’est retiré pour regagner le mouillage, juste avant que le Zeph n’arrive.
Voici le Hanabi au mouillage de Mεσολόγγι – ΜΕΣΟΛΟΓΓΙ :
Le Hanabi était reconnaissable à sa colonne de ventilation, dotée d’un toit bleu et de parois blanches.
Puis est venu le soir qui a vu l’éclosion de l’espoir de fraternité :
Au premier plan, le Zeph, reconnaissable à son drapeau tricolore, à son orin rouge et à son éolienne, adossait le flanc gauche contre le quai. Vers la proue, cette fois-ci, la photo montrait la borne de l’eau douce et le panneau spécifiant la zone d’amarrage. Au-dessous de l’écriteau et juste au-dessus du Zeph, la perspective dévoilait la silhouette du Hanabi qui était au mouillage.
Cette configuration, offerte par le plus pur des hasards, disait quelque chose d’extrêmement important : un lien venait de se créer entre le Hanabi et le Zeph. Géométriquement, ce lien était illustré par le poteau vertical. Biologiquement, ce lien était nourri par l’eau douce de la borne, qui assurait la survie et promettait la prospérité.
Depuis ce temps-là, l’espoir de fraternité entre le Hanabi et le Zeph a été comblé, avec magnificence.
On s’attend à ce que ceux qui sont frères aient des similitudes dans la morphologie ou dans la physiologie. Est-ce le cas pour le Hanabi et le Zeph ?
D’abord, le Hanabi et le Zeph ont les mêmes yeux.
En effet, le jour du concert de Κυπαρισσία – ΚΥΠΑΡΙΣΣΙΑ (en français : Kyparissia), le capitaine du Hanabi est venu s’entretenir avec le mousse du Zeph au sujet de la décoration d’une barque qui flottait devant la Marina Cléopâtra à Πρέβεζα – ΠΡΕΒΕΖΑ (en français : Prévéza). Cette barque exhibait avec talent et minutie les couleurs de l’antique Égypte.
La description de cette magnifique décoration figure dans l’article « Le courage de l’attente », publié le 25 juillet 2019.
Le Hanabi et le Zeph ont les mêmes yeux, mais aussi le même cœur.
Effectivement, ils ont les mêmes fibres émotionnelles. Un exemple éloquent est fourni par la question de la piété filiale, abordée dans l’article « La courbure de la piété », publié le 15 septembre 2019.
Cette fois-ci, c’était le pilote du Hanabi qui s’est ému(e) devant le ciseau du sculpteur, qui traduisait le lien intergénérationnel de trois migrants, qui étaient des réfugiés politiques. En s’élevant dans l’arbre généalogique, ils s’appelaient Anchise, Énée, Ascagne. Ils étaient des Troyens. Ils étaient traqués par des Grecs que commandait Agamemnon.
L’adjectif « ému » aurait dû être au féminin car le pilote du Hanabi était aussi la fée du logis.
Une fée au cœur immensément altruiste !
Le très beau commentaire qu’elle a laissé dans le sillage de l’article prouve que le cœur du Hanabi et celui du Zeph vibrent à l’unisson pour les mêmes enjeux éthiques.
Il arrive que l’émotion est très forte et qu’elle remue jusqu’aux entrailles.
Le Hanabi et le Zeph ont-ils les mêmes entrailles ?
Pour y répondre, consultons à nouveau le lien que le Hanabi a fourni au Zeph et aux lecteurs de la chronique, à la suite de l’article sur la résurrection de Lazare. L’article s’intitulait : « La promesse de la consolation » et a été publié le 29 mars 2020.
Voici le lien communiqué par le Hanabi : https://youtu.be/xywtL8m2mfw.
Le lien sur la toile complétait avec pertinence le texte de l’article en accompagnant les mots par une partition musicale et en portant la pensée par une mélodie, qui était comme un voyage dans l’outre-tombe. Dans le cas de Lazare, le voyage était un aller-retour.
Les accents de tristesse, qui décrivaient le trépas, puis les accents de douceur, qui signifiaient la consolation et l’espoir, témoignaient de la vive émotion du Hanabi et de sa réactivité très édifiante.
Donc, le Hanabi et le Zeph s’émeuvent profondément devant les drames de l’existence.
Face au sort des infortunés, la même douleur s’empare de leurs entrailles.
Le Hanabi et le Zeph ont-ils la même physiologie ?
En tout cas, ils ont le même appétit, les mêmes goûts pour la nourriture. Donc les mêmes intentions et les mêmes désirs de la part du soma.
Pour la pause hivernale, le Hanabi a ouvert tout grands ses bras pour recevoir l’équipage du Zeph, qui revenait du périple crétois.
Dans une autre vie, le Hanabi a fréquenté les rives de la Mer Baltique et de la Mer du Nord. Alors il a mobilisé ses réminiscences pour réjouir les papilles des invités.
Le Hanabi a préparé avec beaucoup de soin un menu qui était en phase avec la chronique du Zeph.
Une tarte aux lardons célébrait les aventures terrestres. Les divinités n’étaient pas absentes à ces retrouvailles. Car pour surprendre le Zeph, rien ne valait un souffle coquin qui balayerait horizontalement l’épaisseur pour soulever la partie supérieure et en faire une couronne. Surprise de dernière minute, qui nous ravissait énormément.
Nous aimons bien quand les divinités s’invitent par leur espièglerie.
Quant au menu de la mer, le poisson fumé était servi sur des galettes byzantines, fabriquées à domicile, sur mesure.
L’onctuosité de l’assemblage était assurée par une crème poivrée :
La crème était présentée dans un bol qui chantait la beauté du convive.
Le contenu était aussi séduisant que le contenant.
Tout ce qu’avait préparé le Hanabi plaisait énormément à l’équipage du Zeph.
Mêmes goûts, mêmes satisfactions, gratitude réciproque.
Pour le dessert, le Hanabi a proposé un voyage du côté du septentrion.
Recette du septentrion. Fabrication maison.
Le vallonnement qui décorait la pâtisserie faisait penser aux magnifiques gorges explorées en Crète. À moins qu’il ne serve d’augure pour annoncer le retour du Zeph sur les flots, avant même la fin de l’hiver.
Le gâteau au profil ondulatoire était truffé de fruits confits. Friandises aux parfums d’agrumes, pour rappeler de temps à autre que les rivages préférés du Hanabi et du Zeph se trouvaient au Sud.
La même impatience travaille le Hanabi et le Zeph : celle de flirter à nouveau avec l’écume de la Mer Intérieure.
Rien ne valait l’effervescence champenoise pour sublimer cette impatience.
Même gosier de gourmet. Même estomac hédoniste. Même comportement physiologique aux agapes.
Le Hanabi et le Zeph partagent le même engouement pour les arts de la table.
Leurs papilles recherchent les mêmes stimuli.
La parenté des somas était manifeste.
Malgré toutes ces nombreuses similitudes, le Hanabi et le Zeph ne sont pas issus du même chantier naval.
Ils ne sont pas faits frères. Ils se sont faits frères.
Le dramaturge grec Μένανδρος – MENANΔΡΟΣ (en français : Ménandre), qui a vécu au IVè siècle avant notre ère, a écrit :
“Η πιο γλυκιά αγάπη είναι η αγάπη που ενώνει δύο αδελφοί.”
“Le plus doux des amours est l'amour qui unit deux frères.”
Pour reprendre l’idée du Grec, l’espoir de fraternité entre le Hanabi et le Zeph a une douce saveur.
Le linguiste québécois Hector Carbonneau, qui a construit son œuvre au début du siècle dernier, a déclaré :
« L’amour fraternel est le plus durable ; il ressemble à la pierre précieuse qui résiste aux plus durs métaux et dont la valeur s’accroît avec les années. »
Le Hanabi et le Zeph adhèrent complètement à la pensée du Québécois, qui décrit l’espoir de fraternité comme une triple vision : celle de la longévité, de la solidité et de la prospérité.