Le parc se trouvait à Άστρος – ΆΣΤΡΟΣ, au début de la montée qui menait du port au château médiéval.
Voici le Zeph à Άστρος – ΆΣΤΡΟΣ :
Le Zeph était orienté Sud-Est / Nord-Ouest. La poupe se trouvait du côté du soleil levant.
Sur la photo, à droite du fantôme de l'éolienne, se déployait la concavité d'un théâtre à l'antique. Au-dessus de l'hémicycle, se dressait un phare.
Le parc prenait place entre le théâtre en plein air et le phare, en cours de restauration.
Voici l'entrée du parc :
Au premier plan, était déposé un sac de pierres. L’emballage portait une inscription écrite en caractères bleus.
Tout en haut, on pouvait lire : ΥΛΙΚΑ ΟΙΚΟΔΟMΩ...
En français : MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION...
À la deuxième ligne, il y avait la spécification : ΠΛΑΚΕΣ ΠΕΤΡΕΣ
En français : PLAQUES PIERRES
En effet, l’ouverture en haut du sac montrait des fragments obtenus en concassant des pierres.
La dernière ligne affichait : ΤΕΡZΑΚΗΣ
C’était de nom de l’entreprise spécialisée dans le bâtiment.
Il y avait donc des travaux en cours. Mais malgré cette contingence peu ludique, le parc maintenait sa vocation véritable et le faisait savoir de façon non équivoque.
Sur la photo, ce qui était temporaire surgissait au premier plan tandis que ce qui était permanent apparaissait à l’arrière-plan.
Voici le texte permanent, qui s’offrait sur deux lignes :
Καλώς Ορίσατε
στο Άστρος
En français :
Soyez les bienvenus
à Astros
Le visiteur était donc accueilli dans le parc en ami. Mais cette parole de bienvenue n’était pas exprimée avec platitude. À la fin de la première ligne, la lettre ε était prolongée par une ondulation. De même, juste en-dessous, la lettre ς qui terminait la deuxième ligne se prolongeait aussi par une ondulation.
Le graphisme donnait à voir un frémissement, qui signifiait la joie. Cette joie était une allégresse, parce qu’elle participait à un ballet sous-marin où évoluaient deux tortues, un dauphin et deux loutres.
Cette vision sous-marine était peinte sur l’armoire qui gérait l’approvisionnement en énergie électrique. Cette décoration délivrait un message : « Affranchissons-nous de ce qui est terre à terre pour mieux apprécier le côté merveilleux de la vie ».
La mer en exergue, à l’entrée du parc. La mer, comme destination finale du regard :
Le parcours de l’horizon rencontrait de façon inévitable la silhouette du phare en cours de restauration, auquel était destiné le sac de pierres livré par la maison ΤΕΡZΑΚΗΣ.
Sur le plan incliné qui descendait jusqu’au phare, des espèces végétales de différentes hauteurs embaumaient l’air.
Mais avant de parvenir à cet endroit, il fallait passer devant le service d’accueil.
Voici ce service d’accueil :
L’accueil se voulait solennel, mais la détente avait son mot à dire, en commençant par les extrémités de la branche.
À droite de la photo, l’oiseau au poitrail orangé se laissait gagner par une bonne humeur, qui s’est mise à déteindre sur l’extrémité opposée.
L’allégresse était visible dans la palette des couleurs qu’arboraient les habits des sentinelles ailées.
Quelques pas plus loin, toujours en direction de la mer, on pouvait rencontrer ceci :
Le métal, réputé pour son impassibilité, nous faisait les yeux doux. Il s’est même fardé et s’est mis du rouge aux lèvres pour offrir un sourire plus gracieux et plus séduisant.
Après ce prélude enchanteur, nous arrivions au cœur du sujet. Admirez le spectacle :
Tout ce qui était vivant dansait.
L’étoile de mer riait délicieusement avec sa bouche et ses paupières.
Sur sa droite, le poulpe indigo était tout content de dévoiler ses dents blanches grâce à un large et franc sourire.
Juste au-dessus, la méduse rose accentuait l’heureuse courbure de sa bouche en écarquillant des yeux tout ronds.
Aucun segment de droite n’apparaissait dans l’espace. Toutes les lignes étaient incurvées. L’évocation des vibrations concernait non seulement la zoologie mais aussi la botanique. C’était tout le cosmos qui exultait dans l’allégresse.
Ce bonheur universellement partagé donnait lieu à des morceaux de bravoure. En voici un :
L’allégresse qui portait les flots s’élevait dans les airs.
Avec leurs corps incurvés, les deux danseurs surgis de la mer formaient une arche qui encadrait une île si désirable avec ses maisons blanches et son château ocre.
La perspective était édifiante. Le message de l’arche des dauphins était celui-ci : il existe dans la nature une allégresse qui pourrait aider les humains à relativiser leurs problèmes.
Autre leçon du parc : celle de la générosité. Car l’allégresse qui s’y déployait concernait toutes les formes de vie, y compris celles qui sont habituellement considérées comme mineures, parce qu’elles évoluent dans l’ombre ou au ras du sol :
Les participants à la procession avaient la tête haute, le cou droit.
Leurs attributs sphériques s’enflaient d’allégresse. La maison arrondie de l’escargot et les yeux globuleux des chenilles exprimaient une extension extrême.
L’écrin de verdure qui servait de décor s’ingéniait à varier les formes et les couleurs pour produire une ambiance paradisiaque :
Sur la photo, l’asphodèle blanc étirait ses hampes florales vers le haut comme pour s’associer à l’élan suggéré par le clocher de la chapelle.
Oui, à Άστρος – ΆΣΤΡΟΣ, le parc situé à côté du phare avait aussi une vie spirituelle.
Cette spiritualité était honorée par la présence d’un éminent personnage des Écritures.
Le nom de ce serviteur du Très-Haut était écrit en lettres dorées au-dessus de la porte d’entrée :
Sous la croix carrée, était peinte l’inscription byzantine :
ΠΡΟΦΗΤΗΣ ΗΛΙΑΣ
En français :
PROPHÈTE ÉLIE
Quel lien pourrait exister entre l’allégresse du parc et le prophète Élie ?
Ce lien entre tout naturellement en scène si l’on se pose la question suivante : « Est-il acceptable que cette belle allégresse s’arrête un jour ? »
La réalité de cette joie cosmique est importante. Mais l’enjeu primordial est celui-ci : jusqu’à quand cette joie va-t-elle durer ? Sera-t-elle sans lendemain ?
La vie du prophète Élie fournit un élément de réflexion.
Les Écritures hébraïques relatent comment le prophète Élie a quitté la scène terrestre.
Au Second Livre des Rois, on peut lire :
וַיְהִי הֵמָּה הֹלְכִים הָלוֹךְ וְדַבֵּר וְהִנֵּה רֶֽכֶב־אֵשׁ וְסוּסֵי אֵשׁ וַיַּפְרִדוּ בֵּין שְׁנֵיהֶם וַיַּעַל אֵלִיָּהוּ בַּֽסְעָרָה הַשָּׁמָֽיִם׃
פרק ב , פסוק יא
Tandis qu’ils marchaient en discutant, un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent soudain l’un de l’autre, et Élie fut emporté dans le ciel au milieu de la tempête de vent.
Second Livre des Rois
Chapitre 2. Verset 11
Les Écritures hébraïques ne parlent pas de la mort du prophète. Le texte relate un enlèvement céleste, avec un char de feu.
Mais avant cette façon de combattre l’absurdité de la mort, il y a eu une autre manière, contée dans le Premier Livre des Rois.
Le texte décrit comment Élie a ressuscité le fils d’une veuve :
21 וַיִּתְמֹדֵד עַל־הַיֶּלֶד שָׁלֹשׁ פְּעָמִים וַיִּקְרָא אֶל־יְהוָה וַיֹּאמַר יְהוָה אֱלֹהָי תָּשָׁב נָא נֶֽפֶשׁ־הַיֶּלֶד הַזֶּה עַל־קִרְבּֽוֹ׃
22 וַיִּשְׁמַע יְהוָה בְּקוֹל אֵלִיָּהוּ וַתָּשָׁב נֶֽפֶשׁ־הַיֶּלֶד עַל־קִרְבּוֹ וַיֶּֽחִי׃
ספר מלכים ראשון
פרק יז . פסוק כא , כב
21. Alors il se pencha trois fois sur l’enfant et pria Jéhovah en disant : « S’il te plaît, ô Jéhovah mon Dieu, que la vie de cet enfant revienne en lui. »
22. Jéhovah écouta la demande d’Élie : la vie de l’enfant revint en lui, il fut de nouveau vivant.
Premier Livre des Rois
Chapitre 17. Versets 21, 22
L’allégresse du parc n’a de sens que dans sa pérennité. Et la promesse de cette pérennité est donnée à travers l’évocation de la figure prophétique d’Élie.
L’allégresse se voyait sur le visage radieux de la mère qui ouvrait ses bras tout grands pour accueillir le fils revenu à la vie.
L’allégresse se manifestait chez ceux qui étaient témoins de cette résurrection.
L’allégresse sera à son sommet quand tous les morts se lèveront des tombeaux.
Dans l’attente de ce jour béni, l’allégresse continue de prospérer dans le parc à Άστρος – ΆΣΤΡΟΣ. Non seulement à l’intérieur du parc, mais encore à l’extérieur du mur d’enceinte :
Les tournesols qui fleurissaient sur les parois de la poubelle publique placée à l’entrée du parc avaient un message à délivrer. Ce message dit ceci : « Des décombres, naîtront des formes belles et désirables, grâce au souffle de vie ».
Un visiteur placé à côté de cette poubelle fleurie avait encore devant lui le panorama suivant :
Sur la droite de la photo, se trouvait la chapelle dédiée au prophète Élie.
À gauche, s’élevait une couronne tressée avec les branches d’un bougainvillier pourpre.
On pourrait aussi y voir le contour d’un miroir floral. Un miroir complètement transparent, qui dévoile non pas ce qui est de ce côté, mais ce qui est de l’autre côté. Autrement dit, ce qui est dans l’au-delà. En l’occurrence, cet au-delà n’est pas le néant, n’a rien d’inquiétant. Au contraire, il y règne une ambiance paradisiaque.
L’allégresse du parc est fondée sur la seule perspective qui s’accorde avec le souffle de vie.
En ces temps d’incertitude coriace et de précarité récurrente, l’allégresse du parc agit comme un baume.