« Admirablement située pour surveiller les deux golfes et commander l'entrée du Péloponnèse, l'AKROKORINTHOS était l'une des « entraves de la Grèce ». Elle fut maintes fois prise et reprise par tous ceux qui aspiraient à la domination du Péloponnèse »
Nous étions déjà venus ici, mais on s'était arrêtés sur le parking, se contentant d'en avoir une vision assez floue !
Aujourd'hui, on va la visiter de fond en comble ! On y arrive assez tôt, vers midi (!!!), y'a pas grand monde et c'est tant mieux !
L' Acrocorinthe fait partie des plus belles forteresses de Grèce dont les remparts témoignent des vagues d'occupation successives. Ainsi, si les remparts datent de l'époque hellénistique (IIIe siècle avant JC), les Francs, les Byzantins (qui ont ajouté de nouvelles fortifications), les Ottomans, (deux fois !!! En 1458 puis en 1715 - z'ont d'la suite dans les idées, eux !!!), les Vénitiens, et, enfin, les Grecs en 1822, tous ont apporté leur patte à l'édification de la citadelle.
Aujourd’hui, les vestiges des différentes périodes se remarquent sitôt franchies les 3 portes qui en défendaient l'accès : murs de maisons et d'églises byzantines qui se mêlent aux ruines d'anciens temples, tours vénitiennes et mosquées ottomanes qui cohabitent ! Par contre, les multiples occupations n'ont plus rien laissé de l'antiquité !
Selon la mythologie grecque, le premier propriétaire de la région a été le roi de BELLEROPHON qui a dédié toute la zone à HELIOS, le dieu du soleil.
L'histoire de BELLEROPHON est singulière...
Au cours d'une partie de chasse, il tue son frère par inadvertance le confondant avec un sanglier (ben tiens !!!). Selon la loi de CORINTHE, il sera purifié de son crime lorsqu'il trouvera une nouvelle cité près à l'accueillir.
C'est à TIRYNTHE, un ancien bled situé entre les actuelles ARGOS et NAUPLIE, bled dont PROETOS est le roi, que BELLEROPHON trouve refuge.
PROETOS a une femme un peu volage qui, dès le premier soir de l'arrivée de BELLEROPHON, comme ça, sans préambule, se glisse dans sa chambre pour lui déclarer son amour !!! C'est pas à moi qu'ça arriverait, ça ! Dès le premier soir ? C'est inespéré !!!
Bon. BELLEROPHON, lui, ne voulant pas trahir le roi qui lui a si gentiment offert l'hospitalité, refuse les avances de la belle. Ni une ni deux, se sentant humiliée au plus haut degré de n'avoir pas été prise (??!!), elle l'accuse dès le lendemain, et publiquement, de viol !
Son mari PROETOS se doit de réagir, non ? Selon les lois de l'hospitalité, il ne peut occire son hôte. Alors il va user d'un fin stratagème pour le faire tuer à sa place ! Il demande alors à BELLEROPHON d'aller porter une lettre à LOBATES, son beau-père, lettre qui l'incite à tuer le violeur de sa fille et par extension, de sa femme !
Ben oui, mais BELLEROPHON est aussi hôte de LOBATES !!! Et la loi de l'hospitalité est la même ici qu'à TIRYNTHE !!!
LOBATES, fin stratège lui aussi, va donc proposer à BELLEROPHON de faire amende honorable en tuant la CHIMERE qui lui empoisonne l'existence !
Il faut dire que la CHIMERE est un monstre redoutable : corps et tête de lion crachant du feu, queue de serpent, etc...
BELLEROPHON accepte, et pour être sûr de réussir son coup, il va voir un devin qui lui prédit une victoire à la condition où la CHIMERE soit vaincue par les airs...
Seule solution pour BELLEROPHON : trouver PEGASE, le dompter et flinguer la CHIMERE ! Elle ne va pas se laisser faire, la bestiole ! Ni les flèches décochées par BELLEROPHON, ni les coups de sabots de PEGASE ne blessent le monstre. C'est grâce à un morceau de plomb posé au bout d'une lance et lancée dans sa gueule que BELLEROPHON réussit à la tuer ! Ben oui... La CHIMERE recevant la lance, se met à cracher du feu qui fait fondre le plomb, et hop ! Au tapis la bestiole !
De retour, BELLEROPHON annonce la nouvelle à LOBATES qui, loin de se réjouir de n'avoir pu éliminer le soi-disant violeur de sa fille, lui ordonne d'aller combattre des guerriers sanguinaires ! Ouh la la !!! Mais BELLEROPHON, fort de son exploit contre la CHIMERE, n'a plus peur. Il fait un massacre et revient, une fois de plus, victorieux !
LOBATES, n'y tenant plus, l'envoie se battre à nouveau contre les AMAZONES, ces femmes guerrières !... Sans plus de réussite, las, il dégaine sa dernière arme : ses propres gardes, qui se font à leur tour ratatiner !
Pour BELLEROPHON, tous ces défis finissent par le lasser à son tour, et après avoir décimer les gardes de LOBATES, il s'en va lui demander des comptes.
Acculé, LOBATES lui avoue les raisons de tous ces combats en lui montrant la lettre écrite par PROETOS...
(Vous suivez toujours ???)
Tous s'accordent pour dire que ce prétendu viol est faux. Pour se faire pardonner, LOBATES lui offre sa seconde fille (PHILIONE) et le désigne comme son successeur.
Quand à STENEBE (c'est le nom de la femme de PROETOS qui voulait coucher avec BELLEROPHON), elle a été punie en voulant fuir la cité de son mari... PEGASE s'en est chargé. L'invitant à monter sur son dos, il pris son envol et, une fois dans les airs, il lui a suffi de se cabrer pour que STENEBE dégringole et s'écrase quelques étages plus bas !
C'est y pas un beau conte, ça ?
En fait pas vraiment ! BELLEROPHON, fort de toutes ses réussites, s'est pris de vouloir siéger, lui aussi, à la table des dieux... Mal lui en a pris ! ZEUS, le dieu des dieux, a fait choir BELLEROPHON de PEGASE, le rendant aveugle et boiteux !
Au moins, y'a une justice contre l'orgueil et le meurtre !
Bon. Bref.
L'Acrocorinthe, c'était le cadeau de BELLEROPHON à la déesse APHRODITE qui, elle-même, l’a offert à son tour à MEDEE qui, pour la remercier, a fait construire un temple au sommet de la cité en l'honneur de la déesse.
Ainsi, dans l’antiquité, l'Acrocorinthe était vouée au culte d'Aphrodite (ne pas confondre avec le cul d'Aphrodite qu'on disait très beau !!!) à laquelle des esclaves sacrés offraient leurs services. Jusqu'à 1000 prostituées œuvraient sur le site... Un gros bordel quoi ! En plus, tout l'argent dépensé dans ces parties de jambes en l'air grossissait le trésor du temple !
Bon. On s'écarte un peu du sujet...
J'ai claudiqué une bonne partie de la journée avec ma béquille, mon plâtre et mes tongs ! L'équipement idéal pour crapahuter dans les cailloux mêlés de chardons !!!
Mais quel spectacle !
En plus ! Tiens ! Avez-vous remarqué cette drôle de singularité de la nature ?
La nature dessine un cœur sur les remparts ! Quelle poésie après les aventures tumultueuses de BELLEROPHON !!!