Suite et fin de la visite d'IHLARA...
Ici la YILANLI KILISE, ou plus simplement l'église au serpent, mais le Minh a eu beau chercher parmi les peintures des murs et du plafond, il n'a rien trouvé de semblable !
Dans la Bible, nous dirait-il, le serpent représente la personnification du Diable. Il apparaît pour la première fois dans le jardin d’Éden. De nos jours, certains croyants font du serpent le symbole de la tentation, eu égard à son rôle auprès d'Eve juste avant le geste de la désobéissance, lorsque Eve cueille la pomme et qu'Adam la croque ! Mais le Minh vous dirait encore que toute cette histoire de pomme ne figure aucunement dans le texte hébraïque !
Et oui, ne vous avais-je pas promis dans le précédent article de vous faire découvrir Minh le mousse comme l'érudit qu'il est en la matière ?
Pour cette photo, ce n'est pas le mousse qui parle ! Évidemment ! ... Pourtant, c'est un peu comme une église, une chapelle quoi. Fait de bois flotté, apporté par la rivière, et assemblé en artiste par un mec du coin ! Un entrelacs de branches où, en y regardant bien, outre les personnages qui sont faciles à voir, c'est tout un tas d'animaux fantastiques qui se cachent au milieu de tout ce fatras !
On est dans l'AĞAÇALTI KILESESI et son plafond aux motifs géométriques qui accordent parfaitement les sépia, ocre jaune et vert manganèse !
Par contre, selon le mousse, la coupole est plus explicite même si, manifestement, l'artiste peintre est empli de liberté. En tout cas, plus que d'autres artistes qui se plient davantage aux codes de l'église byzantine !
Par exemple, il n'y a pas de symétrie dans la disposition des personnages. Et on n'y voit pas le portrait ni du Sauveur, ni de sa Mère (Jésus et Marie !!!). La seule évocation de la figure christique est située au milieu de la photo avec la croix grecque, croix carrée à branches égales, noire sur fond blanc, alors que la croix latine s'inscrit dans un rectangle avec la branche principale plus grande que l'autre.
La traduction globale de cette fresque suggère au Minh que cette église ne porte pas une grande attention au culte marial (le culte de Marie). Par contre, vu que tous les hommes sont barbus, on est bien dans l'univers sémitique !
Ah ben oui. Là, on est dans le sujet de prédilection du Minh, et forcément, outre de devoir bien écrire, sans enluminure, sans abréviation, ni onomatopée, la prose très technique, presque scientifique, s'impose !
Bref interlude avec l'instant détente en compagnie de 3 animaux fantastiques !
La balade se poursuit dans un mi ombre très agréable pour le regard et pour les photos !
Il nous faut parfois changer de rive... Et c'est l'occasion de voir le Minh à l’œuvre !... D'habitude, enfin, souvent, c'est le moment où il se passe quelque chose... Mais là, rien. Juste que le Minh n'a pas glissé, ni perdu une chaussure dans le courant, ni même mis un pied dans l'eau. C'est assez rare pour le préciser !!!
On arrive au clou du spectacle ! L'EĞRITAŞ KILESI !
Et c'est maintenant qu'il va falloir vous accrocher !
- Minh ?
- C'est à toi !
J'ai numéroté les étapes d'analyse des peintures pour que vous puissiez suivre le raisonnement du Minh !
En I, scène du lavement des pieds du Nazaréen, selon la tradition de l'hospitalité au Moyen-Orient.
En II, la femme qui procède au lavement porte la main à sa bouche. Or dans l’Évangile, il est dit que celle qui parle trop est Marthe. On peut penser que si elle porte la main à sa bouche, c'est pour s'excuser de trop parler. Si Marthe est là, sa sœur Marie n'est pas loin !
En III, et sous le III exactement, on voit un visage féminin contemplatif. Il peut s'agir de Marie. Si Marthe et Marie sont là, alors il est très probable que Lazare non plus n'est pas loin. En effet, on le retrouve sur la droite de Marie, donc à gauche sur la photo.
Puisque le Nazaréen se fait laver les pieds en présence de Marie et de Lazare, c'est qu'il est leur hôte du moment. Un détail succulent suggère au Minh qu'une fête est en préparation. En effet, en IV, apparaît un jeune serviteur portant une volaille bien dodue ! Y' aurait donc festin chez Marthe et Marie en l'honneur du Nazaréen !
La fresque montre également, en V, un personnage masculin drapé de rouge, qui serait Joseph en songe.
Pour le reste, on vous laisse sur votre faim !!!
Cette fresque-ci représente la Fuite en Égypte.
En I et II, on voit une femme assise sur un âne fort robuste. Il peut s'agir de Marie puisqu'on voit en III un enfant dans ses bras.
Le IV montre une maison devant laquelle se tiennent les deux propriétaires. Or, la femme en V porte une coiffe qui semble égyptienne. En VI ce serait son époux.
La conjugaison de la femme coiffée à l'égyptienne avec Marie et son enfant sur le dos d'un âne fait donc faire penser à la Fuite en Égypte.
Un peu plus loin dans la vallée, c'est une église toute noire, comme couverte de suie. D'ailleurs son nom en anglais est « Dark Castle Church »... Contrairement à la précédente bâtie dans une falaise qui s'est écroulée de moitié, celle-ci profondément ancrée dans la roche, est restée intacte...
Dans une région où l'eau est si rare, ici où elle abonde, c'est toute une faune volante qui fourmille. Pas vraiment agréable, mais en contre jour, c'est pour le moins original, non ?
Les falaises qui, ici, ne sont pas faites de tuf, mais bien de roches striées de veines plus tendres, ne résistent pas aux secousses telluriques un peu fortes qui font tomber des pans entiers ! Mieux vaut ne pas être dessous !!!
Le Minh, maître érudit, dans une forêt presque primaire !... Quelle contraste !
Quand à moi, ben... On peut se demander, non ? Suis-je l'âne où le berger ?