PONZA, 2h30 du matin. Tandis que mon voisin de chalutier largue ses amarres pour une nouvelle journée de pêche, moi, je me suis fait une salade : carottes râpées, tomates de différentes couleurs, basilic et philadelphia, un peu d'Aznavour et 1 verre de vin rouge.
Comme j'ai allumé quelques lumières et que je n'ai pas de branchement au quai, je surveille ma consommation via le gestionnaire de batterie. Et je découvre que les panneaux solaires arrivent à fabriquer du courant avec la seule lumière des spots qui illuminent le quai. Il n'y a pas de vent, donc ce n'est pas l'éolienne qui produit.
Ici, à PONZA, avec mes seules ressources autonomes d'énergie, je vis presque normalement. J'ai le frigo branché en permanence, je m'éclaire la nuit venue, et elle vient tôt (!), je fais fonctionner les robinets d'eau, le lecteur de CD, je me fais du café au percolateur en branchant le convertisseur, je recharge les appareils de caméra et photo, ..., bref, comme à la maison. Je pourrais regarder la TV et un film sur DVD, du moins de jour, quand le soleil est de la partie, ...
En fait, il y a 2 choses qui manquent, même si je peux y remédier facilement : 1/ Le chauffage. Il me suffirait d'appuyer sur un bouton pour diffuser de l'air chaud dans tout le bateau. Chauffage au gazoil, mais sans odeur. Il faut juste un peu d'électricité pour faire fonctionner la pompe qui amène le gazoil à l'appareil de combustion. 2/ L'eau chaude pour prendre des douches. Il me suffit de faire tourner le moteur pendant 1 30taine de minute et c'est bon. Pour le chauffage, pour le moment, les nuits sont à 15°. Avec les duvets et couverture, ça va. C'est un peu frais, mais c'est vivifiant ! Et pour l'eau chaude, je me suis déjà lavé la semaine dernière... Je plaisante... En fait je profite à chaque arrivée dans un port de l'eau chaude que le moteur a fabriqué.
« Les panneaux solaires arrivent à fabriquer du courant avec la seule lumière des spots qui illuminent le quai. »
Agréable découverte, bonne surprise ! En amont, l'autonomie a été bien pensée et bien préparée, grâce au salaire versé par Louis le Quatorzième.
Le mot salaire vient du latin salarium, dérivé de sal, le sel, ressource indispensable pour conserver la viande. Il désignait initialement la ration de sel fournie aux soldats romains (salarium), puis désigna l’indemnité en argent versée pour acheter le sel et autres vivres (salarium).
Salaire acquis dans la sueur de l'esclavage, avec des courbatures intenables pour avoir été contraint de courber l'échine.
Le sel symbolique, acquis au cours de ces années d'esclavage, tu le redonnes à présent à la mer. Juste retour des choses.
Ton « confort » de maintenant, savoure-le sans aucun scrupule ! Confort tout à fait relatif, indigne d'un croisiériste certes, mais ô combien appréciable pour un philosophe – φιλόσοφος - FILOSOFOS , étymologiquement, un amoureux de la sagesse.
Aucune démesure dans ton « confort ». Seulement, ce qui est raisonnable. Éloge à la « convenienza » découverte l'été dernier lors de l'escapade ligure.
Merci pour la peinture toute en nuances de ton intérieur, dans tous les sens du terme. On y trouve la beauté de l'authenticité, si bien magnifiée sur les premières illustrations de ta prochaine escale.