Balade du côté de la pointe de TREVIGNON.
Depuis quelques jours la mer se fait mauvaise. Et plus mauvaise elle est, plus belle elle devient ! Comme quoi... Faut-il en tirer des conclusions ?
Au creux d’un coquillage
Que vienne l’heure claire
Je cueillerai la mer
Et je te l’offrirai.
Y dansera le ciel
Que vienne l’heure belle.
Y dansera le ciel
Et un vol d’hirondelle
Et un bout de nuage
Confondant les images
En l’aurore nouvelle
Dans un reflet moiré
Dans un peu de marée
Dans un rien de mirage
Au fond d’un coquillage.
Et te les offrirai.
Les arbres tombant, sans feuilles.
Amie de la nature qui juge ce qui n’est pas,
Ouvre ton cœur à l’espoir d’un demain sans nuages,
Tu sais que rien ne te touche, rien que le silence d’une vie
La tienne
Vie sacrifiée, un jour sans toi.
L’ajonc fleurit et la bruyère est déjà rose.
La terre des vieux clans, des nains et des démons,
Ami, te garde encor, sur le granit des monts,
L’homme immobile auprès de l’immuable chose.
Nature au cœur profond sur qui les cieux reposent,
Nul n’aura comme moi si chaudement aimé
La lumière des jours et la douceur des choses,
L’eau luisante et la terre où la vie a germé.
Et tôt revient du fond du ciel le dieu pensif
Au front enseveli dans l’encens des nuages,
Bercé par le sanglot des eaux sur les récifs,
Les cris des cormorans et des oiseaux sauvages.
D'la mousse et des bulles !
Souvent à la clarté rouge d’un réverbère
Dont le vent bat la flamme et tourmente le verre,
Au cœur d’un vieux faubourg, labyrinthe fangeux
Où l’humanité grouille en ferments orageux,
On voit un chiffonnier qui vient, hochant la tête,
Butant, et se cognant aux murs comme un poète,
Et, sans prendre souci des mouchards, ses sujets,
Epanche tout son cœur en glorieux projets.
Il prête des serments, dicte des lois sublimes,
Terrasse les méchants, relève les victimes,
Et sous le firmament comme un dais suspendu
S’enivre des splendeurs de sa propre vertu.
Oui, ces gens harcelés de chagrins de ménage
Moulus par le travail et tourmentés par l’âge
Ereintés et pliant sous un tas de débris,
Vomissement confus de l’énorme Paris,
Reviennent, parfumés d’une odeur de futailles,
Suivis de compagnons, blanchis dans les batailles,
Dont la moustache pend comme les vieux drapeaux.
Les bannières, les fleurs et les arcs triomphaux
Se dressent devant eux, solennelle magie !
Et dans l’étourdissante et lumineuse orgie
Des clairons, du soleil, des cris et du tambour,
Ils apportent la gloire au peuple ivre d’amour !
C’est ainsi qu’à travers l’Humanité frivole
Le vin roule de l’or, éblouissant Pactole;
Par le gosier de l’homme il chante ses exploits
Et règne par ses dons ainsi que les vrais rois.
Pour noyer la rancœur et bercer l’indolence
De tous ces vieux maudits qui meurent en silence,
Dieu, touché de remords, avait fait le sommeil;
L’Homme ajouta le Vin, fils sacré du Soleil !
Dans vos yeux
J’ai vu s’amasser l’ivresse
Et d’une longue caresse
J’ai clos vos grands cils soyeux.
Mais cette ivresse fut brève
Et s’envola comme un rêve
De vos yeux.
La barque est petite et la mer immense ;
La vague nous jette au ciel en courroux,
Le ciel nous renvoie au flot en démence :
Près du mât rompu prions à genoux !
De nous à la tombe, il n’est qu’une planche.
Peut-être ce soir, dans un lit amer,
Sous un froid linceul fait d’écume blanche,
Irons-nous dormir, veillés par l’éclair !
Fleur du paradis, sainte Notre-Dame,
Si bonne aux marins en péril de mort,
Apaise le vent, fais taire la lame,
Et pousse du doigt notre esquif au port.
Nous te donnerons, si tu nous délivres,
Une belle robe en papier d’argent,
Un cierge à festons pesant quatre livres,
Et, pour ton Jésus, un petit saint Jean.
Une heure pour la Planète
C’est ce que j’ai donné
A notre amie Nature
Pour la préserver
Eteindre la lumière
Et l’ombre apprivoiser
Pour allumer la Vie
Continuer de s’aimer
Et finalement, que sommes-nous si ce n’est qu’une infinité d’infimes…?
Que seraient les nuages sans
Les milliards de gouttes de pluie
Qu’ils contiennent ?
Que serait la plage (le désert) sans
Les millions de grains de sable
Qui s’y trouvent?
Que serait le vent sans
Les milliers de feuilles
Qu’il effleure ?
Que serait la ruche sans
Les centaines d’alvéoles
Qu’elle renferme?
Que serait la nuit sans
Les milliards d’étoiles
Qui la tapissent?
Que seraient nos terres sans
Les millions de graines
Qui l’embellissent?
Que seraient nos mers sans
Les milliers de planctons
Qui y vivent?
Que seraient nos vêtements sans
Les kilomètres de filaments
Qui les tissent?
Que serions-nous sans
La multitude de cellules
Qui nous assemblent ?
Qui serions-nous sans
Les innombrables battements
dans nos coeurs ?
Ce sont là des merveilles, des chefs-d’oeuvres plantés dans un décor de rêve, notre Terre, la seule et unique que nous ayons, ce joyau irremplaçable, cette immémoriale scène éphémère teintée d’ambroisie, ce bleu caillou que nous ne saurions recréer.
Et cet(te) infime, cette imperceptible beauté dans la Nature, ce minuscule si indissociable du Tout, en se répétant, force notre admiration, nous interpelle sur sa genèse, tout en nous invitant à y vivre avec humilité et dans un état de grâce inégalé.
Nashmia Noormohamed, 2016
L’orage s’ammoncèle et pèse sur la dune
Dont le flanc sablonneux se dresse comme un mur.
Par instants, le soleil y darde un faisceau dur
De rayons plus blafards qu’un blême éclat de lune.
Les éclairs redoublés tonnent dans l’ombre brune.
Le pêcheur lutte et cherche en vain un abri sûr.
Bondissant en fureur par l’océan obscur,
L’âpre rafale hurle et harcèle la hune.
Les femmes, sur le port, dans le tourbillon noir,
Gémissent, implorant une lueur d’espoir…
Et la tempête tord le haillon qui les couvre.
Tout s’effondre, chaos, gouffre torrentiel !
Sur le croulant déluge, alors, voici que s’ouvre
En sa courbe irisée un splendide arc-en-ciel.
J’aime les soirs sereins et beaux, j’aime les soirs,
Soit qu’ils dorent le front des antiques manoirs
Ensevelis dans les feuillages ;
Soit que la brume au loin s’allonge en bancs de feu ;
Soit que mille rayons brisent dans un ciel bleu
A des archipels de nuages.
Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers.
Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
Amer savoir, celui qu’on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd’hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image :
Une oasis d’horreur dans un désert d’ennui !