A ATHENES, les graffitis sont légions. Et même si ce n'est pas le sujet du jour, celui-là m'ayant bien inspiré, ben j'vous le montre !
Le sujet du jour, c'est SOUNION. Et ce jour-là, on s'est dit qu'on reverrait avec plaisir le cap du même nom, surmonté de son temple dédié à POSEIDON !...
La météo des gens de la terre n'est pas optimale... Ciel légèrement plombé. Mais c'est aussi pour ça qu'on est venu ! On s'est dit que, avec un peu de chance, au couchant, le soleil réussirait à se glisser sous la couche de nuages. Et quoi de mieux qu'un ciel de contraste pour magnifier les couleurs et accentuer les contraires : végétation / roche, mer / terre, ombre / soleil...
Alors on a patienté une paire d'heures...
Et le miracle s'est produit ! Mais pas bien longtemps !!! A peine une petite minute. Bon. C'est déjà ça !
Jolis paysages enturbannés de nuages...
Le mouillage de SOUNION. Et dire qu'il y a à peine deux mois, on était là, au milieu de la horde, à contempler, comme les autres, ces vestiges d'un autre temps !
Y'a encore du monde en fait !
C'est très agréable de découvrir le lieu par la terre après l'avoir découvert par la mer !
A la nuit, le temple s'éclaire.
Oui... Je sais. Mes légendes ne vous apportent rien !
J'aurais pu vous parler du temple comme suspendu au-dessus de la mer EGEE, des colonnes en marbre blanc qui reflète les derniers éclats du jour, de cette aura de lumière qui rayonne autour du temple lorsqu'il s'illumine par la force des projecteurs et de cette foule bigarrée qui sent bon la lessive et qui s'extasie bruyamment devant les ruines...
Comme souvent pour nombre de Nations, la grandeur d'un peuple provient souvent de son passé prestigieux. Celle de la puissance Hellène a culminé sous Alexandre, mais les Grecs dominaient la Méditerranée depuis 600 ans alors. Son héritage éclaire de sa science la conscience européenne. Par sa domination navale, "mare nostrum" aurait pu être sa devise. Des grandes batailles du passé, comme SALAMINE, on retiendra l'invention de la trière, et plus tard, de la paternité des plus gigantesques navires ayant jamais flotté durant l'antiquité. C'était l'âge des "hyper-galères", pentères, heptères et autres tesseracontères nées des royaumes post-alexandrins, instruments de puissance déjà dévoyés...
Mais qu'en est-il de la marine grecque en 1939 ? Tout d'abord, il faut mentionner l'histoire tourmentée de la Grèce moderne, occupée jusqu' en 1821 par les Turcs, ennemis jurés, et pourtant résidents d'un territoire qui jadis fut sien. La rivalité gréco-turque était une réalité en 1914. Elle l'était toujours en 1939, et peut-être plus encore... Ces deux flottes avaient un tonnage comparable né d'une politique de réponse "unité-pour-unité", et l'éventualité d'une guerre entre les deux nations, était encore très possible, des années après le conflit des Balkans en 1910. Mais la Turquie moderne, celle de 1939 n'avait plus la puissance de l'empire ottoman, brisé et dépecé par les alliés, et ne pouvait même espérer un retour à la grandeur passée. Par contre, un ennemi avait éclot depuis 1922, qui autrefois allié, devenait chaque jour plus menaçant : L'Italie fasciste. Dès 1923, la flotte Italienne bombarda à la suite d'un incident de frontière en Albanie, la ville grecque de CORFOU.
Les appétits du Duce sur les Balkans et sur le Nord-Ouest de la Grèce procédaient à la fois de considérations stratégiques, de vieilles revendications territoriales, de prestige, et de souvenir du temps où la Grèce n'était qu'un pays parmi d'autres autour du grand lac romain, une province brillante et encore admirée, mais dont la grandeur passée s'étiolait déjà. Après l'affaire d'Ethiopie, le Duce rêvait d'une conquête autrement plus symbolique et encore facile pour l'armée Italienne. Mais le contexte ne s'y prêtait guère et Mussolini essayait encore de ménager la Société Des Nations... L'affaire sera remise à 1940: Devant les conquêtes spectaculaires de la Wehrmacht, le commando supremo voulait démontrer que son armée n'était pas d'opérette. Si sur le papier, l'armée grecque était largement dominée, comme les Finlandais par les Russes, sa marine n'était pas plus en mesure d'opposer une résistance à la Regia marina, vingt fois supérieure en tonnage et composée d'unités plus modernes.
L'armée grecque se composait jusqu'en 1930 de deux "unités de ligne", un nom sur un papier, et en réalité le Kilkis et le Lemnos n'étaient autres que de vieux pré-dreadnoughts américains achetés à bas prix en 1914. En 1930, ils n'avaient pas été modernisés, le premier servait de navire-école, placé en réserve. Le second était désarmé depuis 1937 et servait de ponton. Avec leur protection et 4 pièces de 305 mm, ils étaient théoriquement redoutables en face de croiseurs, même lourds, mais ne faisaient absolument pas le poids en face de dreadnoughts comme les Cavour et moins encore face au Littorio, issu d'une troisième génération. Le seul véritable navire de combat effectif était le GIORGIOS AVEROFF, un croiseur-cuirassé construit sur commande en Italie. C'était une belle unité, mais datant de 1910 et légèrement modernisé, il était d'une valeur militaire discutable... Il fut toutefois préservé et constitue l'un des rares témoins existant à ce jour de ce type ancien de navire. L'autre croiseur, le Helle, était un ex-croiseur léger Italien construit initialement pour la Chine. Mais par le tonnage, l'apparence comme les dimensions, ce navire avait plus à voir avec un destroyer en 1939.
Plus modernes étaient en revanche ses unités "légères". Comme bien d'autres flottes de second ordre, elle ne pouvait compter que sur ses destroyers et une poignée de submersibles, qui comme toujours étaient le fruit de commandes et non de construction locale. Cela n'empêchait pas la Grèce de bénéficier d'une académie navale ancienne et réputée, de centres de formation, et de chantiers bien équipés, notamment au port du Pirée, principale base navale grecque avec SALAMINE. Par ailleurs, la Grèce avait un arsenal à Athènes et un autre à Thessalonique. La Grèce n'avait pas de fournisseur attitré. Au 19e siècle, elle était, comme beaucoup de pays économiquement faibles, fascinée par les théories de la jeune école française, qui prétendait mettre en difficulté une supériorité navale classique écrasante par des moyens réduits mais nés des révolutions technologiques. Elle utilisa ainsi des torpilleurs, fit construire un garde-côte cuirassé en France, le Spetsai, encore en service en 1929. Elle commanda par la suite ses 6 submersibles à la France. Pour ce qui est des destroyers, elle fit confiance aux Italiens, toujours bon marché, et aux Britanniques, spécialistes incontestés. Elle avait par ailleurs 7 destroyers plus anciens, 8 torpilleurs, 4 mouilleurs de mines aux origines disparates et pour le moins polyvalents, 2 vedettes lance-torpilles ( type Thornycroft ). 8 autres ( Vosper ) furent commandés à la Grande-Bretagne en urgence en 1940, mais furent réquisitionnés par cette dernière et jamais délivrées.
L'Italie envahit l'Albanie et l'annexa en avril 1939, et se constitua une base pour attaquer en octobre 1940 la péninsule hellénique. Très vite ses armées s'enlisèrent dans la boue, la neige, les montagnes grecques, sous le feu résolu de soldats opiniâtres et parfaitement acclimatés au terrain. L'offensive tourna à la déconfiture... La maigre flotte grecque n'intervint pas et ne fut pas inquiétée, Mussolini pensait sans doute parvenir à capturer sa flotte plutôt que de la détruire, en prenant ses ports par l'intérieur assez vite pour déjouer des tentatives de sabordage. En 1941 par contre, la Wehrmacht fit sans surprise en été et en un temps record ce que les Italiens ne purent effectuer. La marine grecque fut mobilisée pour la défense des îles de la mer Egée, afin d'éviter un débarquement au sud du front. Mais l'offensive allemande n'épargna aucune baie, aucun port ou arsenal grec, et ses faibles effectifs qui n'avaient pu fuir vers des ports alliés ( Malte notamment ) furent systématiquement coulés en rade ou en mer par des nuées de Stukas. La plupart de ces navires avaient, comme beaucoup à l'époque, une faible DCA. Seul le GIORGIOS AVEROFF échappa au désastre.
En 1942, la Grèce était, comme le reste des Balkans, tombée sous le joug nazi, la croix gammée flottant sur la Parthénon. Comme ailleurs, des mouvements de résistance et de partisans se développaient. Les marins grecs résistèrent également : Ceux qui avaient pu rallier, sur leurs unités, l'escadre britannique de la Méditerranée, reprirent du service au sein de la Royal Navy. Et tous ceux qui fuyèrent et s'engagèrent au cours des années 1942-44, furent affectés à des navires également prêtés par sa gracieuse majesté. Derrière, il y avait la volonté de Churchill, chaud partisan d'une offensive au sud de l'Europe, le "ventre mou" du Reich, qui passait par une aide copieuse et volontariste aux résistances des Balkans.
C'est ainsi qu'à côté de ses unités survivantes, une nouvelle "flotte grecque", fruit de locations et de transferts, naquit à partir de 1942 et se vit disposer de 2 destroyers, 6 destroyers d'escorte, 4 corvettes, 4 submersibles, ainsi que des dragueurs de mines britanniques, et des unités américaines, un chasseur de submersibles et 4 LST. Plusieurs furent encore perdus au combat et engagés contre les Italiens puis les Allemands, certains luttant même contre d'anciens navires grecs capturés et réutilisés par ces derniers. Sortie auréolée de ces combats en 1945, la Grèce s'enfonça néanmoins dans une guerre civile puis une dictature, mais qui n'entachèrent aucunement le prestige de cette lutte.
Et donc voilà. on a visité le GIOGIOS AVEROFF.
Enfin, je termine avec les environs du port à sec (shipyard ALMIRA) situé non loin de CORINTHE. C'était un Anglais à POROS qui nous avait vanté ce port et sa communauté !!!
Bon. Je ne vous montre pas le port... On pourrait m'attaquer en justice ! Juste son environnement nauséeux immédiat !!! Le port, lui, c'est barbelé, miradors et caméras de surveillance !!! Je préfère 1000 fois les 4 chiens de KALYPSO !
Allez, une dernière photo. Ce n'est pas la plus belle. Mais moi, ce genre de paysage, ben ça m'apaise ! C'est cette mer là que j'aime : vide, esseulée, avec seulement un semblant d'activité humaine !