Amoché de partout, il m'a bien fallu récupérer l'auto... J'ai pas les moyens de m'offrir le taxi dès que je dois aller quelque part à ATHENES. Et notamment pour les visites de surveillance que je dois faire régulièrement à l'hosto !
Bon. Là, je nous cherche un hôtel ou un AIRBNB... Ca va vite me saouler, ça !
Regardez bien... Je suis un mutant ! Un troisième bras est venu seconder celui qui est cassé !
Quelle victoire ! Après 10 jours d'immobilité totale, j'ai réussi à gravir la colline FILOPAPPOU ! 147 mètres de dénivelé ! C'est à son sommet qu'on trouve un monument en l'honneur du sénateur ANTIOCHUS EPIPHANES PHILOPAPPUS, bienfaiteur de la cité d'ATHENES, fils de CAIUS JULIUS ARCHELAUS ANTIOCHUS EPIPHANES et petit-fils du dernier roi de COMMAGENE ! Il est aussi dans la lignée d'un certain TIBERIUS CLAUDIUS BALBILLUS MODESTUS qui a été préfet d'EGYPTE sous NERON !
- Quoi ? Vous ne connaissez pas TIBERIUS CLAUDIUS BALBILLUS MODESTUS ? Fils de THRASYLLE DE MENDES, ami personnel de l'empereur TIBERE de la dynastie JULIO-CLAUDIENNE ?
- Honte à vous, tiens !
En tout cas, l'a l'air content de son exploit, lui !
Des fois, comme ça, alors que rien ne s'y prête vraiment, un peu comme ici avec ce cadre somptueux du PARTHENON au soleil couchant, quand la cité athénienne nous offre presque un souffle de sa splendeur d'antan, ben je pense encore à ces vagues qui ont fait presque s'écraser le ZEF sur son quai à AMALIAPOLIS !!! Ces quelques instants avant ma chute brutale sur le béton du môle ! J'y repense avec une crainte rétrospective, une peur même ! Ca a commencé avec la bouteille de vin qui a valdingué dans le cockpit. Puis les assiettes pleines de semoule, les verres, les couverts... Et dedans, ce sont tous les bocaux de la cuisine qui ont jailli de leurs étagères pour finir par s'entrechoquer dans le carré, dans un tintamarre de tous les diables !
Je n'ai pas vu tout ça. Dehors j'étais. Moi, j'ai vu le quai avec le ZEF prêt à lui tomber dessus de plein fouet.
Quand je vois la photo du ZEF pris depuis la passerelle du petit ferry amarré en parallèle au bateau (mais du bon côté du quai, lui...) et que je vois mes amarres avant et arrière molles et mes gardes tendues, (la photo est dans "un article pas drôle du tout") j'ai du mal à me représenter la danse du ZEF ! Les gardes tendues ont peut-être freiné les forts mouvements de gite ? En tout cas, j'imagine aisément un arc de roulis de peut-être pas 90°, mais un bon 70°, oui !
Elle est bizarre cette combinaison entre mes amarres molles et mes gardes tendues ! Normalement, c'est mieux de mettre du mou partout, non ? Quand y'a du tangage, oui ! Mais dans un épisode de fort roulis ??? En plus, y'a dû avoir un sacré ressac !!! C'est peut-être ce ressac qui a empêché le ZEF de se jeter sur le quai, même si il a dû accroitre fortement l'amplitude des vagues !
Bref. Ces instants me reviennent souvent dans la tête... Et je n'ai pas encore une vision très claire de tout cela ! Ai-je eu de la chance, en fait, ou pas ??? Le ZEF a heurté le quai. Oui. J'en suis certain. J'ai entendu le choc. Mais j'ai vu aussi qu'il y avait une défense bien placée. Et puis il ne l'a heurté qu'une seule fois. Il aurait pu aussi lui monter dessus, s'éventrer, se briser...
Et moi pareil !
- J'aurais pu tomber très mal ! Non ? Sur le dos ou sur la tête... Où coincer mes jambes entre le ZEF et le quai... Et là, en charpie le mec ! Pire encore, j'aurais pu tomber entre le ZEF et le quai... Et là, plus de Pierrot !
- Ouais, ouais !... T'aurais pu aussi ne pas tomber, non ?
- Ah oui ! C'est vrai... J'aurais pu ne pas tomber aussi !!!
Bon. Une convalescence à ATHENES, c'est mieux qu'à LYON. On s'trouve des apparts sympas, on mange bien grâce au mousse Minh, et on boit bien grâce à moi !
D'ailleurs, v'l'a le mousse !
On s'désaltère comme on peut !
Le CLOUDBREAK... Il dépasse tout le monde de beaucoup... C'est à la marina de ZEA. J'le voulais bien, moi, histoire de changer de monture... Mais à 750 000 € la semaine, j'ai trouvé ça un poil cher...
Minh lui préfère celui-là. YALLA. OK. Je suis d'accord. Bon. Va p'être falloir casser la tirelire quand même, hein ?
En attendant, on s'balade à la mer. Ici, les voitures viennent directement sur le sable se mettre à l'ombre des tamaris...
Comme ça, on peut regarder la mer sans même descendre de la bagnole !
Et moi, personnellement, ça me va !
Comme ça, je peux m'distraire sans me fatiguer...
Ah oui, tiens ! Tant qu'on est au bord de la mer et qu'y'a rien à faire d'autre... Je repense à LUSIADES. Y z'avaient prévu un hivernage en GRECE. Mais 17 mètres et 25 tonnes à lever, ben y z'ont préféré se diriger vers FARO au PÖRTUGAL, parce que c'est moins cher ! Bon. Ben voilà. On ne les reverra plus ! Ca me rend triste, un peu !
Marie-Odile avait écrit un joli texte sur notre seconde rencontre sur les quais de VOLOS. Je vous en livre une partie !
"Le grand cadeau, c’est de voir un jour pointer son museau le Zéphyros ailé, avec son grand escogriffe de capitaine en figure de proue et son vaillant mousse en vigie : nos amis Pierre et Minh, avec qui depuis notre rencontre aussi éphémère que marquante, à Poros l’an dernier, nous avons échangé par mails, journal de bord et blog. Impression de retrouver de vieux amis, tant la complicité est grande, et ne fera que s’approfondir dans la semaine passée en voisins, en convives et en compagnons de navigation.
En vrac (et nous ne jetterons rien) :
L’humour gouailleur, la fantaisie et la bonne humeur de Pierre, le Philémon aux pieds nus, pratique et rêveur, capable d’envolées lyriques et de sauts de chat sur le pont pour enjamber le vide et amarrer en toute efficacité et vélocité les aussières de Lusiades. Je le surnomme l’oiseau-lyre, au plumage coloré et varié, aérien, vif et léger. J’adore le voir, ventre à l’air et sourire au vent, aller et venir nonchalamment sur les 300m du quai, traînant au bout de sa ficelle, comme un enfant traînerait son petit camion, un jerrycan de plastique blanc pour, méthodiquement, le remplir d’eau au bout du quai. J’ai noté : il est aussi calme, souriant et frais au 5éme passage qu’au premier. Je lui tire ma révérence, moi qui ne sors que sous chapeau et à vélo pour ne pas sentir la chape de plomb du soleil sur le quai me pulvériser.
Avec Minh, c’et le soleil et la lune, le chat, et l’oiseau…
Comme les chats de Baudelaire, Minh est compact, soyeux, ambré, doux et énigmatique. Derrière ses prunelles dorées, même assoupi, il veille, nous envoie les ondes sacrées de sa présence à l’autre. Les paroles des bavards que nous sommes m’ont empêché de l’entendre, mais je suis sûre qu’il ronronne …Minh, c’est un voyage en soi. Il nous fait une petite place sur son tapis, et nous voilà sur le Mékong, partageant dans des assiettes peintes, des mets exquis.
Pas besoin de choses sophistiquées pour qui a la classe : une simple assiette de crudités est une fête pour les yeux et les papilles, célébrant couleurs et textures, sucré et salé, douceur et épices. Jamais je ne pourrai désormais manger de Nem sans le regret poignant des siennes, croquantes, parfumées et délicates…
Cher Minh, je te sacre poète universel !
La cuisine, les mots, les photos, il fait feu de tout bois pour nous chauffer ! car de tout, regard, mets et mots , il fait don. Et ses cadeaux sont exigeants et choisis.
Il faut dire que je suis redevable à Minh d’un grand soulagement : j’ai trouvé pire que moi comme moussaillon, lui pour qui le bateau ne doit être « qu’un balcon sur la mer », qui s’obstine à choisir la caméra plutôt que les nœuds de chaise . Minh mon parfait alibi, quand mon capitaine s’énerve un peu parce que, décidément, je ne progresse guère en navigation…
Nous avons fondu, au soleil de ce tandem contrasté, que la générosité et l’appétit de la vie rassemblent..."
C'est beau, hein ? Et vachement bien écrit !
Comme il fait toujours beau par ici, pour un terrien, cela va de soi !!!, ben on s'balade !
Ici, une chapelle toute de noir vêtue. Quand j'y suis rentré, l'impression était bizarre. Presque malsaine même. Alors j'ai envoyé Minh en inquisiteur... Pour voir s'il en ressort en entier ! Mais bon. Il m'a dit que j'étais un inculte. Que si c'est noir, c'est fait exprès, parce que la divinité ne doit jamais se révéler au grand jour. Toute divinité doit rester cachée. Et quoi de mieux que l'obscurité pour rester caché !
Ben voilà. C'est tout.
La morale de tout ça ? C'est que mine de rien, clopin-clopant, on fait quand même du chemin !!!