Vue sur le cap PERTUSATO qui marque la pointe la plus au Sud de la CORSE.
Au soir, l'eau est telle un miroir...
Il n'y a aucun trucage dans cette photo ! Ce n'est pas une photo en noir et blanc sur laquelle j'aurais ajouté une tache de couleur ! Non. C'est réellement la vue et les couleurs du moment !
Au fond, au sommet de l'îlot, trône la pyramide de la SÉMILLANTE...
La pyramide de la SÉMILLANTE ? Une stèle en vérité ! Dédiée aux 700 marins morts au court d'un célèbre naufrage dont la pyramide porte le nom !...
La SÉMILLANTE quitte TOULON le 14 février 1855 pour convoyer des vivres et des renforts en homme et en matériel jusqu'en CRIMÉE où les troupes françaises se battent contre la RUSSIE.
Avec un équipage de 293 hommes + l'état major de la frégate, le vaisseau emporte également un détachement de 400 soldats.
Au large de la SARDAIGNE, côté Ouest, la frégate rencontrant une violente tempête, le commandant du bord décide de se faufiler au milieu des bouches de BONIFACIO pour tenter d'échapper à l'étreinte du vent et des vagues en s'abritant côte Est. Il sait parfaitement que c'est une zone dangereuse, parsemée de brisants et d'écueils !
A plus de 10 nœuds de vitesse, dans une traître et violente rafale, la SÉMILLANTE embarde et heurte de plein fouet un haut-fond rocheux ! Le vaisseau se brise littéralement dans le choc et coule instantanément, emportant avec lui la totalité des soldats et de l'équipage. C'était dans la nuit du 15 au 16 février 1855. Perdu corps et biens. Aucun survivant.
Il y a 2 cimetières sur l'île. Ils regroupent les restes de presque 70 % des morts. 213 des marins ou soldats disparus ne seront pas retrouvés...
Le naufrage conté par Alphonse D.
« Le matin, la brume de mer se lève. On commence à être inquiet. Tout l’équipage est en haut. Le capitaine ne quitte pas la dunette… Dans l’entre-pont, où les soldats sont renfermés, il fait noir ; l’atmosphère est chaude. Quelques-uns sont malades, couchés sur leurs sacs. Le navire tangue horriblement ; impossible de se tenir debout. On cause assis à terre, par groupes, en se cramponnant aux bancs ; il faut crier pour s’entendre. Il y en a qui commencent à avoir peur… Écoutez donc ! les naufrages sont fréquents dans ces parages-ci ; les tringlos sont là pour le dire, et ce qu’ils racontent n’est pas rassurant. Leur brigadier surtout, un Parisien qui blague toujours, vous donne la chair de poule avec ses plaisanteries :
— Un naufrage !… mais c’est très amusant, un naufrage. Nous en serons quittes pour un bain à la glace, et puis on nous mènera à Bonifacio, histoire de manger des merles chez le patron Lionetti.
Et les tringlos de rire…
Tout à coup, un craquement… Qu’est-ce que c’est ? Qu’arrive-t-il ?…
— Le gouvernail vient de partir, dit un matelot tout mouillé qui traverse l’entrepont en courant.
— Bon voyage ! crie cet enragé de brigadier ; mais cela ne fait plus rire personne.
Grand tumulte sur le pont. La brume empêche de se voir. Les matelots vont et viennent, effrayés, à tâtons… Plus de gouvernail ! La manœuvre est impossible… La Sémillante, en dérive, file comme le vent… C’est à ce moment que le douanier la voit passer ; il est onze heures et demie. À l’avant de la frégate, on entend comme un coup de canon… Les brisants ! les brisants !… C’est fini, il n’y a plus d’espoir, on va droit à la côte… Le capitaine descend dans sa cabine… Au bout d’un moment, il vient reprendre sa place sur la dunette, — en grand costume… Il a voulu se faire beau pour mourir.
Dans l’entre-pont, les soldats, anxieux, se regardent, sans rien dire… Les malades essayent de se redresser… le petit brigadier ne rit plus… C’est alors que la porte s’ouvre et que l’aumônier paraît sur le seuil avec son étole :
— À genoux, mes enfants !
Tout le monde obéit. D’une voix retentissante, le prêtre commence la prière des agonisants.
Soudain un choc formidable, un cri, un seul cri, un cri immense, des bras tendus, des mains qui se cramponnent, des regards effarés où la vision de la mort passe comme un éclair…
Miséricorde !… »
Les LAVEZZI ? C'était aujourd'hui ou jamais ! Aujourd'hui parce que la météo est bonne pour toute cette journée et la nuit à venir... Et qu'après, il faut qu'on remonte vers le Nord, guetter une bonne fenêtre de vent pour traverser la grande bleue et rentrer à PORT NAPOLÉON !
Parti un peu après 10H00 de SANTA GIULIA, on s'ancre dans la Cala di U GRECU à 15H00 après 1 heure d'arrêt dans le petit port de CAVALLO... En effet, j'avais contacté la capitainerie de ce port et, à ma grande surprise, ils m'ont répondu ne pas manquer de place ! Aucun problème pour y rester un jour ou une semaine. Chouette alors ! Je m'imaginais déjà randonner en canoë autour des 2 principales îles de cet archipel qui en compte 23 en tout !
A l'arrivée, l'ormeggiatore nous présente la grille des tarifs... Bon. OK ! On s'en va ! 190 € pour une seule nuit ! Au vu de mon ébahissement, il me dit qu'on peut rester 2 heures gratis ! On en profite donc pour faire de l'eau et laver à grandes eaux tout ce qui est lavable ! Depuis l'annexe à la combi de plongée !
On s'ancre donc dans la Cala di U GRECU après une première tentative qui nous amené un peu trop près de roches affleurantes...
On va nomadiser sur l'île jusqu'au coucher ! On y est seul ! Tous les touristes à la journée sont rentrés chez eux. Il ne reste plus que ceux qui ont un bateau et qui décident de passer la nuit dans l'une des nombreuses anfractuosités de ce caillou !
La structure géographique de ces îles offre des vues surprenantes !
Il faut imaginer ce caillou dans une tempête d'hiver ! Toute l'île doit être submergée par l'écume ! Et la mer autour doit être comme l'eau d'un chaudron bouillonnant !
Pour l'heure, je profite de l'annexe et d'une mer relativement paisible pour visiter l'île à la rame en passant d'une Cala à une autre !
- Qui c'est qui rame ?
- C'est bibi !
Portraits...
Bis repetita