Le jour d'avant les 62 miles, le ZEF, le long de son bout de quai, comme par miracle, est complètement immobile ! Pas une seule vague n'entre dans le port. Enfin... y'a EOLE, quand même, qui s'repose un peu... Et c'est vachement bien de pouvoir laisser le ZEF, tranquille, là, sans bouger !
Parce qu'il faut que je vous dise... Demain, aux aurores, du haut de mon promontoire de l'article précédent, avec le vent qui vient de se lever, je vois la houle se former et, progressivement, envahir le port et faire rouler le ZEF à un point tel qu'il n'est pas très loin de monter sur le quai ! D'ailleurs, on est parti en urgence, larguant tout, un peu dans la précipitation, tellement le risque de tout casser était grand ! Bon. Mais tout ça, c'est pour le lendemain !
En attendant, on visite (pour la centième fois... Y'a que ça à visiter par ici...) le charmant village !
C'est croquignolet, non ?
Voilà. Ce n'est certainement pas ici que je laisserais le ZEF un hiver entier. Qu'est ce qu'on doit s'em...merder sur cette île !
Tout en haut du village, y'a une bâtisse dans laquelle les morts s'entassent dans leurs boîtes... Je sais, c'est pas très poétique... Mais c'est comme ça. Peut-être que le sol est si dur que les morts n'y sont pas enterrés ? S'il faut qu'un vivant se tue au travail pour enterrer un mort, c'est le monde à l'envers, non ?
J'ai aimé ce p'tit bout de construction. Le mec, il s'est fabriqué un bar, un comptoir et quelques tables avec des bobines de câble. Et ça m'a rappelé une certaine jeunesse (la mienne !) - et ça ne va intéresser qu'une toute petite partie de nos lecteurs - quand, avec les cousins (Philippe et Bernard) et mon frère (Eric), on se fabriquait des stands, comme au marché, pour vendre des trucs, de la salade ou d'autres trucs dont je ne me souviens plus.
On s'était même fabriqué, une fois, j'ai honte mais c'est comme ça, des cheminées pour brûler tout ce qu'on trouvait... Y compris des criquets, parce qu'ils devaient chanter trop fort ! Ah... La jeunesse n'est pas tendre, hein !!!
Le soleil se couche, la lune se lève !
Au matin, tandis que le ZEF danse la gigue, le petit ferry se met en branle !
Une peinture prémonitoire... C'est exactement ce qu'on va avoir !!! De grosses vagues poussées par un lointain coup de vent !
Dès le début, alors que le ZEF se faisait balloter tant et plus, 2 dauphins sont venus nous dire bonjour... Aussi nous dire que ça va aller ! Que les vagues sont grosses, mais que ça va le faire !
Au début, j'ai essayé d'atténuer le roulis du boat en hissant la grand-voile... Mais comme y'avait pas un pet de vent, ce qui n'était pas vraiment prévu - j'attendais un 20 nœuds, moi ! - la voile battait furieusement d'un bord à l'autre...
25 miles, un peu moins de la moitié du parcours, à forcer sur le moteur pour nous amener dans la zone du vent !
Désormais, sous génois seul, on a posé le flanc du ZEF dans les vagues, et là, ça va ! Je peux enfin me faire mon p'tit ouzo du matin sans faire tout gicler de partout !
Les 2 dauphins de ce matin nous ont amenés des copains ! Ils sont une douzaine à virevolter au nez du ZEF !
C'est tellement beau ! A prononcer avec l'accent du QUEBEC, à la mode de Céline D. Cé télemain bô que j'm'en enivrais présque !
Le ZEF trace. Son sillage s'étire sur bientôt plus de 60 miles...
62,31 miles à l'arrivée sur l'île de SKYROS.