Après l'escale réparatrice du corps humain, celle d'OSTIE qui nous a reposé des nombreux miles déjà parcourus, celle qui nous a vu déambuler dans les méandres de l'histoire, celle qui a pu voir CÉSAR affronter POMPÉE, sitôt arrivés à PROCIDA, hop ! Ni une, ni deux, les mains dans le cambouis ! Il me semblait utile de faire une révision du moteur après 78 heures de fonctionnement depuis PORT NAPOLÉON. RAS. La machina ronronne bien !
Dès l'arrivée, avec le mousse, on décide de rester un jour de plus que prévu. Les maisons du front du port sont superbes ! Façades pastels au soleil couchant, décolorées par le temps et par l'air marin chargé de sel, l'église et son dôme et ses murs ocre jaune, l'ambiance des quais qui mélangent la plaisance, la pêche et les ferrys qui transitent par PROCIDA sur le chemin d'ISCHIA, tout est ravissement. Un petit PIREE, dit Minh !
Hier, au port des ferrys, y'a un petit cargo qui est arrivé à la nuit tombée. Et la première chose qui nous suggère qu'il y a des âmes nouvelles dans le port, c'est le bruit fatigué d'un moteur usé par des années de service... Un bruit empli de vibrations de ferraille ! Et en même temps, comme un son quasi mélodieux. Doux et puissamment rythmé. Une arrivée presque subtile, avec une étrave rouillée et cabossée qui glisse sans bruit dans l'eau calme et huileuse du port. Ce n'est pas la vitesse qui compte mais la discrétion. Quelques marins mal fagotés vaquent sans précipitation aux amarres. Comme s'ils étaient blasés ! A la poupe, la dunette du cargo est à peine éclairée par une simple veilleuse, comme tamisée par des vitres jaunies par un mélange de sel et de fumée grasse que laisse échapper une courte cheminée. Seuls les feux de position nous disent que vraiment, y'a un bateau, là, et que quelque chose est en train de se passer ! Ce spectacle me fait toujours penser à la contrebande !
Le ZEF est idéalement placé. Sur le vieux quai de la cité, dans l'ambiance même du port ! C'est vraiment comme ça que j'aime l'escale méditerranéenne ! On n'est pas relégué au fin fond d'une marina aseptisée ! On fait partie du paysage. On concoure, par notre présence, à la vie de l'île ! Et sans même descendre à terre, le soir venu, on fait partie intégrante de la passeggiata !
L'île de PROCIDA, dans son écrin de couleur, marque l'entrée dans le golfe de NAPLES. Plus loin, à une cinquantaine de miles, c'est CAPRI, la côte amalfitaine et SALERNE, notre destination finale.
Ce village accroché en amphithéâtre à la roche est, de loin, une très belle surprise ! CORRICELLA est son nom ! Les maisons sont entassées, enchevêtrées et forment comme une grande mosaïque coloriée qui se reflète dans la mer.
L'île de PROCIDA n'est curieusement pas aussi touristique que sa voisine, ISCHIA. Je ne sais trop pourquoi... En même temps, c'est ce qui la sauve ! Que ce soit sur le village même du port où accostent les ferrys ou à CORRICELLA, il y a peu de boutiques de souvenirs ! Et c'est tant mieux ! Il faut avoir vu, une seule fois, la Via ROMA qui se prolonge sur le Corso VITTORIA COLONNA sur l'île d'ISCHIA pour comprendre !!! Une succession ininterrompue de boutiques en tout genre ! Une rue entièrement dédiée au commerce de mauvais goût, avec toutes les nuisances associées en bruit, en hystérie presque, et aussi en saleté, déchets en tout genre à peine ramassés et qui finissent inexorablement à la mer ! C'est ce qui m'avait faire dire, en décembre 2015 lors de ma descente vers la GRECE, que ISCHIA (la ville) est à chier !!!...
Bon. Bien sûr, faut nuancer ! J'ai passé plusieurs jours en quelques escales sur cette île, et en dehors de la ville ISCHIA avec ses rues trop commerçantes, il y a partout autour de jolis coins que j'ai sillonné tantôt en voiture et tantôt à pied, comme cette superbe randonnée au départ de FORIO jusque sur le point culminant de l'île, le mont EPOMEO !
Le port de CORRICELLA est exclusivement un port de pêche. Bien sûr, on peut y trouver quelques téméraires pour venir s'amarrer directement au quai des pêcheurs, mais ils ne sont pas légion ! D'ailleurs, je ne sais pas si c'est autorisé ou non. Généralement, tous les bateaux mouillent dans la Cala San ANTONIO et s'en retournent au port le soir venu.
Quand je vois des photos du port de pêche de CORRICELLA prises maintenant et prises il y a 50 ans, ben y'a pas de changement ! Les mêmes barques en bois qui se balancent au gré du vent, les mêmes filets de pêche qui sèchent au soleil, les mêmes nasses qui pendent aux plafonds des entrepôts qui s'ouvrent directement sur le quai, les mêmes enfants qui jouent au ballon ou qui plongent dans l'eau grasse, les mêmes vieux, attablés pour l'apéro et qui devisent sous le soleil ardent ! Un régal !
Le port principal, au nord de l'île, est un chouïa plus animé ! L'activité lié au passage des ferrys y est forcément pour quelque chose !
Mais comme partout sur l'île, et probablement comme souvent en ITALIE, on retrouve les jeunes à la pêche à la ligne ! Ici, y crament pas les voitures... pour passer le temps !
Voilà. Le ZEF retourne à sa léthargie pour un jour encore ! On le voit bien, hein ? C'est le plus blanc de tous !...
… Et le plus beau aussi ! Mais ça, j'en conviens, c'est un peu subjectif !
L'île de PROCIDA va se remettre dans sa somnolence...
...Tandis qu'au loin, le VÉSUVE veille !!!