Depuis quelques jours, j'angoisse de ce vent qui ne cesse de souffler ! F7/F8 sur toute notre zone, ce qui risque de contrarier notre retour sur PORT NAP.
On a 2 perspectives... 1/ Laisser le bateau ici, pour la semaine, et revenir le weekend prochain, si la météo le permet, pour ramener le boat at home ! Et 2/ Gagner MARSEILLE demain, avec du F6/F7 dans le pif...
Pour l'heure, accompagnée de Brigitte, une amie du mousse, on visite les petits ports qui se trouvent à l'Est de TOULON, histoire de voir s'ils peuvent être une alternative aux ports de la rade. Au SABLETTES, le port de CARQUEIRANNE, la capitainerie nous dit qu'il est possible de se garer quelques jours malgré notre 1,80 mètre de tirant d'eau, alors que les cartes indiquent un fond maxi à 1,60 m ! Et aux OURSINIERES, le port du PRADET, bien que les cartes disent qu'on peut y aller, que la profondeur est de 4 mètres, je trouve le port tellement exigu que j'me dis que c'est pas là qu'on ira ! Là-bas, j'en profite pour voir l'état de la mer... Bof ! Elle est lugubre ! Elle est noire... Comme une couleur de naufrage !
Et tandis que nous déambulons, le mousse égrenne avec Brigitte ses souvenirs de jeunesse au VIET-NAM !
10 miles aujourd'hui. 10 miles pour aller jusqu'au cap SICIÉ, s'y prendre une bonne fessée dans des vagues vraiment hautes sur le point de déferler et revenir, dare-dare, à SAINT-MANDRIER !
La météo n'annonçait pourtant que du F6 maxi... Mais dès la sortie de la rade, une mer d'Ouest grossissante à vue d’œil, nous a rapidement malmenés ! Et lorsque je portais mon regard à l'horizon, vers SICIÉ, je ne comprenais pas trop ce que je voyais ! L'horizon habituellement horizontal, normal quoi, ne l'était pas du tout !!! Il semblait secoué de toute part ! A la jumelle, je voyais bien les vagues... Mais je n'en mesurais pas toute la hauteur !!! Et plus on approchait du cap et plus les vagues s'assombrissaient, se redressaient, se cabraient ! Était-ce l'effet d'une houle croisée ? D'un effet de ressac ? Déjà, par F5, la crête des vagues se met à déferler... Mais par F6, c'est tout le bazar qui dégringole... Bon. A force de les voir se redresser bien au dessus de nous (j'évaluais leur hauteur à plus de 4 mètres), hop, demi-tour, au grand dam du mousse qui trouvait ça plaisant !!!!
Ah ça... On a dégusté ! Grosse houle, grosse mer et grand vent! La météo de ce matin prévoyait du F5/F6 fraîchissant F7... Une bricole quoi ! C'coup-ci, pas d'erreur ! Je ne vais pas chercher à raccourcir la distance en rasant SICIÉ mais plutôt m'en écarter en tirant un grand bord de près serré vers le large. Cap au 240° pendant une dizaine de miles puis virer sur le 330° jusqu'à m'abriter derrière l'île VERTE, juste devant LA CIOTAT... Là, bateau en panne, voile affalée, je me laisse dériver le temps de se reposer un peu des vagues, du vent et des embruns. On dérive dans 25 nœuds de vent. Puis, après avoir capté une météo qui confirme les 25 nœuds (!!!), on reprend la route sous 2 ris et un mouchoir en guise de foc ! A nouveau un grand bord au 240 pour nous faire sauter sereinement le cap CANAILLE, sa houle croisée et ses rabattants, et hop virer et se réfugier au milieu des îles qui bordent les calanques de MARSEILLE. Un dernier effort pour contourner l'île MAIRE et zou, plein pot sur le vieux port de MASSALIA ! On y arrive fourbus après 10 heures de barre non-stop. Une bagatelle, quoi !
Charles B l'a dit mieux que moi... Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle, etc, etc...
Encore 15 miles pour entrer dans le golfe de FOS et 8 miles avant d'être à l'abri sous la presqu'île du THEY. Bon. Ben voilà quoi. C'en est fini de ce retour éprouvant !
A l'arrivée à PORT NAP, le grand bain pour le ZEF... Faut dire qu'il y a du sel jusque sur la pointe du mat !
Partout le bateau est salé... Les voiles, dans les coffres et jusque dans les draps des lits !
Bien sûr, le vent ne cesse pas...
Mais dans le golfe de FOS, ça va encore... Même si ça brasse ! Je me souviens avoir descendu le golfe dans ce genre de mer, un jour dernier, et ça pulsait bien ! Comme le fond n'est pas très important, la mer ne peut pas franchement se lever et déferle sitôt qu'elle le tente !
Ça reste un joli spectacle !
Voilà pour ces quelques jours d'un printemps 2012...
Une dernière randonnée dans le vent...
Le cap CANAILLE au dessus de CASSIS.
L'eau en surplomb à SAINT-MANDRIER.
Bon. Ben c'coup-ci, c'est fini. Prochain départ c't'été vers la CORSE.
- Vers la CORSE et les Corses... N'est-ce pas ?
- Aussi... On n'y peut rien ! On pourra pas les éviter ! Y sont chez eux quand même, hein ? On va pas les chasser ! Et pis... Y'en a des sympas quand même, non ? Si, si... J'en ai déjà rencontré ! En fait, le problème, c'est qu'ils s'donnent un genre... Un genre du genre « Je suis CORSE et j't'aime pas ! » Mais si tu creuses un peu, y t'aiment quand même ! Bon. Y z'aiment ton porte monnaie, mais pas que ! D'ailleurs, en réalité, nous, on les aime ! Forcément vu tous les touristes qu'y a en été ! C'est pas une preuve ça ? Tout le monde ne vient pas en CORSE que parce qu’il y a des belles plages, des mouillages esseulés, des oursins au fond de l'eau, des bons fromages et du bon lonzu !
- Et puis aussi, y'a les bienfaits du tourisme, hein ? Parce que, plus t'as de touristes et plus le mélange avec les Corses s'atténue ! Ben oui ! C'est comme en cuisine, quand tu mélanges à peine un peu de sel avec ton plat et hop, il en devient meilleur ! Ben les touristes, c'est le sel des Corses !