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L’infini peut choisir de s’exprimer dans la dimension verticale, par l’intermédiaire d’une hauteur inaccessible, incommensurable.

Mονεμβάσια (transcription : Monemvasia), célèbre par son Rocher, offrait ainsi une multitude de situations qui menaient vers l’infini.

Voici le Zeph à Mονεμβάσια :

Bien sûr, le Zeph était reconnaissable à ses lignes bleues et à son éolienne tricolore.

L’œil était tout de suite attiré par les trois entités sommitales du Rocher. Percée, celle du milieu intriguait davantage que ses deux voisines.

D’emblée, l’enjeu était lié à l’altitude.

Nous ne nous sommes pas contentés de regarder au zoom. En effet, nous avons entrepris l’ascension pour voir de plus près.

La montée se faisait par le flanc Est. C’était donc la face Est de l’arc qui s’est offerte en premier à notre regard quand nous sommes parvenus au sommet. Voici la face qui regardait le soleil levant :

Nous avions l’air très épanoui, car la vision en altitude produisait une dilatation de l’âme.

La tentation de franchir l’arc pour passer de l’autre côté était irrésistible.

En passant de l’autre côté, nous avions l’impression d’accéder à un au-delà, qui était réservé à des initiés.

Voici donc l’arc, avec la face qui était tournée vers le soleil couchant :

De ce côté, nous avions une sublime vue plongeante sur le port.

La vue plongeante faisait prendre conscience du privilège de l’altitude. Le vertige du précipice se révélait être un avant-goût du vertige de l’infini.

Devant la face de l’arc, qui était vue depuis le Zeph. nous étions transfigurés.

Le cumul des infinis nous procurait un supplément d’âme.

En effet, au cours de l’ascension, nous découvrions, avec un immense émerveillement, la synergie de deux infinis, car l’élévation créait une extension de l’horizon. L’absence de limite dans la dimension verticale donnait à voir l’absence de limite dans la dimension horizontale.

Voici le magnifique panorama qui se déployait à l’Est, grâce à l’ascension :

Sur la droite, le premier promontoire était le cap Μαλέας (transcription : Maléas). Il s’agissait du doigt le plus à l’Est, parmi les trois doigts du Péloponnèse.

Derrière le cap Maléas, se dessinait la Crète.

Cette vision donnait l’impression de se retrouver aux confins du monde. Le regard se sentait même encouragé à aller au-delà, pour tutoyer l’infini.

Le tutoiement avec l’infini avait lieu grâce à la perspective spatiale, mais aussi grâce à la jouissance temporelle.

S’offrir le temps de la contemplation. Pouvoir s’offrir ce temps béni.

Jouir pleinement de ce privilège inestimable, où chaque instant se dilatait à souhait pour s’emplir de bonheur et d’extase !

Le décor de scène se renouvelait grâce au premier plan.

Il y avait le premier plan de la minéralité :

La minéralité de la muraille était un héritage de l’art militaire byzantin.

La tonalité de l’ocre était une invitation à remonter le temps.

Et il y avait aussi le premier plan avec la chlorophylle métamorphosée en étoiles de la mer

L’ocre omniprésent exaltait la douceur de l’alchimie entre la paix, la liberté et la pureté.

À quoi servaient les premiers plans ? À bannir la routine et à entretenir l’émerveillement.

Le temps de l’imprégnation était un temps de délice, que nous avons tendrement chéri face au soleil couchant.

Face au soleil couchant, nous avons débouché un Vacqueras de 2018 :

Face au soleil couchant, nous nous sommes confortablement installés pour savourer les effluves et les tanins du sillon rhodanien :

Face au soleil couchant, nous avons honoré consciencieusement l’accord mets-vin, si primordial dans la gastronomie française.

Pour accompagner le Vacqueras de 2018, il y avait du poulet rôti :

À la volaille dorée avec le laurier apollinien, s’ajoutait un sauté de brocoli et d’oignon rouge, bien al dente :

Les aliments étaient soigneusement réchauffés sur place, au sommet du Rocher, à la dernière minute, grâce à un réchaud portatif.

Nous mangions et buvions avec les yeux, avec les papilles, avec tout notre être.

Le plaisir gustatif, qui en résultait, était infini !

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Si l’infini s’est glissé dans le plaisir, c’était grâce au principe de l’autonomie.

Qui d’autre, à part nous-mêmes, aurait pu nous offrir un tel festin in situ ?

Qui d’autre, à part nous-mêmes, aurait pu élaborer une telle table, qui était la table des cieux ?

L’infini, qui provenait du monde physique, faisait ainsi une entrée triomphale dans le domaine de la métaphysique, parce qu’il engendrait un bonheur qui semblait sans borne.

Nous nous sentions réellement chez nous, dans ce lieu haut perché.

À travers l’exquis bien-être, avait lieu un tutoiement avec l’infini.

Le tutoiement indique une relation privilégiée.

Nombreux étaient celles et ceux qui convoitaient notre place. La photo suivante montre une silhouette qui se tâtait pour savoir si elle n’allait pas forcer le passage :

Finalement, elle a eu peur d’être intrusive ou discourtoise, et a rebroussé chemin. En conséquence, elle n’a pas eu accès au tutoiement avec l’infini, qui nous comblait.

Dans cette autre photo, certains ont adopté la stratégie du contournement :

Mais en réalité, cette voie du détour faisait perdre l’altitude et menait vers un hors-sujet, qui équivalait à un vouvoiement.

Pendant ce temps, nous continuions à jouir du tutoiement, qui était indissociable de notre position stratégique et de notre hédonisme flamboyant.

Le tutoiement avec l’infini rendait chaque instant magique, jusqu’à la tombée de la nuit.

Le port, en contrebas, commençait à entrer dans la somnolence. Mais l’infini ne somnolait pas, il veillait.

Voici l’isthme qui reliait l’ordinaire à l’extra-ordinaire, le monde de la finitude à celui de l’extensibilité sans fin :

L’isthme n’était jamais fermé. Le chemin vers l’Acropole était empruntable à toute heure du jour et de la nuit.

L’obscurité ne faisait pas disparaître l’infini. Elle le rendait plus enchanteur. Par voie de conséquence, le tutoiement devenait plus fascinant.

Le tutoiement avec l’infini nocturne se faisait en compagnie des astres de la voûte céleste, dont voici le plus chéri par les poètes :

Avant de céder la place à l’astre du jour, l’astre de la nuit a tenu à nous saluer avec la perfection de sa rondeur joviale, qui illustrait la bonté sans borne venant d’en haut.

Peu de temps auparavant, l’astre du jour a fait son entrée en scène, non sans nous avoir dédié un clin d’œil spécifique :

Le tutoiement se voyait dans le caractère privilégié de la communication.

Tutoyer l’infini, c’était aussi faire corps avec la lumière en provenance de l’immensité de la voûte céleste.

La lumière et la nourriture se concevaient au sens propre mais encore au sens figuré.

Pour le sens symbolique, le Rocher avait le privilège d’abriter un lieu de recueillement qui prodiguait la lumière spirituelle et la nourriture pour l’esprit en portant le même nom que la célèbre basilique justinienne érigée sur les rives du Bosphore. Ce nom prestigieux était Αγία Σοφία (en français : Sainte Sophie, qui signifie littéralement ‘Sainte Sagesse’).

La ‘Sagesse’ à laquelle était consacré l’édifice était mentionnée pour la première fois dans les Écritures hébraïques, au chapitre 8 du livre des Proverbes. Il s’agissait d’une ‘Sagesse’ personnifiée, qui était le Christ, en tant qu’architecte du monde, avant sa venue sur terre.

Voici, à Mονεμβάσια, l’église consacrée à la ‘Sagesse’ personnifiée :

!

L’édifice était reconnaissable à son dôme octogonal et à l’ocre des briques.

La position haut perchée et la falaise qui tombait à pic évoquaient immédiatement l’infini dans la dimension verticale.

Cette vision sur l’église de la ‘Sagesse’ personnifiée était la première, chronologiquement : elle s’offrait au regard, depuis le Zeph, quand celui-ci s’approchait du Rocher, en venant de l’Est.

Le tutoiement avec l’infini en hauteur s’opérait pendant l’ascension, à pied, du Rocher.

Voici le panorama qui se déployait cette fois-ci, à partir de la terrasse de l’église de la ‘Sagesse’ personnifiée :

Dans cette perspective inversée, l’infini dans la dimension verticale engendrait de façon vertigineuse l’infini dans la dimension horizontale.

La minuscule voile nous donnait l’impression de voir le Zeph évoluer au milieu du double infini. Quel miroir fascinant !

En quoi consistait alors le tutoiement ? Comment celui-ci se pratiquait-il ?

Le tutoiement s’opérait en multipliant les approches et en les diversifiant.

L’approche pouvait se faire à partir de l’arche sommitale, décrite ci-dessus. Voici le panorama de l’approche quand le visiteur venait du Nord-Ouest :

L’infini dans le sens vertical et l’infini dans le sens horizontal s’amplifiaient mutuellement.

L’émerveillement naissait inéluctablement de la rencontre des deux infinis.

On pouvait encore s’approcher de la ‘Sagesse’ personnifiée en venant d’un niveau inférieur. Ce cas concernait les personnes qui arrivaient au Rocher par la mer :

La perspective induite par le drapeau tricolore établissait un lien virtuel entre celui-ci et la ‘Sagesse personnifiée’. Le tutoiement n’en était que facilité.

En plus de ces deux façons de s’approcher de la ‘Sagesse’ personnifiée, il existait une troisième voie, plus belle encore que les deux précédentes : il s’agissait du chemin de ronde, situé à la base du Rocher.

Voici la ‘Sagesse’ personnifiée, vue à partir du chemin de ronde :

Ce chemin de ronde était d’une très grande beauté. En effet, il côtoyait la mer aux mille nuances de bleu :

Le voici, vu maintenant depuis la terrasse de l’édifice consacré à la ‘Sagesse’ personnifiée :

Le même miroitement des flots azurés, qui faisait penser à une étoffe de sanctification, était perçu en bas et en haut. L’approche aboutissait à une communion grâce à l’esthétique. Le tutoiement s’établissait au sujet des choses de l’esprit.

Comme la ‘Sagesse’ personnifiée était l’Architecte de la Création, le tutoiement était un tutoiement avec l’infini de la transcendance.

L’ornement principal du chemin de ronde était une stella maris, qui avait un cœur d’argent, posé dans un écrin aux reflets d’ambre :

La même stella maris, juchée au sommet de la falaise qui honorait la ‘Sagesse’ personnifiée, contemplait la plage que longeait le chemin de ronde en contrebas :

Courtiser la stella maris du chemin de ronde équivalait à établir une relation privilégiée avec la Création de la ‘Sagesse’ personnifiée.

Un portrait de la ‘Sagesse’ personnifiée s’offrait au regard dès l’entrée de l’édifice au dôme octogonal. Voici ce portrait :

La fresque montrait trois personnages. Celui du milieu était l’incarnation de la ‘Sagesse’ personnifiée, c’est-à-dire le Christ. De part et d’autre, se tenaient deux créatures ailées, qui courbaient la tête devant la figure centrale, en signe de soumission envers celle-ci. Il s’agissait de deux archanges. À gauche, c’était Gabriel. Et à droite, c’était Michel.

Cette triple apparition était en lien direct avec l’infini de la transcendance.

Dans le cas présent, comment le tutoiement a-t-il eu lieu ?

Le tutoiement accompagne un élan mû par l’empathie.

La gardienne de ce lieu de recueillement haut perché éprouvait à notre égard une si grande empathie qu’elle nous a autorisé l’usage du trépied pour prendre des photos au retardateur.

Ainsi, nous avons pu nous rapprocher des figures célestes. Voici, par exemple, la physionomie de l’archange Michel :

Admirez la finesse du trait qui séparait les deux lèvres. Contemplez la douceur du regard.

Le recours simultané au trépied et au zoom permettait d’obtenir une image plus claire et plus nette. L’amélioration apportée par l’optique créait une sorte d’intimité avec le sujet photographié. Cette communication visuelle privilégiée équivalait bien à un tutoiement.

Quant à l’émerveillement, celui-ci naissait du fait qu’il n’était nullement nécessaire d’entreprendre une ascension pour côtoyer l’archange Michel. Regardez donc :

Cette deuxième fresque se trouvait sur la route qui menait du port à un centre de ravitaillement en denrées alimentaires.

Voici une vue de cette route qui n’était pas surélevée :

Sous le dôme à l’arrière-plan, se trouvait la deuxième fresque de l’archange Michel. Le centre de ravitaillement était à droite, tout de suite après les arcades jaunes.

Nul besoin de faire de l’escalade pour rencontrer l’archange et se tenir à côté de lui !

Cette configuration témoignait que l’infini n’était pas l’apanage d’une topographie, mais la récompense d’une attitude mentale.

Il était donc possible d’approcher l’infini, malgré la finitude du quotidien.

Parmi les préoccupations du quotidien, il y avait le remplissage des réservoirs d’eau douce. Ce souci du remplissage avait affaire à un monde de finitude. En effet, le nombre de réservoirs était limité à deux et le contenu de chacun d’eux était limité à deux-cent-cinquante litres. Malgré le contexte de la finitude, l’infini a surgi, là où l’on ne l’attendait pas. Effectivement, pendant que le Capitaine prospectait au sujet de la disponibilité de la ressource vitale, il a été abordé par un Grec qui voulait rendre service au visiteur. Le Grec pensait que la borne d’eau fournissait de l’eau gratuitement, à toutes les personnes qui en avaient besoin. Le Capitaine a dit au Grec que ce n’était pas le cas. Choqué par ce qu’il venait d’apprendre, le Grec a tendu sa carte magnétique personnelle et a dit au Capitaine de s’en servir pour obtenir de l’eau.

Et chose extraordinaire, le Grec a fait cette proposition au Capitaine sans mentionner aucune restriction. Autrement dit, la bonté du Grec n’avait pas de limite. Elle portait le sceau de l’infini.

D’ailleurs, une bonté qui est soumise à des restrictions n’est plus de la bonté !

Voici la borne d’eau où la bonté se paraît du halo de l’infini :

Le geste du Grec était désintéressé et fraternel. Entre frères, l’on se tutoie.

La spontanéité et la générosité du Grec créaient un rapprochement immédiat entre deux âmes, pour qui l’échange ne pouvait se dérouler que sur le mode du tutoiement.

En tutoyant le messager de l’infini, le Capitaine tutoyait cet infini.

Le tutoiement avec l’infini faisait de Moνεμβάσια l’une des belles escales de cette saison de navigation. L’émerveillement rendait la vie savoureuse et désirable.

 

Tags : émerveillement, Moνεμβάσια, tutoiement, infini, finitude, cap Μαλέας, Αγία Σοφία, archange Michel

Tag(s) : #2025 LA GRECE
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