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Dans la Révélation reçue par l'apôtre Jean sur l'île de Πάτμος (transcription : Patmos), Σμύρνη (en français : Smyrne) est citée parmi les sept congrégations du district d'Asie.

La Bohème à Smyrne était donc une aventure au pays de la mémoire, égayée par le chant de la mer.

La toute première chose ressentie à Smyrne était l’absence de pesanteur, au sens propre comme au sens figuré.

La proximité de la mer était rappelée par le décor des voiles géantes qui se déployaient, non pour profiter de la poussée du vent, mais pour offrir une protection contre l’ardeur du soleil. Les voici à l’œuvre au niveau de la station de tram qui était devant l’Hôtel de Ville :

La photo montre le vélo du Capitaine en train de savourer la joyeuse ambiance suscitée par les énormes silhouettes ailées. L’inconscient s’abreuvait volontiers du rêve d’apesanteur.

La créativité, qui était à l’honneur, promouvait des formes originales. Au-dessus des flots, des gratte-ciels osaient se déhancher :

La hardiesse architecturale insinuerait-elle qu’il n’y aurait plus de tabou ?

Dans ce contexte d’émancipation par rapport à la rigueur de la ligne droite, la chevelure féminine pouvait-elle aussi s’affranchir de la pesanteur d’un tissu qui fonctionnait comme une prison ?

En voici un élément de réponse :

Il s’agissait d’un espace ludique organisé pour des enfants. C’était le principal pôle d’attraction pour les groupes familiaux. Au premier plan, apparaissaient deux silhouettes maternelles. Aucune d’entre elles n’avait les cheveux dissimulés par la fausse pudeur. Au contraire, ils profitaient pleinement de l’air iodé, sans filtre et sans restriction.

Voici un autre élément de réponse :

Sur le même front de mer, un vendeur de ballons gonflables, richement colorés, attirait aussi enfants et parents. Mais en ce qui nous concerne, un ensemble, très aérien lui aussi, retient notre attention : il s’agit des cheveux abondants et dénoués d’une jeune femme en train de choisir le ballon à acheter. La même opulence des cheveux se voit également en bas et à droite de la photo, avec la même respiration libre et dans une tonalité plus blonde.

Ainsi, le droit d’avoir les cheveux au vent, c’était en quelque sorte le droit à l’apesanteur pour le féminin.

Y avait-il quelque chose de similaire pour le masculin ?

Toujours sur le même front de mer, il n’était plus nécessairement de dissimuler la boisson qui apporterait l’apesanteur au soma masculin. En effet, regardez bien la photo suivante :

En bas et à gauche, un homme d’âge mûr consultait son écran de téléphone, avec deux bouteilles brunes à ses pieds, qui étaient deux bouteilles de bière. Toujours en bas, mais à droite, deux jeunes hommes discutaient entre eux, avec deux bouteilles vertes au sol, qui étaient encore deux bouteilles de bière.

Ainsi, à Smyrne, la consommation d’alcool se faisait en plein jour, en toute franchise, sans aucun subterfuge.

L’apesanteur apportée par la fermentation du malt était un droit reconnu et respecté.

Le chant de la mer à Smyrne était un chant de liberté. Liberté non seulement pour soi-même, mais aussi pour autrui, qui n’avait plus du tout à affronter ni le regard de la censure, ni le regard de la réprobation.

La photo ci-dessus présente un autre intérêt, qui se trouve dans le drapeau national. En effet, la demeure devant laquelle flottait celui-ci était un bâtiment d’État, qui faisait écho à cet autre bâtiment :

Ce second bâtiment était aussi un bâtiment d’État, prêté à une délégation diplomatique, qui représentait la Grèce ! Le point d’exclamation dit notre très grande surprise quand nous avons découvert que le drapeau grec et le drapeau européen flottaient en ce lieu. Notre surprise est très grande car tout le monde sait que l’État grec et l’actuelle administration de l’Anatolie s’affrontent férocement au sujet de la question chypriote.

Mais force est de constater qu’avec l’apparition du drapeau grec et du drapeau européen sur ce front de mer, une ère nouvelle est en train de s’ouvrir.

Nous nous réjouissons grandement que le chant de la mer soit le chant du renouveau.

Est-ce à dire que la mémoire a été trahie ? Nullement !

Les traces des inimitiés du passé étaient encore bien apparentes. Voici l’évocation d’un moment capital :

La date exhibée par l’établissement était celle de la chute de Constantinople. Et le terme « Osmanlı » brandi fièrement signifie « Ottoman ». L’Ottoman qui a provoqué la chute de Constantinople et, par là même, la disparition de l’Empire byzantin, était محمد ثانى ( en français : Mehmed II ). De ce traumatisme, la Grèce ne s’en relèvera jamais.

Cause de désolation pour les uns, motif d’exultation pour les autres.

Les vainqueurs faisaient étalage de leur fierté en reproduisant à l’infini la signature culturelle des premiers califats :

Dans ce couplet du Moyen-Âge, le chant de la mer comportait deux registres : celui du deuil pour les uns et celui du triomphe pour les autres.

Les deux camps se sont de nouveau affrontés au vingtième siècle, au sujet du même rivage.

Ceux qui ont eu la victoire en 1453 ont refusé d’abandonner leur privilège, qu’ils ont défendu avec férocité. Une sculpture commémore cette rage de vaincre. Voici la figure de proue de cette sculpture :

L’étendard brandi au-dessus de la tête proclame les intérêts de l’État qui se considère comme le seul héritier légitime de « l’Ottoman ».

L’arme blanche accrochée à la ceinture participe avec efficacité à la déstabilisation de l’ennemi.

Presque un siècle après que Delacroix a peint « La Liberté guidant le peuple », Smyrne érige, avec la même gestuelle, la statue de la paysanne conduisant l’armée de la Reconquête.

Ainsi, ceux qui ont été humiliés jadis, le sont encore une seconde fois.

Chant de la fureur pour les uns, chant de l’horreur pour les autres.

Mais n’avons-nous pas proclamé ci-dessus que le chant de la mer à Smyrne était devenu le chant du renouveau ? Si, nous l’avons proclamé. Et cela, non sans fondement.

Car ceux qui ont été chassés par les armes, sont à présent des invités, voire même des invités d’honneur, en raison du prestige de leur civilisation.

La mémoire de l’Anatolie du XXIè siècle est une mémoire qui refuse de s’enliser dans des ornières.

En plus de l’apparition du drapeau grec et du drapeau européen sur le front de mer, les projets immobiliers de Smyrne font appel à l’esthétique grecque pour séduire la clientèle. Voici un panneau publicitaire qui utilise ouvertement ce moyen de séduction :

Le chant de la mer est devenu inéluctablement le chant de la réconciliation.

Voici le visage du renouveau à Smyrne :

Ces boutons floraux géants, qui faisaient penser au magnolia, évoquaient l’espoir et l’élégance.

La Bohème à Smyrne nous menait vers l’harmonie :

La cité portuaire nous enchantait par son ouverture d’esprit.

Le chant de la mer célébrait l’élan vital sous toutes ses formes.

Notre table s’est associée à cet hymne à la vie :

Nous avons trinqué à la liberté et à la tolérance.

Pendant que nos papilles savouraient l’effervescence champenoise, la roulotte se délectait avec les effluves d’oranger qui se répandaient sur tout le front de mer.

La Bohème à Smyrne a été un voyage très émouvant au pays de la mémoire. Le chant de la mer, qui nous accompagnait, était le chant de la confiance et de l’harmonie.

 

Tags : Aventure, Bohème, Smyrne, mémoire, apesanteur, liberté, tolérance, réconciliation, renouveau, harmonie

Tag(s) : #2025 LA ROULOTTE
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