L'aventure de la Bohème à Λήμνος. Le charme de la sensualité

14 Avril 2025

La sensualité affectionne la ligne courbe plus que la ligne droite.

La réciproque est vraie. En effet le kαιρός à Λήμνος (transcription : Limnos) se mouvait selon des lignes courbes pour nous apporter toute la sensualité du cosmos égéen.

Cette sensualité se manifestait dans les paysages extérieurs comme dans ceux qui étaient créés dans l'assiette :

L’oignon rouge avait le privilège de promouvoir avec sa chair nacrée aux reflets roses, l’univers courbe.

En l’occurrence, il y avait une double courbure, due à deux pétales jumelés. C’était la sensualité de la gémellité.

La photo a été faite le lendemain de la halte devant le sanctuaire appelé O Iερός Nαός Aγίας Παρασκευής, déjà mentionné dans l’article précédent.

Pour ne pas changer, des prophètes de malheur ont annoncé un très gros orage pour la nuit. C’est vrai, des gouttes sont tombées. Et regardez le résultat :

La perspective d’un déluge qui aurait provoqué l’enlisement de la roulotte se résumait au miroir qu’offrait la petite flaque d’eau au soleil.

L’astre solaire nous savait gré pour la confiance que nous mettions en lui. C’est pourquoi, il nous faisait plein d’œillades pour signifier il ne nous décevrait pas. Cela s’est traduit par un quadruple soleil sur le rétroviseur.

Grâce à la générosité du soleil, la sensualité de la mer était plus manifeste :

L’onde enroulait ses surfaces incurvées et les dépliait de manière lascive, comme pour nous inviter à la rejoindre sur son lit dansant.

Elle multipliait ses avances, sinueuses et cajoleuses.

Elle était toute heureuse de voir notre émoi.

Le sable aussi était sensuel par le toucher et par la vue.

Il déployait des dunes ondulantes, qui nous incitaient à jouer avec la mobilité des pentes :

Jeu de l’innocence, plaisir de l’insouciance.

L’activité ludique n’était nullement incompatible avec une attitude plus contemplative. En effet, la contemplation des lignes serpentines tracées par le vent engendrait la flatteuse perception d’un espace inviolable et l’exquise sensation de se retrouver seul au monde.

Ainsi, le bord de mer à Kέρος (transcription : Kéros), situé à neuf kilomètres au Nord-Est de là où était amarré le Zeph l’année dernière, nous a procuré de nombreuses joies grâce à sa grande sensualité.

Même la roche, réputée pour sa dureté et sa raideur, s’est mise à adopter le langage de la sensualité.

C’était le cas des curiosités géologiques découvertes ce jour-là à Γομάτι (transcription : Gomati), à huit kilomètres à l’Ouest de là où s’était produit notre coup de foudre pour les lys de la mer.

Voici des alvéoles qui faisaient penser à une ruche :

Aucune alvéole ne présentait un contour anguleux.

L’érosion est experte dans la création de profils sensuels.

À la place des cavités, le relief pouvait exhiber des formes bombées, avec une convexité bien saillante :

Là encore, la Nature a pris soin d’arrondir les angles, pour qu’il n’y ait aucune aspérité qui blesse.

Voici un autre exemple de l’instinct sensuel de la roche :

À gauche de la masse rocheuse qui se répandait en direction de la mer, une scission a eu lieu par rapport à la roche mère et l’îlot qui s’en est détaché a été sculpté par l’eau et le vent pour devenir comme une bitte d’amarrage.

L’ouvrage était si voluptueux que la main aurait envie de le caresser.

La sensualité rendait les choses plus douces et plus attrayantes. L’émotion suscitée devenait plus féconde. Nous voici très inspirés pour suivre l’exemple de la Nature en faisant du temps dédié aux agapes un temps d’une grande sensualité.

L’attrait de la sensualité devait concerner le macrocosme et microcosme.

Le Capitaine du Zeph s’est occupé du macrocosme en trouvant pour la terrasse qu’était la roulotte la vue panoramique suivante :

Nous nous sommes arrêtés à Kάσπακας (transcription : Kaspakas), après avoir parcouru les deux tiers de la route qui reliait les curiosités géologiques de Γομάτι à la capitale Mύρινα (transcription : Myrina)

Sans la mer, point de romantisme. D’où l’ouverture sur un golfe. Mais point de sommet pointu, ni d’arête tranchante. Les formes devaient évoquer la douceur. Elles satisfaisaient pleinement cette condition, du côté de la mer. Et qu’en était-il de l’arrière-pays, qui se trouvait vers la droite de la photo ci-dessus ? Prolongeons notre regard un peu plus vers la droite, et voici la nouvelle perspective :

Le relief montagneux n’exhibait que des profils emplis de douceur.

La sensualité n’était pas seulement dans les formes, elle se voyait aussi dans les couleurs que produisait la sève. Voici le violet qui rivalisait avec le jaune :