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On parle volontiers de l’héritage militaire laissé à Alexandre le Grand par son père. Mais le jeune Macédonien ne devait-il rien à sa mère, la reine Ὀλυμπιάς (transcription : Olympias) ?

C’était cette question qui a amené le mousse à s’intéresser au visage féminin de la Macédoine.

Ici, le mot « visage » est à prendre au sens large. Ci-après est indiqué un usage dont nous nous inspirerons.

Élu à l’Académie française le 19 novembre 1925, Paul Valéry succède à Anatole France au fauteuil 38. Dans l’hommage rendu à son aîné, le nouvel académicien a dit ceci :

« J'aurais voulu vous composer plus habilement les différents visages de mon illustre prédécesseur... »

Il va de soi que le poète ne parlait pas de la partie antérieure de la tête, mais de la personnalité de son aîné.

Revenons à présent au thème de l’article, qui est la féminité macédonienne, et rendons-nous au musée de Βεργίνα (transcription : Veryina), dont voici l’accès à la salle des sculptures :

Commençons par le commencement, c’est-à-dire par les années de jeunesse.

Le musée de Βεργίνα a proposé à notre contemplation le portrait suivant :

La photo montre le profil gauche. La bouche, entr’ouverte, esquisse une très légère moue, qui n’est pas une moue de dégoût, mais une moue de provocation, voire de séduction.

Le regard qui se perd dans le lointain ne semble pas accorder de l’importance au désir qu’il vient d’allumer chez autrui.

Le profil droit creuse davantage le relief des lèvres :

La moue aguicheuse se sert du stratagème de la mise à distance pour mieux attirer.

À côté de ce portrait féminin, le musée a placé un portrait masculin équivalent.Voici le profil droit du jeune Grec vivant en Macédoine :

Les courbures des lèvres sont moins accentuées. Le visage présente moins de rondeurs.

La sensibilité se donne moins à voir.

Après le ciseau du sculpteur, intéressons-nous au pinceau du peintre.

Voici un portrait féminin, réalisé d’une main alerte :

La Grecque est assise. Elle fixe du regard quelque chose qui est en bas. Le trait épais qui dessine la paupière indique la concentration. Les lèvres sont moins étirées par rapport au buste sculpté. Mais la moue demeure. On dirait même qu’elle traduit une humeur enjouée.

Les cheveux sont relevés à l’arrière pour montrer la sensualité de la jeune nuque.

Découvrons à présent un autre regard attentif, qui n’exprime pas le suspense mais la confiance :

Les yeux grand ouverts indiquent que l’attention est vive. Mais la courbure des lèvres, qui est presque nulle, traduit une attente sereine, voire optimiste.

Les cheveux sont relevés à l’arrière pour former un chignon. La nuque dégagée montre le souci de l’élégance.

Le pinceau talentueux nous a laissé d’autres portraits empreints de réalisme.

Voici une peinture de l’instinct maternel :

Au centre de la photo, la mère, vêtue d’une tunique ocre, tient dans ses bras son enfant. La figure maternelle a de longs cheveux bouclés, qui tombent en abondance. Est-ce à cause des soins prodigués à son enfant qu’elle n’a pas le temps de se faire un chignon ?

Derrière la silhouette maternelle, il y une présence amie, pleine d’empathie et plus détendue. L’amie est vêtue de bleu et a les cheveux relevés en chignon.

La chevelure qui tombe en abondance, de toutes parts, fait penser à un esprit qui n’a plus sa quiétude. Voici un autre visage féminin qui n’a plus sa quiétude :

Une détermination inflexible se lit sur le visage féminin. Quel objectif la Macédonienne voulait-elle à tout prix atteindre ? Un premier élément de réponse se trouve dans le bras droit qui s’incurve en se levant. Et que fait l’autre bras pendant ce temps ? Ceci :

Le bras gauche se lève aussi, en s’incurvant. Mais il frôle une harpe. La présence de l’instrument de musique révèle qu’il y a chants et danses. Les mouvements des bras sont donc ceux d’une danse, exécutée pour le spectateur privilégié que fixait du regard le visage féminin.

La barbe naissante du Grec indique que celui-ci est encore jeune. Sur son épaule gauche, un objet fait penser à un bouclier. Il s’agirait alors d’un guerrier. Sous le bouclier, apparaît un calice rempli de vin. La représentation des yeux par deux traits rudimentaires indique que le jeune guerrier grec est ivre de vin et de musique. Dans ce jeu amoureux, le masculin est à genoux, au sens propre comme au sens figuré, tandis que le féminin mène la danse, au sens propre comme au sens figuré.

Autrement dit, la détermination qui se lit dans le visage féminin est une détermination de conquérante.

Le ciseau du sculpteur montre aussi la force de caractère que le visage féminin en Macédoine n’oublie pas de révéler. En voici un exemple, présenté par le musée de Βεργίνα :

Il s’agit d’une course de chars. Sauf que sur la photo, la silhouette qui conduit le char est une silhouette féminine. À quoi le voit-on ?

Ce n’est pas la longueur de la tunique qui dit que c’est une femme qui tient les rênes. En effet, l’aurige de Delphes porte une tunique qui descend jusqu’aux chevilles :

Alors comment le sculpteur macédonien fait-il pour que l’apparence féminine se différencie de l’apparence masculine ?

Voici un conducteur de char, avec sa tunique qui tournoie à cause du vent de la vitesse :

Même en se tordant, l’enveloppe de la tunique masculine s’apparente à un cône.

Cependant, dans le cas de la tunique féminine, l’enveloppe fait penser, non pas à un cône, mais à une sphère :

L’artiste fait enfler le volume de l’étoffe dans un double but.

D’une part, il rappelle que l’univers féminin est fait de rondeurs.

D’autre part, il évoque le risque, pour une tunique qui enfle trop, d’envelopper même les roues et de se prendre dedans. Ainsi, le visage féminin qui conduit le char est un visage très courageux.

Et pour qu’il n’y ait pas de confusion, l’artiste a sculpté une poitrine de femme au-dessus de l’enveloppe sphérique de la tunique :

Nous voici au musée de Βεργίνα, dans la salle des bas-reliefs de la course de chars :

Grâce au talent du sculpteur et du peintre, le visage féminin en Macédoine se pare d’un réalisme qui est extrêmement attachant.

L’aventure de la Bohème sur la terre natale d’Alexandre le Grand ouvre des itinéraires buissonniers d’une grande beauté.

 

Tags : Aventure, Bohème, Alexandre le Grand, Macédoine, Ὀλυμπιάς, Βεργίνα, visage, féminin, course de chars, Paul Valéry

 

Tag(s) : #2025 LA ROULOTTE, #grèce
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