L’aventure de la Bohème en Toscane nous a menés sur les traces des Étrusques. Nous voici devant la Porte Étrusque de Volterra :
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Volterra est célèbre, entre autres, grâce à une statuette étrusque qui représente un nu masculin :
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À cause de sa forme très allongée, la sculpture est appelée « l’ombra della sera » (en français : l’ombre du soir) par le poète Gabriele d’Annunzio.
L’ombre prolonge l’objet dont elle est issue :
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La colonnade appartient au site du théâtre romain.
L’ombre crée un dédoublement au sol. Elle suggère un dialogue avec l’original.
Le lien entre l’ombre et l’original a différents degrés d’intimité.
L’ombre accentue les rainures des colonnes qui composent le mur de scène.
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L’ombre épouse le profil élancé et accentue le charme de l’élongation :
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L’ombre est une apposition qui enrichit, renforce, intensifie.
Elle rehausse l’intensité de la perception visuelle en apportant un supplément d’âme :
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Par sa forme plus stylisée et sa teinte renouvelée, l’ombre parvient même à séduire plus que ne le fait l’objet d’origine.
L’image qui se forme sur l’ocre jaune du mur ou le bleu métallique du capot de la voiture rivalise d’attrait avec l’arbre réel.
Le spectacle dégage un surcroît d’énergie ou de mélancolie selon la lumière incidente.
Le moment de l’ambivalence a lieu quand les dernières lueurs du couchant inondent la muraille occidentale :
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Physiquement, l’ombre s’étire pendant que ses contours s’estompent.
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La terre étrusque s’emplit d’une douce sensualité.
L’ombre progresse et recouvre les formes.
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La photo montre une vie fanée, qui se recouvre d’un deuxième linceul.
Au-dessus de l’infortuné, veille un visage de miséricorde :
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L’ange gardien lutte contre l’oubli. Ses ailes, qui offrent un abri à l’infortuné, retiennent le plus longtemps possible la lumière :
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Cette sculpture nous rappelle que le soir peut être compris au sens symbolique.
En effet, nos pas de Bohème ont croisé l’itinéraire d’un corbillard :
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La voiture funèbre apparaît à gauche de la photo.
Les proches et les amis de l’âme infortunée portent leur émoi sur le parvis de l’église, dont on voit de profil la façade avec les colonnes corinthiennes. L’édifice du dernier sacrement est la Chiesa San Michele (en français : Église Saint Michel).
Dans ce contexte, il faudrait voir dans l’étirement de l’ombre du soir, une prolongation du temps favorable. Il appartient à chacun de remplir cet allongement avec des choses édifiantes et fécondes.
Voici une illustration de l’ultime choix de sagesse :
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Une liane s’étire le long d’une colonne en suivant un chemin en spirale. Et à l’intérieur de cet étirement, on voit la prospérité d’une floraison.
La photo a été faite sur le flanc Ouest de l’autel de la Cattedrale di Santa Maria Assunta (en français : cathédrale Sainte-Marie-de-l'Assomption).
Puisse notre existence fleurir ainsi quand elle deviendra « l’ombra della sera » !
Cette expression du poète fait venir sur le devant de la scène d’autres mots inspirés, que le Zeph a fait siens. Voici ces mots portés par le souffle poétique :
« Va, va ! Con la tua prora attingi i confini de l’acque ! »
En français :
Va, va ! Avec ta proue atteins les limites des eaux !
Voici une illustration de cette exhortation qui retentit de la bouche de Gabriele d’Annunzio :
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La figure de proue est un ange. Les ailes, qui sont étirés à l’extrême vers l’arrière, font penser à des voiles bien tendues. Il faut se saisir de cette rallonge du temps favorable pour mener à bien la navigation.
L’ange décorait le flanc Est de l’autel de la Cattedrale di Santa Maria Assunta.
L’aventure de la Bohème en Toscane nous a révélé la magnificence du souffle poétique et prophétique des Étrusques.
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