La liberté, c’est faire ce qu’on veut, où on veut, quand on veut.
Dans cette définition bien connue de tous, le mot clé n’est pas le verbe « vouloir », mais le pronom personnel « on », qui désigne le locuteur, c’est-à-dire soi-même.
Nous nous contentons de cette définition simple mais claire, qui nous soutient quand nous rejetons toute forme d’arbitraire, même lorsque cet arbitraire est travesti en règlement.
Dans ce contexte, la Grèce nous laisse libres, entièrement libres de suivre notre inspiration : nous pouvons, en toute quiétude, contempler le panorama, pique-niquer ou passer la nuit comme bon nous semble.
La Grèce fait confiance à notre goût de la bienséance.
À la sortie du ferry, nous avions envie d’être encore en contact avec le site du débarquement. Alors nous nous sommes offert ce privilège, sans que personne ne vienne légiférer l’espace ou le temps. Voici donc la roulotte sur une colline qui dominait le port :
/image%2F0657984%2F20250318%2Fob_83274e_20250311-083328-boheme-dans-le-sep.jpg)
Nous étions au Nord-Ouest des structures portuaires. C’est pourquoi la photo enregistrait un léger contre-jour.
Le cadre bucolique et la position stratégique nous plaisaient beaucoup.
Si nous voulions suivre les bateaux qui quittaient le port, il suffisait déplacer le regard de la gauche vers la droite. Et à la place du hors-champ, se déployait ce panorama :
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_bd3ac3_20250311-083758-boheme-dans-le-sep.jpg)
Le premier plan s’égayait avec une multitude floraisons blanches. Quand nous avions posé la roulotte la veille, l’obscurité nous avait empêché de voir le tapis de fleurs. L’improvisation du Capitaine réservait une belle surprise, qui a attendu la clarté diurne pour dévoiler son charme printanier. C’était un excellent présage que la Bohème qui commençait sur la rive Est de l’Adriatique soit une Bohème fleurie.
La surprise n’était pas que visuelle, elle était aussi, et surtout, épidermique. En effet, au lever du jour, il faisait 19°C dans la roulotte et 17°C dehors ! Quel bonheur pour l’épiderme et pour tout le soma !
Mais la surprise thermique ne s’arrêtait pas en si bon chemin. Au moment où le selfie suivant a été réalisé, il faisait 26°C dans la roulotte et 22°C dehors :
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_98ece3_20250311-131440-boheme-dans-le-sep.jpg)
C’étaient déjà les prémices de l’été !
La chaleur bienfaisante nous introduisait dans un cosmos en expansion. Par voie de conséquence, notre sensibilité sensorielle était aussi en expansion.
Néanmoins, il existait un goût qui incommodait la roulotte : c’était le goût du sel.
Comme le garage du ferry était à ciel ouvert, une pluie salée n’a pas cessé de fouetter les habitats nomades sur quatre roues.
Nous avions la chance que les divinités nous aient menés vers un tuyau d’arrosage qui empêcherait la croûte de sel de devenir une gangue de sel :
/image%2F0657984%2F20250318%2Fob_9c5b96_20250311-134429-boheme-dans-le-sep.jpg)
Les autorités locales nous ont laissé agir à notre guise.
La totale liberté qui nous a été accordée provenait de la chapelle construite comme un embellissement du trottoir. L’édifice était signalé par deux drapeaux. Le drapeau bleu était celui de l’État grec tandis que le drapeau jaune, avec l’aigle bicéphale, était celui de la liturgie byzantine.
L’une des figures de sainteté honorées dans l’espace sacré de la chapelle était Saint Georges, le patron des voyageurs.
L’iconographie byzantine représentait habituellement Saint Georges en train de terrasser le dragon. Voici une icône de Saint Georges sur le côté gauche, quand on pénétrait dans la chapelle :
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_117a9c_20250311-135347-boheme-dans-le-sep.jpg)
Et dans l’espace vide entre le cadre de l’icône et le montant de la fenêtre, que pouvait-on apercevoir ? La roulotte avec sa porte béante et son marche-pied encore déplié.
La perspective physique montrait que l’utilisation de l’eau de la chapelle était en cohérence avec le fait que Saint Georges devait venir en aide aux voyageurs en difficulté.
Dans la même chapelle, il existait une autre icône de Saint Georges, plus grande que la précédente, et placée bien au centre. Voici cette imposante icône :
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_05445d_20250311-135437-boheme-dans-le-sep.jpg)
Sauf pour la tête, les trois corps étaient recouverts d’argent. Le métal précieux était la manifestation d’une grande piété. En bordure, un brin fleuri était déposé sur chaque côté. Les fleurs, qui ressemblaient à des clochettes, témoignaient que la bonté protectrice du saint se trouvait dans tout son éclat. Par conséquent, la grande liberté qui nous a été accordée était annoncée par l’ornement floral.
Débarrassée du sel corrosif de l’Adriatique, la roulotte pouvait désormais continuer sa route du septentrion sereinement.
L’énergie nouvelle était soigneusement préservée par une nourriture saine et équilibrée.
Les crudités étaient toujours à l’honneur :
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_00c41e_20250311-155858-boheme-dans-le-sep.jpg)
Tout ce qui pouvait être dégusté cru était servi cru : chou, carotte, champignon.
Le clin d’œil ayurvédique, assuré par la sauce au gingembre, était toujours le bienvenu.
Pour le plat chaud, il y a eu un sauté de poulet :
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_8be675_20250311-171620-boheme-dans-le-sep.jpg)
Dès le premier jour, la roulotte perpétuait l’esprit du Zeph. Même dans les endroits les plus reculés et les plus sauvages, nous nous offrions les plaisirs de la table, sans dépendre de personne. Nous nous régalions à l’heure que nous voulions, sans dépendre d’aucun bon vouloir.
Cette liberté d’enchanter les papilles autant de fois qu’on voulait procurait une sublime ivresse.
Nous avions l’approbation de la lune, qui affichait sa plénitude.
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_bfb2b7_20250311-235206-boheme-dans-le-sep.jpg)
La photo montre la pleine lune qui se réfléchissait sur le châssis de la roulotte, près de la porte. La lumière jaune était celle de l’espace de cuisson.
Nous étions comme au mouillage, en communion totale avec l’univers.
Le bonheur du premier jour a engendré celui du deuxième jour.
Le port Ηγουμενίτσα (transcription : Igoumenitsa), où nous avions débarqué, appartenait au territoire administratif géré par la préfecture de Θεσπρωτία (transcription : Thesprôtia). La deuxième Région que devait traverser notre route dépendait de la préfecture de Ιωάννινα (transcription : Iôannina).
La photo du clair de lune a été faite à la frontière entre les deux Régions Θεσπρωτία et Ιωάννινα. Plus exactement à Πολύδροσο (transcription : Polydrosso).
Pourquoi sommes-nous allés nous installer dans cet endroit ?
Parce que les seules âmes qui passaient par là étaient des brebis et des chèvres. Et que, par conséquent, le cadre bucolique dont nous jouissions semblait nous être destiné, et seulement à nous.
Voici le Capitaine au matin du deuxième jour de Bohème sur la terre grecque :
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_650618_20250312-105758-boheme-dans-le-sep.jpg)
Son bonheur n’était nullement feint !
La satisfaction creusait l’appétit. Nous avons savouré un menu de bergers, qui comportait des saucisses fumées :
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_9550bf_20250312-215451-boheme-dans-le-sep.jpg)
La garniture était à base de poivrons, toujours al dente :
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_2e8d8a_20250312-215019-boheme-dans-le-sep.jpg)
Comme nous chérissions notre autonomie !
Nous sommes entrés dans la Région Ιωάννινα dans l’après-midi et nous y sommes restés pour passer la nuit.
Là encore, le Capitaine a suivi son inspiration. Et voici où nous a menés notre liberté :
/image%2F0657984%2F20250318%2Fob_62c35a_s9480013-boheme-dans-le-septentrio.png)
La Bohème continuait à embellir notre route par une abondance de floraisons.
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_163711_s9480001-boheme-dans-le-septentrio.png)
Nous nous émerveillions que le hasard nous ait offert un cadre aussi magnifique.
/image%2F0657984%2F20250314%2Fob_dd4deb_20250313-092710-boheme-dans-le-sep.jpg)
L’aventure de la Bohème dans le septentrion était un retour à la Nature, qui nous enchantait grandement grâce aux fleurs de la liberté.
Tags : Aventure, Bohème, septentrion, Ηγουμενίτσα, Θεσπρωτία, Πολύδροσο, Ιωάννινα, liberté, fleur, Saint Georges, Ayurvéda