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Ils se sont rencontrés pour la première fois en 2016. C’était à Πύλoς (transcription : Pylos), sur le flanc occidental de la péninsule du Péloponnèse. Depuis, la prospérité de leurs sentiments réciproques illustre l’expression : «  lo splendore dell’amicizia » (en français : la splendeur de l’amitié).

C’était comme si le Rhône et le Tibre avaient leur confluence au royaume de Νέστωρ (transcription : Nestôr), qui était le seul roi grec que les Olympiens avaient épargné, lors du retour de Troie, en raison de sa piété qui n’avait pas été altérée par le fracas des armes.

Le Romain recevait le Lyonnais dans la demeure du premier, située à l’embouchure du Tibre.

Quel genre de breuvage le Romain servait-il au Lyonnais ?

Le Romain a fêté notre arrivée avec deux bouteilles.

Voici la première :

Sur le côté droit de l’étiquette, apparaissait, en italique, la zone viticole : Puglia (en français : Pouilles), que nous traverserions avant d’embarquer à Brindisi.

En bas de l’étiquette, figurait, en lettres majuscules, bien droites, le cépage : BOMBINO.

Et voici la seconde bouteille :

Le nom du cépage, qui occupait la majeure partie de l’étiquette, était écrit avec ces trois lignes :

GRE

CHE

TTO.

En-dessous, figurait le lieu de production : Todi, qui se trouvait dans l’Ombrie.

Puis, tout à fait en bas, on pouvait lire le nom de l’exploitant : TODINI.

Nous avons aimé les deux vins, leurs effluves séduisants et leurs délicieuses longueurs en bouche.

En bon stratège, le Romain a amené les deux bouteilles dans l’ordre croissant des pouvoirs euphorisants. Cette orchestration du plaisir nous convenait tout à fait.

N’allez pas croire que nous recherchions l’ivresse inconditionnelle. Seul, le vin stimule moins l’inspiration que lorsqu’il s’associe à un mets.

C’est pourquoi, pour accompagner le vin des Pouilles, il y avait ceci :

Ces tuiles qui frisaient pour captiver le regard charmaient en bouche par la légèreté de leur consistance et par le croustillant de leur texture. Leur fabrication était saisonnière : en effet, elles étaient confectionnées spécialement pour la période du carnaval, qui nous réservait ses ultimes instants. Les gourmets romains les nommaient « frappe ».

Une âme attentionnée et généreuse était à l’origine de la venue de ces friandises festives sur la table de bienvenue : elle était assise sur la gauche dans la photo suivante.

Le contexte de l’embouchure du Tigre a peut-être suggéré à certains de nos lecteurs qu’il s’agirait de la Dame d’Ostie. Effectivement, il s’agissait bien de la Dame d’Ostie, qui avait jadis donné son nom à un précédent article.

Connue pour l’efficience de sa générosité, la Dame d’Ostie n’a pas présenté qu’une sorte d’accompagnement pour le vin, mais deux. Voici le second accompagnement :

La friandise imitait une grosse langouste, dont la carapace était évoquée par des anneaux finement ciselés. Le réalisme de la représentation, qui était saisissant, mettait tout de suite l’eau à la bouche. Nous n’avons pas résisté longtemps à l’invitation visuelle, d’autant plus que la crème qui garnissait l’intérieur semblait très appétissante. Le croustillant de l’enveloppe dorée se mariait à merveille avec l’onctuosité de la crème pâtissière. Quel régal !

Le nom reçu par ces langoustines ré-interprétées à l’embouchure du Tibre était « Aragostine ».

C’était encore la Dame d’Ostie qui réalisait l’accord mets-vin pour le cépage de l’Ombrie.

Elle nous a préparé des lamelles de porc avec des champignons.

La cuisson était parfaite !

En même temps, était servie de la chicorée :

Pour nous, c’était une délicieuse découverte.

Pouvoir se restaurer sans la contrainte des tâches matérielles, et de surcroît, en très bonne compagnie, c’était un bonheur que nous avons chéri tendrement.

Quand au bout de la route, il y a « la splendeur de l’amitié », la vie est tout simplement magique !

Que nos chers lecteurs ne se trompent pas ! Le poème « Lo splendore dell’amicizia », qui était à l’origine du titre de cet article, contenait la mise en garde suivante :

Lo splendore dell’amicizia

non è la mano tesa né il sorriso gentile

né la gioia della compagnia :

è l’ispirazione spirituale quando

scopriamo che qualcuno crede in noi ed

è disposto a fidarsi di noi.

 

En français :

La splendeur de l'amitié

n’est pas la main tendue ni le sourire doux

ni la joie de la compagnie :

elle est l'inspiration spirituelle quand

nous découvrons que quelqu'un croit en nous et

qu’il est prêt à nous faire confiance.

 

Le poème nous met en garde contre le pouvoir séducteur des avantages matériels et des attitudes superficielles : en effet, les bienfaits de l’amitié véritable s’enracinent nécessairement dans le domaine de l’esprit pour acquérir leur caractère durable.

Dans ce contexte, de quelles manières l’échange qui a eu lieu à l’embouchure du Tibre s’est-il préoccupé des choses de l’esprit ?

Dès les premiers instants, le Romain a rappelé au mousse la passion de celui-ci pour les pins parasols et les coquelicots. Le rappel concernait l’être intérieur et ses goûts artistiques. Tout cela n’avait rien à voir avec la nourriture périssable.

Voici les pins parasols qui ornaient les abords de la demeure du Romain :

L’art et l’histoire sont intimement liés. En effet, pour le mousse, la silhouette du pin parasol est l’ornement par excellence de la Via Appia. La passion pour les pins parasols rejoint donc l’admiration pour le génie romain, qui a unifié le bassin méditerranéen.

Du génie romain, notre hôte nous en parlait avec une fierté toute légitime. Avec délices, nous l’écoutions définir l’enjeu technique puis décrire la solution trouvée par les ingénieurs de l’Empire. Rendre hommage au savoir-faire de l’Antiquité était une activité très édifiante.

À sa manière et avec sa sensibilité, la Dame d’Ostie aussi nous édifiait par ses propos. Sa première parole était pour le contentement. En effet, elle nous disait que l’on s’enrichissait quand on savait se satisfaire de ce que l’on possédait déjà.

L’absence d’attitude envieuse donnait à la Dame d’Ostie beaucoup de sérénité. Le charme de sa paix, intérieure et extérieure, était considérable.

Cette paix apportait deux bienfaits. L’un était du domaine de l’art tandis que l’autre appartenait au domaine de l’éthique.

La paix de l’esprit donnait de l’assurance au trait de pinceau quand la Dame d’Ostie créait ses céramiques. Voici l’une de ses créations :

Tout l’ornement pictural était l’œuvre de la Dame d’Ostie.

Le magnifique dessin, qui fascinait par sa précision et son raffinement, surprenait aussi par l’atmosphère qu’il dégageait. En effet, aucune cruauté ne se voyait dans le cavalier ottoman. Par contre, le personnage semblait habité par une grande magnanimité.

La Dame d’Ostie ne pouvait que peindre avec son cœur. Et son cœur était un cœur débordant de bonté.

La paix intérieure rendait ô combien suave la manifestation de cette bonté. Comme nous étions alors bien loin des objectifs matérialistes de l’égocentrisme !

L’accueil que nous avons reçu à notre arrivée dans la Cité des Césars était extrêmement émouvant par son authenticité et sa générosité.

Il y a eu un présage très lumineux.

En effet, ce jour-là, au lever du jour, ce spectacle nous a été offert :

Le lever du soleil illuminait la roulotte à tribord. La photo a été faite à partir de l’intérieur.

Et qu’y avait-il à bâbord ? Ceci :

 

Le flanc gauche de la roulotte était aussi illuminé par le lever du soleil. Cette fois-ci, la photo n’était plus réalisée depuis l’intérieur, mais depuis l’extérieur.

La splendeur du lever du soleil annonçait la splendeur de l’amitié, qui nous attendait dans la Cité des Césars.

L’amitié est faite de réciprocité.

Dès le lendemain de notre arrivée, nous avons exprimé à la Dame d’Ostie et à son époux romain notre gratitude en les conviant à des agapes qui se dérouleraient à bord de la roulotte.

Pour cela, nous bénéficions d’un cadre champêtre.

En effet, voici le paysage qui s’offrait à bâbord :

Le parterre fleuri par une multitude d’éclosions donnait l’agréable sensation de se retrouver à la campagne tandis que le bus rouge, qui portait sur son flanc gauche une effigie de Cinecittà, rappelait que la culture était toujours à portée de main.

Voici la table de la convivialité :

La roulotte demeurait fidèle à l’esprit du Zeph.

Pour nos amis romains, qui nous rappelaient l’épopée du voyage initiatique du Zeph, nous avons mis sur la table un Médoc sorti en 2014 des fûts du Château Labadie :

L’année qui a suivi le millésime a propulsé le Zeph vers les flots de l’Hellade, qu’il n’a plus quittés depuis.

La nourriture du Zeph n’était pas une nourriture de l’oubli, mais de la mémoire.

Les agapes de la gratitude ont commencé avec des crudités où le chou était à l’honneur :

Le chou, dont raffolaient les Grecs, était servi sous forme de chou blanc et de chou-fleur. L’aliment était dégusté cru, pour une qualité diététique maximale et pour le délicieux craquant sous la dent.

La sauce au gingembre proposait un plaisir gustatif selon l’Ayurvéda.

Le plat chaud, quant à lui, racontait une rencontre de deux barques qui se croisaient. L’une était matérialisée par un poivron jaune. L’autre, par un poivron rouge.

La barque rouge transportait du poulet caramélisé et de l’ananas rissolé avec des poireaux.

La barque jaune, elle, avait à son bord des patates douces et des myrtilles, bien caramélisées aussi :

La cuisine des fruits, ainsi mise à l’honneur, s’inspirait du savoir-faire d’un grand chef ayant exercé à Biarritz.

En dessert, étaient servies des fraises qui venaient directement du verger romain :

Nos amis romains aimaient la douceur dans la vie, et surtout à table. Alors la chantilly est venue couronner la fête de l’amitié :

Le repas n’était pas celui de la futilité. Au contraire, il servait de cadre pour que nous voyions à l’œuvre la profonde empathie que la Dame d’Ostie éprouvait à l’égard d’autrui. Cette profonde empathie se manifestait par le sens du détail, par l’émouvante sincérité et par la douceur du ton.

Quant à son époux romain, il avait endossé deux rôles : celui de l’Arlequin pour sa théâtralité et celui de Jean de La Bruyère, qui peignait avec vivacité les mœurs de son temps à travers l’ouvrage « Les Caractères ».

Il existait un « caractère » qui a stimulé l’éloquence et l’esprit de drôlerie chez notre hôte : c’était la « radinerie ». Ce vocable, emprunté au vocabulaire du Capitaine, donnait au Romain une verve à la fois flamboyante et édifiante.

Au moment de l’au revoir, la Dame d’Ostie et son époux nous ont offert une délicieuse vision.

Voici la chose qui a fait éclore cette vision :

Il s’agissait du limoncello, bien connu des amoureux de la péninsule italienne.

Mais le limoncello de nos amis romains possédait deux particularités, qui le rendaient très précieux à nos yeux.

Comme le montre l’étiquette, c’était un limoncello fait maison, c’est-à-dire sans additif et sans conservateur.

Ensuite, c’était un limoncello spirituel, sans jeu de mot. En effet, regardez la gravure qui apparaît au-dessus de l’étiquette :

En dépit de la concordance des temps imposée par la grammaire française, la phrase précédente, qui aurait dû être à l’imparfait, est écrite au présent : c’est pour dire que le souvenir que nos amis romains nous ont confié est toujours d’actualité. En effet, cette trirème de l’Antiquité, qui sied bien à l’évocation de l’embouchure du Tibre, nous accompagne en ce moment même, jusqu’en Mer Égée.

Ainsi les agapes à bord de la roulotte n’étaient surtout pas pour du futile, ni pour du périssable. Elles avaient une valeur pérenne par leur réconfort prophétique.

L’aventure de la Bohème à l’embouchure du Tibre nous a menés vers un sublime cadeau, qui était « Lo splendore dell’amicizia ».

Une fois de plus, les plus beaux paysages sont ceux du voyage intérieur.

 

Tags : Aventure, Bohème, César, Πύλoς, Νέστωρ, Lo splendore dell’amicizia, pin parasol, Tibre, Spiavento Bombino, Grechetto Todini, Dame d’Ostie

Tag(s) : #2025 LA ROULOTTE
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