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L’image suivante a été réalisée dès le lendemain de notre arrivée à Σκύρος (transcription : Skyros) :

La photo a été faite avec le soleil couchant, qui traversait intégralement le Zeph, de la proue à la poupe. En effet, à ce moment-là, l’axe du Zeph était parallèle à la ligne Ouest-Est.

À l’arrière-plan, sous le feuillage des arbres, se trouvait l’unique supermarché disponible au niveau du port.

À bord du Zeph, étaient réunis trois équipages : celui du Zeph, celui du « Nereida » et celui de la « Brise du midi ».

Dans l’assemblée, tout le monde parlait français, ce qui permettait d’accompagner facilement la délicatesse du geste par l’amabilité du mot et d’annoncer subtilement l’éclosion d’un sourire par une fantaisie bienveillante du langage.

Ce sommet de la francophonie, totalement improvisé mais extrêmement édifiant, était dû à la générosité d’une inspiratrice qui était la muse du « Nereida ». La muse du « Nereida » s’appelait Josiane. La voici en compagnie de son amoureux, qui se prénommait comme le Capitaine du Zeph.

Donc, Josiane était la fée qui a permis à la fête de la convivialité de prendre forme. Voici le lieu où elle a fait usage de sa baguette magique :

Dans le plan intermédiaire, nous reconnaissons, en lettres bleues, le nom AΧΙΛΛΕΑΣ (en français : ACHILLE) du ferry, déjà décrit dans l’article précédent. Au premier plan attendait le bus municipal, qui faisait la liaison entre le port et la ville haute. La photo a été prise au moment où un passager, qui venait de sortir du ferry, s’apprêtait à monter dans le bus.

Sur la droite de la photo, des sièges étaient installés sur des gradins pour permettre à des passagers d’attendre confortablement le bus, au cas où celui-ci n’était pas tout de suite accessible. Le confort offert par la municipalité de Σκύρος était pensé et mis en œuvre en faisant appel au dernier cri de la technologie. En effet, une pancarte informait clairement que les passagers qui attendaient sur ces gradins disposaient de l’énergie électrique à volonté et d’une wifi entièrement gratuite :

En bas, apparaissait en lettres blanches l’information suivante :

Xώρος φόρτισης κινητών

κλπ συσκευών

Charging Aera

 

Les deux premières lignes, écrites en grec, signifiaient :

Espace de charge pour les mobiles

et autres appareils

La troisième ligne, qui s’adressait plus spécialement au visiteur, était écrite en anglais et disait, plus simplement :

Aire de charge

 

Une autre information était délivrée à hauteur de vue, entièrement en anglais :

FREE WI-FI ACCESS

« LINARIA PORT FREE WIFI »

 

La première ligne informait le passant qu’à cet endroit, une wifi était disponible et qu’il n’y avait rien à débourser. La seconde mentionnait le signal qui apparaîtrait sur l’écran, avec la localisation du port : LINARIA (en grec : ΛΙΝΑΡΙΑ, avec des majuscules ; et Λιναριά, avec des minuscules).

La wifi municipale était extrêmement puissante et stable. C’est pourquoi le mousse s’est installé sur ces gradins pour suivre les émissions culturelles de la télévision grecque.

Absorbé par son écran, le mousse n’a pas vu que la muse du « Nereida » passait par là. D’ailleurs, juste avant, il ignorait complètement l’existence de cette muse. Il a seulement entendu une voix féminine qui disait : « Mais c’est Minh ? » Il a relevé ses yeux et a vu un couple de touristes. Il ignorait tout d’eux. Mais eux semblaient plutôt en terre de connaissance. Le mousse leur a demandé le secret qui avait déclenché l’abordage. Ils lui ont alors parlé du bateau qui s’appelait « l’Étoile filante », de la science archimédienne que possédait Dany le capitaine et de la savoureuse choucroute confectionnée par Stella, la fée de « l’Étoile filante ».

Tous nos lecteurs savent la grande dette que le Zeph avait à l’égard de « l’Étoile filante ».

De son côté, pour des questions techniques aussi, le « Nereida » avait une dette similaire par rapport à « l’Étoile filante ».

Ainsi, la similitude des dettes a rapproché le Zeph et le « Nereida ». Ça, c’était la part du hasard.

Mais il y avait aussi la contribution intentionnelle de l’être humain, quand la muse du « Nereida » a identifié le mousse en rapprochant le souvenir laissé par « l’Étoile filante » et la silhouette réelle, aperçue pour la première fois sur le port de Σκύρος.

Prenons les choses dans l’ordre.

Tout d’abord, merci à « l’Étoile filante » qui a fait connaître au « Nereida » la manière de vivre du Zeph.

Ensuite, merci au « Nereida » de s’être souvenu, non seulement de la physionomie, mais aussi du nom du mousse. Ceci témoignait que la perception du « Nereida » n’était ni superficielle, ni futile.

Merci encore au « Nereida » d’avoir fait le lien, à Σκύρος, entre la mémoire et la vision en direct.

Et merci encore au « Nereida » d’avoir osé l’interpellation de vive voix. Ceci montrait d’une part que la mémoire du « Nereida » était une mémoire féconde et agissante, et que d’autre part le « Nereida » chérissait le lien social.

Était-il possible que le mousse reste de marbre devant une telle effusion de sympathie ?

Le bon sens pressait le mousse à rendre la politesse en conviant l’équipage du « Nereida » à partager quelques instants de convivialité, dans le cadre d’un apéro qui aurait lieu le lendemain, dans la soirée, à bord du Zeph.

L’invitation lancée par le mousse a été accueillie très favorablement par le « Nereida ».

Au soir de la première journée à Σκύρος, la politesse refermait son cycle sous le signe de la réciprocité et de l’équité. À ce moment-là, nous étions loin de nous douter qu’un coup de théâtre se préparait.

Il (le coup de théâtre) est venu se présenter le lendemain, devant la passerelle du Zeph. Effectivement, sans que nous nous y attendions, Josiane et Pierre sont venus nous dire bonjour, tôt dans la matinée :

Mais ils n’apportaient pas qu’un simple bonjour. Car celui-ci contenait une invitation, à la fois solennelle et amicale. La solennité était due au fait qu’il s’agissait d’une chose sérieuse. Le ton de l’amitié, lui, disait la perspective d’une fête.

Concrètement, Josiane et Pierre voudraient que nous nous joignions à eux, à l’occasion du dîner qu’ils prépareraient pour d’autres amis, voileux eux aussi. Ces invités de la première heure, qui s’appelaient Brigitte et Pascal, naviguaient à bord de la « Brise du midi ».

L’invitation de retour du « Nereida » a été prononcée avant même que l’apéro à bord du Zeph n’ait eu lieu. Le « Nereida » a rendu la politesse tout de suite, sans attendre, presque simultanément par rapport à l’invitation du Zeph. De mémoire de Zeph, c’était la première fois qu’une telle promptitude s’est manifestée.

Dans la foulée, le mousse a exprimé le souhait que Brigitte et Pascal aient aussi leurs places à bord du Zeph, aux côtés de Josiane et Pierre, au moment de l’apéro offert par le Zeph.

Des ouvertures successives étaient déclenchées par la transmissibilité de la confiance, qui venait doper le lien spontané et naturel entre gens de la mer.

Voici donc Brigitte et Pascal à bord du Zeph :

Pour nos quatre invités, nous avons sorti de l’ouzo. Sauf que nous avons oublié de mettre l’eau au frais.

Tout de suite, le capitaine du « Nereida » s’est proposé d’aller chercher (c’est-à-dire acheter) des glaçons dans le supermarché que nous avons localisé dans la toute première photo de l’article.

La promptitude du dévouement du « Nereida » nous a beaucoup émus.

À notre grande surprise, l’élan du « Nereida » a été stoppé par la « Brise du midi ». En effet, Pascal, le capitaine de la « Brise du midi » avait une meilleure idée : pour lui, il suffirait d’aller prendre les glaçons qui attendaient à bord de son bateau.

Dans un premier temps, la proposition de Pascal n’a pas soulevé un enthousiasme général. Car nous craignions d’abuser de la générosité de la « Brise du midi ». Et puis, sur le plan physique, ça nous gênait que Pascal s’extraie de l’assemblée pour faire l’aller-retour entre le Zeph et la « Brise du midi ».

Mais Pascal a su trouver l’argument adéquat pour convaincre tout le monde : ce serait vraiment stupide de dépenser de l’argent pour des glaçons alors que ceux-ci étaient disponibles, gratuitement, à bord de la « Brise du midi ».

En définitive, tout le monde s’est rallié à la sagesse de Pascal.

Voici la « Brise du midi » :

La photo montre le bassin intérieur, qui avait la forme d’un U. Le U s’ouvrait vers l’Ouest. Le fond du U suivait une ligne Nord-Sud. La « Brise du midi » était blottie dans l’arrondi méridional du U. Et qui s’est abrité dans l’autre arrondi, qui se trouvait au Nord ?

C’était le Zeph, reconnaissable à ses lignes bleues et à son éolienne tricolore.

La photo montre le chemin que le capitaine de la « Brise du midi » avait à parcourir dans un sens puis dans l’autre pour nous ravitailler en glaçons.

Le Zeph était très reconnaissant à la « Brise du midi » pour ce geste dévoué. En plus du dévouement, la « Brise du midi » a fait preuve d’un pragmatisme qui a beaucoup fasciné le Zeph.

Avouez que par rapport à l’aliment liquide, le service offert par le Zeph était loin d’être irréprochable.

Mais les invités se sont montrés généreux dans leur indulgence.

Pour l’aliment liquide, le Zeph s’est mieux débrouillé : il a préparé un sauté de légumes frais.

La cuisson al dente a ravi le « Nereida » et la « Brise du midi ».

Avec l’appétit, la bonne humeur, qui n’a jamais quitté le giron du Zeph, continuait à s’amplifier et a fini par déborder sur le quai. Σάκης (transcription : Sakis), le responsable des amarrages, a remarqué la joyeuse fraternité qui régnait à bord du Zeph. Nous avons invité Σάκης à se joindre à nous. Mais le Grec, qui était très pudique, nous a répondu que ce serait volontiers pour une autre fois.

Après ce magnifique prélude, l’assemblée a migré en direction du « Nereida ». Voici Josiane et Pierre qui nous ouvraient la voie :

Le repas reflétait leur générosité.

Les protéines et les céréales étaient servies séparément.

La nourriture était le prétexte pour dire notre privilège d’être en mer.

Ce privilège unissait nos cœurs.

Aucune parole prononcée n’employait le superlatif. Pourtant le bonheur qui nous enveloppait tous les six était au superlatif.

Comme Josiane était exquise par sa douceur !

Quant à Pierre, le capitaine du « Nereida », il était toujours aux petits soins à l’égard des invités. Quelle serviabilité et quelle sollicitude !

La « Brise du midi » continuait à nous charmer par son esprit pratique. Josiane et Pierre savaient dire l’essentiel et se contenter de l’essentiel :

Ils avaient la sagesse de ne pas se prendre le chou avec des futilités.

À bord du « Nereida », les mots étaient libres, sincères et édifiants.

Point d’égratignure provoquée par la tentation de faire de l’esprit pour épater la galerie.

Point de parole fade ou creuse dont le but serait de ne blesser personne.

Donc beaucoup de courtoisie et de civilité, mais aussi beaucoup de profondeur et de bon sens dans l’échange.

La qualité des propos et la noblesse des manières faisaient que le menu de l’esprit apportait un plaisir supplémentaire aux papilles.

Les agapes à bord du « Nereida » avaient lieu au moment où le ferry AΧΙΛΛΕΑΣ s’en allait :

Le lendemain, le « Nereida » et la « Brise du midi » s’en iraient aussi, vers le Nord, en direction de Thessalonique.

Le Zeph, lui, resterait encore quelques jours à Σκύρος, confiant que d’autres surprises agréables viendraient à lui.

La convivialité qui reliait le Zeph et les nefs amies confirmait un proverbe et en contredisait un autre. Les différentes connexions, qui se sont succédées dans le temps et qui se sont élargies au sein de la famille des voileux, confirmaient effectivement que « les amis des amis étaient des amis », au moins à Σκύρος. Toujours à Σκύρος, le proverbe démenti était celui qui disait « Loin des yeux, loin du cœur ». En effet, « l’Étoile filante » de Stella et Dany se trouvait loin de nous, mais c’était le souvenir vivace qu’il avait laissé dans le cœur du Zeph et dans celui du « Nereida » qui a permis le captivant sommet de la francophonie.

Nous remercions Josiane et Pierre du « Nereida » ainsi que Brigitte et Pascal de la « Brise du midi » pour cette soirée superbe. Cependant, nous remercions surtout Stella et Danny de « l’Étoile filante », sans qui les merveilleux moments de convivialité à Σκύρος n’auraient pas eu lieu.

Le balcon posé sur la mer à Σκύρος était le balcon de la convivialité, qui était l’art de vivre de la francophonie.

 

Tags : balcon posé sur la mer, Σκύρος, convivialité, générosité, dévouement, pragmatisme, l’Étoile filante

Tag(s) : #2024 La GRECE, #sporades
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