Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Nous étions très contents de l’escale à Άγιος Eυστράτιoς (transcription : Ayios Evstratios) : nous étions venus au bon moment et nous avions pu découvrir les paysages intérieurs qui caractérisaient l’âme locale.

Nous ne sommes pas repartis de Άγιος Eυστράτιoς bredouilles, mais les cales chargées des trésors culturels que l’île nous avait si généreusement offerts.

Voici le matin du départ :

Les lampadaires du port étaient encore allumés. Au premier plan, était amarré le Zeph, avec son linge qui finissait de sécher. Le linge pendu aux filières était l’un des signes d’identification du Zeph.

Au niveau du plan moyen, apparaissait le ferry AEOLIS qui assurait la liaison avec Mytilène. Entre le ferry et le Zeph, se trouvait le fameux coude du débarcadère, qui nous avait aidés à identifier les différents éléments dans les vues d’ensemble.

Dans cette photo, il y avait une nouveauté par rapport aux photos précédentes qui montraient le port. En effet, une grosse vedette noire s’est mise pratiquement à la place du gros ferry immatriculé au Pirée et qui appartenait à la compagnie SEAJETS. Le Zeph n’aurait jamais osé agir de cette manière : tout simplement parce que ce comportement était aussi une forme d’incorrection, et que la place accaparée ressemblait à une prise de guerre.

Le geste de témérité de la vedette noire a rappelé au Zeph que les places étaient très, très chères à Άγιος Eυστράτιoς. Et en regardant en arrière, le Zeph a réalisé à quel point il était chanceux de ne pas avoir à se batailler puis à transgresser les normes pour pouvoir séjourner à Άγιος Eυστράτιoς. En effet, le Zeph avait eu le choix de la place et celle qu’il avait voulue lui était échue en toute sérénité, sans déclencher aucune angoisse. Le double cadeau de la liberté et de la sérénité était un très beau cadeau de la part des divinités. Une navigation en mer Égée ne peut prendre conscience de sa grande valeur sans se référer à l’Olympe.

Préservant précieusement sa sérénité, le Zeph s’éloignait du quai d’amarrage :

Le cœur serré, nous avons dit au revoir au phare rouge, qui se trouvait à droite de la photo.

Le beige clair du ciel se répandait sur les flots.

Doucement, nous avons pris la direction du Sud-Ouest pour rejoindre l’île de Ʃκύρος (transcription : Skyros). Sur le GPS, la destination du jour se trouvait au niveau du plus petit des cercles concentriques :

Les éléments ne se sont pas montrés chaotiques. La glisse au milieu de l’azur était très agréable. Point de monotonie : le plaisir se renouvelait à chaque instant.

À l’approche de la destination finale, une belle surprise a mis tout le Zeph en émoi : plusieurs dauphins, dont la plupart étaient encore bien jeunes, sont venus jouer avec l’étrave. La vivacité des sauts et la célérité des déplacements soulevaient l’enthousiasme des yeux et condamnaient à l’échec les prises de vues. Mais la joie de l’élan vital qui bondissait et rebondissait sur les flots était extrêmement communicative. Posté à la proue, le Capitaine s’efforçait d’obtenir sur la pellicule des traces de ce ballet magique :

Nous n’oublions jamais que la spécificité de notre navigation vient du fait qu’elle a lieu dans un cosmos que les historiens appellent « la terre des dieux ». Cette prise de conscience nous incite à prêter attention au moindre présage, par souci de piété. En l’occurrence, les formes de vie qui affluaient vers le corps du Zeph étaient pour nous des messagers apolliniens. qu’il importait d’honorer avec gratitude.

Il y avait une très grande probabilité qu’il existe une relation de cause à effet entre la gratitude avec laquelle nous avons accueilli la soudaine gaîté apportée par les envoyés d’Apollon et l’extraordinaire accueil qui nous a été réservé à notre arrivée à Σκύρος.

Ce qu’il y avait de merveilleux dans ce voyage, c’était que la beauté existait dans la régularité comme dans l’irrégularité. Dans la régularité, quand le Zeph glissait sur l’eau en toute tranquillité. Mais aussi quand cette régularité était chamboulée par des pirouettes d’allégresse, qui n’étaient pas prévues au programme.

Voici le Zeph qui s’approchait de Σκύρος en arrivant par le Nord-Ouest :

Sur l’écran, on voit devant le museau du Zeph et à bâbord, l’inscription LINARIA.

C’était la graphie, en majuscules dans l’alphabet latin, de Λιναριά, qui était le nom du port desservi par les ferries.

La gratitude engendre la gratitude. Les Olympiens qui, à leur tour, nous savaient gré de notre piété, ont envoyé à notre rencontre trois Grecs extrêmement dévoués et nullement cupides, afin de nous aider pour l’amarrage.

Voici le premier d’entre eux, par ordre chronologique et par ordre hiérarchique :

Il s’appelait Σάκης (transcription : Sakis). Leste et efficace, il maniait avec dextérité son embarcation rouge pour veiller à la sécurité pendant les manœuvres du Zeph.

Σάκης avait la main de la bienveillance mais aussi l’oreille de la finesse. Car il a félicité, avec beaucoup de sincérité, le très bon accent qu’avait le mousse lorsque celui s’exprimait dans la langue d’Homère.

Par rapport au pouvoir décisionnaire, après Σάκης, il y avait Κώστας (transcription : Kostas). Sur la photo suivante, Κώστας était accroupi sur le quai, en train de tirer l’amarre à tribord du Zeph. Très expansif, Κώστας voulait que tout soit fait à fond, avec l’investissement maximal à chaque fois.

Le troisième homme du trio s’appelait Φαρούκ (transcription : Farouk). Sur la photo ci-dessus, Φαρούκ, debout sur le quai, tirait l’amarre à bâbord pour la ramener vers le centre. Φαρούκ, qui effectuait les tâches réclamant beaucoup d’énergie musculaire, charmait aussi par sa courtoisie et sa jovialité.

De mémoire de Zeph, c’était le service d’accueil qui manifestait le plus de dévouement, le plus de sympathie et le plus d’allégresse.

La suave présence des humains se reflétait dans le décor. Des ocelles de paon se formaient dans le bleu clair de la poupe du Zeph :

Le paon évoque le paradis dans la liturgie byzantine.

Les ocelles qui dansaient à la poupe du Zeph nous transmettaient la promesse que l’escale connaîtrait la splendeur de Byzance.

Juste au-dessus des flots de la promesse, une passerelle toute décorée reliait le Zeph au quai :

C’était Φαρούκ qui nous a apporté cette passerelle aux tortues.

Jusqu’alors, aucun port ne nous a proposé des passerelles décorées.

Il y avait donc à Σκύρος le souci de l’élégance. En ce qui nous concernait, la silhouette de la tortue qui assistait à notre transition entre les flots mouvants et la terre ferme était une incitation à ne rien entreprendre dans la précipitation. Sage précepte de l’hédonisme, qui laisse au plaisir le précieux temps de la maturation.

Nous étions ravis que les clins d’œil à l’hédonisme abondent à Σκύρος.

Ce jour-là, moins d’une heure après l’amarrage, voici comment la saveur de la vie, la saveur du temps et la saveur de l’art culinaire se sont données rendez-vous à bord du Zeph :

Autour d’une table de l’autonomie, où la qualité diététique ne dépendait d’aucun bon vouloir extérieur. L’attrait des ingrédients était dû à leur fraîcheur. La composition séduisait par la variété des textures : il y avait le moelleux des pommes de terre, le croquant des petits pois et la chair ferme des cerises. Le principe ayurvédique enchantait les papilles par la contribution sucrée des petits pois, le goût acidulé des cerises, la légère âpreté des oignons, le sel qui dorait délicatement les pommes de terre.

Ces fruits et légumes du terroir disputaient la vedette à un gigot d’agneau extrêmement goûteux :

À bord du Zeph, on mange bien. Plus exactement, on prend le temps de bien manger.

Et ce n’était pas la sirène du port qui nous en blâmerait. Bien sûr, nous ne parlons pas de la sirène qui fait retentir l’alarme du danger, mais de la silhouette qui séduit par l’éclosion du merveilleux dans notre visuel et notre mental.

Cheveux au vent, elle était complètement fascinée par notre bonheur nouveau. En effet, celui-ci ne faisait que débuter, comme l’indique l’épithète. Mais de superbes signes avant-coureurs étaient là.

Entre autres, il y avait le soleil qui nous faisait un émouvant au revoir à l’heure du premier crépuscule :

Puis, tout près du Zeph, un ferry pointait son museau en direction de l’Ouest :

Le soleil couchant léchait le flanc à bâbord. À la poupe se trouvait l’inscription :

ΑΧΙΛΛΕΑΣ

ΠΕΙΡΑΙΑΣ

 

En français :

ACHILLE

LE PIRÉE

 

Le ferry portait le nom du guerrier le plus vaillant de l’Antiquité.

Le port d’attache était celui qui ravitaillait l’Acropole d’Athènes.

Ainsi, la mythologie s’affichait en grand sur le mur de scène.

Le Zeph y voyait le présage que l’escale à Σκύρος serait riche de sens. Comme une telle perspective était enthousiasmante !

Le balcon posé sur la mer entre Άγιος Eυστράτιoς et Σκύρος était le balcon d’un enthousiasme croissant.

 

Tags : balcon posé sur la mer, Άγιος Eυστράτιoς, Σκύρος, Achille, hédonisme, ayurvéda, autonomie, enthousiasme

Tag(s) : #2024 La GRECE, #sporades, #sporades du nord
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :