L’hédonisme, ce n’est pas la pratique de l’excès : c’est plutôt la jouissance d’un équilibre parfait.
L’hédonisme, ce n’est pas un coup d’éclat, mais une persévérance.
Ce n’est pas rêver de la fête seulement certains jours, mais parier que c’est la fête tous les jours. Et là-dessus, le Zeph gagne le pari haut la main, grâce à l’énergie inépuisable de son autonomie.
Cet article sera donc la chronique culinaire des treize jours passés à Λίμνος (transcription : Limnos). Elle ne suivra pas l’ordre chronologique, mais s’organisera selon un plan thématique. Cependant, il sera aisé de se rendre compte que chaque jour, sans exception, a eu sa part de fraîcheur maraîchère.
Commençons alors par le commencement, c’est-à-dire par l’entrée en matière. Celle-ci privilégiait toujours les crudités, pour la simple raison que les vitamines commencent à se dégrader à partir de cinquante degrés.
Le sens du pragmatisme nous incitait à utiliser les produits de saison, c’est-à-dire le chou, le concombre et la tomate.
Les Grecs raffolaient de chou, sous toutes les formes. Voici un hommage à l’engouement grec :
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La préparation utilisait le chou blanc et le chou rouge, sans oublier le chou-fleur.
À ces trois textures de croquant, s’ajoutait celle de l’endive crue, qui fournissait aussi une note d’amertume pour servir de contrepoint ayurvédique à la douceur des trois sortes de chou.
La composition prévoyait de disséminer au milieu des copeaux frisés du chou blanc des morceaux de fromage de brebis pour matérialiser le double apport en sel et en protéines.
Il était tout à fait possible d’avoir du plaisir avec des crudités sans l’immission des protéines. C’était cette formule purement végétale qui florissait à bord du Zeph. Et pour rendre cette célébration de l’univers végétal encore plus magnifique, le mousse s’est inspiré du savoir-faire d’un ambassadeur de la gastronomie française, qui exerçait à Biarritz au moment où son art était parvenu jusqu’aux oreilles et aux yeux du mousse : ce magicien du goût utilisait en même temps les productions du potager et du verger. Depuis cette époque, le mousse a suivi la démarche du prestigieux maître. C’est pour cela qu’à Λίμνος, le cerisier et le pêcher participaient aussi à la fête des crudités.
De plus, l’intervention du verger contribuait à la mise en place de la gamme ayurvédique, qui ne pouvait que saluer l’ajout de touches naturellement sucrées ou acidulées à l’habituel apport de sel.
Voici donc un autre exemple d’assiette de crudités, dégustée pendant que le Zeph était amarré à Λίμνος, dans la grande baie sécurisée de Mούδρoς :
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Avec des rubans de concombre, des cylindres étaient confectionnés pour contenir des filaments de carotte. Tout était taillé à la main, sans l’intervention d’aucun engin électrique, pour éviter que la chair végétale ne soit meurtrie inutilement par la brutalité de l’électricité.
Quant au feu d’artifice ayurvédique, il arrivait avec la sauce au gingembre :
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Le gingembre rehaussait, par son âpreté et son amertume, le goût salé, la saveur sucrée et la pointe acidulée déjà présents.
Il existait une variante de cette préparation, qui était destinée aux inconditionnels de la tonicité des agrumes. Dans ce cas, l’apport acidulé était renforcé par la présence de l’ananas :
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L’ananas était toujours de l’ananas frais, à ciseler en colimaçon, puis à tailler pour confectionner des formes qui rappelaient des éventails.
L’utilisation de l’ananas entraînait la substitution des assises de pêche par des rondelles de tomate, pour ne pas donner l’impression que l’on mangerait un dessert à l’entrée du repas.
Nous arrivons maintenant au plat chaud.
Dans l’ordre croissant en teneur protéique, voici les différentes préparations.
D’abord, il y avait les feuilles de vigne, qui étaient farcies seulement de riz :
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Avec ce plat, nous avons mangé chaud et nous nous sommes régalés, sans nécessairement consommer des protéines
Les paquets de riz, enveloppés de feuilles de vigne, étaient déposés dans des pétales d’oignon, sollicités pour leur douceur.
La présentation montrait une fleur à dix pétales, dont le centre était occupé par une tomate bien juteuse. À la découpe, l’acidité du jus de la tomate rejoignait celle de la feuille de vigne pour adoucir cette dernière. Dans le même temps, l’âpreté du basilic frais avait pour mission de parfumer celle de la feuille de vigne.
Après cette préparation qui ne sollicitait aucune protéine, le plat suivant commençait utiliser la viande, mais dans des proportions très faibles.
Dans l’exemple ci-dessous, les légumes restaient largement majoritaires :
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Les courgettes, les carottes et les tomates étaient servis chauds. Mais les deux premières catégories devaient absolument rester al dente : elles avaient seulement fait un rapide aller-retour dans le jus fabriqué à partir des ailes de poulet, qui étaient encore reconnaissables sur la photo.
Nous arrivons à présent à des plats où la viande affichait clairement son attrait.
La présentation ci-dessous montrait comment des blancs de poulet étaient préparés :
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Les blancs de poulet alternaient avec des moitiés de poivron rouge, qui ressemblaient à des embarcations dont la cargaison se composait de portions de courgette, taillées en oblique. Tous les légumes étaient croquants, y compris l’oignon frais découpé en petits cylindres.
Certains gourmets préfèrent dans le poulet la peau qui croustille.
Le Zeph n’a pas négligé cette option.
Voici donc des cuisses de poulet bien dorées :
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La présence de lipides, même naturels, incitait à renforcer le contrepoint végétal. D’où l’apparition de deux condiments supplémentaires par rapport au plat précédent : d’abord les tomates, pour leur goût acidulé, puis les cerises, pour leur contribution sucrée et surtout en souvenir des leçons de Biarritz.
Concernant la peau du poulet, le Capitaine la voulait la plus croustillante possible. Un tel vœu était très facile à exaucer à bord du Zeph :
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Les pommes de terre ont adopté le même habillage appétissant devant le regard fasciné des haricots verts.
À bord du Zeph, était servie la viande blanche de la volaille, mais aussi la viande rouge qui provenait du porc, du bœuf et de l’agneau.
Le porc et le bœuf entraient dans la composition de la moussaka :
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L’aubergine, déjà présente dans la recette, recevait du renfort à travers les pommes de terre, le poivron rouge et l’oignon qui composaient la garniture.
Et puis, il y a eu l’agneau :
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Il s’agissait d’un gigot, caramélisé avec des graines de coriandre. Les pommes de terre, coupées à la crétoise, bénéficiaient de la même cuisson.
Le tour d’horizon aurait été incomplet sans le plat de poisson. Voici donc comment le poisson était servi à bord du Zeph, pendant que celui-ci séjournait à Λίμνος :
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Le croquant des petits pois avait pour mission d’offrir un délicieux contraste avec la chair moelleuse du poisson. Les cerises apportaient la coquetterie gustative de Biarritz.
Nous arrivons maintenant au dessert. Là encore, le pragmatisme a prévalu. À bord du Zeph, l’on se délectait volontiers avec les fruits de saison :
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Les fruits rouges, qui provenaient directement du terroir grec étaient vraiment délicieux !
Sur la photo, la lumière qui arrivait sur le verre de gauche, venait du cockpit. Souvenez-vous : dans la baie de Mούδρoς, le Zeph était amarré avec la poupe tournée vers l’Ouest.
Nous savourions le bonheur de la diététique avec la bénédiction du cosmos grec.
À Λίμνος aussi, nous avons trouvé un vignoble qui séduisait nos papilles :
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La longueur en bouche nous ouvrait des horizons sublimes.
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Le balcon posé sur la mer à Λίμνος était le balcon de l'hédonisme.
C’était exaltant, d’autant plus que cet hédonisme du Zeph coûtait trois fois rien, grâce au principe de l’autonomie.
D’aucuns diraient, à la suite de cet article : « On mange bien, sur le Zeph ! ».
Cette remarque, qui dénote le bon sens le plus suave, devrait être assortie de cette réplique du mousse : « À bord du Zeph, l’on vit bien ! » Car la nourriture n’est pas une finalité. Ce n’est qu’une manière, parmi tant d’autres, d’exprimer notre bonheur de vivre en Grèce.
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