- Eeeeh ! Tu m'fais goûter ?
- Nan ! T'as assez bu pour aujourd'hui !
- Alléeeeez ! Juste une gorgée !
- Nan ! Et arrête d'insister !
- Pfff ! T'es pas drôle ! J'vais m'jeter à la baille, na !
- M'en fou !...
Pendant que cette traversée vers la CORSE se poursuit au gré d'un trop petit vent, je tente le spi pour voir ! Mais le vent est si faible que même si la voile multicolore se gonfle, ça n'avance pas bien vite... A peine à 1,9 nœuds ! C'est pas rapide, hein ?
La mer, jusque là vide, s'est subitement remplie de 6 voiliers, tous en route vers l'île de beauté.
Je m'occupe à faire briller les plastiques !
Y'a deux façons de manger les pâtes !!! Soit de porter le bol à sa bouche, soit de descendre sa bouche au bol ! C'est moins esthétique, mais bon... Ça l'fait quand même, non ? Et puis chui fatigué du bras droit moi ! A force de briquer le pont !
6H30 du mat'. La CORSE est là. Le soleil s'est levé. 113 miles au compteur, mais on n'est pas encore arrivé ! La nuit a été paisible. Sans vent, sans houle. Minh le mousse a assuré le quart de veille pendant plusieurs heures me permettant de dormir comme un bébé ! Durant la nuit, nous avons traversé des bancs de méduses phosphorescentes qui surgissaient dans la lumière du feu arrière !
10H10. Le cap CORSE n'en finit pas de se laisser désirer ! 133 miles au loch et il se rapproche bien trop doucement !
10H40. On passe seulement la GIRAGLIA.
12H10. On arrive à MACINAGGIO pour y faire de l'essence et, accessoirement, y trouver une place pour la nuit. Malgré des quais déserts, le port est annoncé complet. Mais bon. Je ne m'étonne plus depuis longtemps de ces annonces de la part de certaines capitaineries. Ce n'est pas la première fois, ici, en CORSE, qu'un port vide est complet ! Pour un Corse ou même un Italien, y'a de la place. Mais pour un Français, sur un petit bateau, y'en a pas ! C'est ça que j'aime en CORSE. C'est pour ça que j'y vais tellement souvent !
Même l'eau est réservée !!! Mais bon. C'est déjà bien qu'ils acceptent de nous vendre de l'essence, hein ? Alors on fait le plein et on repart aussitôt !
147 miles au départ de MACINAGGIO.
18H45. On longe les côtes de l'île d'ELBE.
19H45. On mouille dans la cala BARBATOIA dans 20 mètres d'eau. On vient de faire 189 miles depuis COGOLIN.
Navigation à l'ancienne avec carte, compas et règle CRAS ! Mais ça va. Je trouve mon chemin !
Le mouillage a été très tranquille et j'ai dormi toute la nuit d'un seul tenant, tellement que j'avais accumulé de fatigue ! A peine réveillé une seule fois à cause d'un tangage un peu trop prononcé pour vérifier la position du bateau par rapport aux rochers pas si loin que ça, en fait !
L'île d'ELBE est bien belle. Sans construction qui aurait défigurée les paysages... Je ne sais pas comment font les autorités italiennes pour empêcher la bétonisation du littoral ! En CORSE, par exemple, puisqu'on en vient, je ne suis pas sûr que sans les bombes qui ont mis un peu d'ordre dans tout ça, le littoral aurait été ce qu'il est encore aujourd'hui ! Bon !...
Au matin, peu de temps après avoir démouillé (ça s'dit, ça ?) le moteur a fait des siennes ! Perte de puissance ! Ahhh ! Qué passa con questa machina dé mierda (ça s'dit comme ça ?) !!! J'ai plongé pour voir en dessous. Heureusement qu'il n'y avait ni vague, ni vent, ni méduse, ni requin (quoi que!!!). Les prises d'eau du sail-drive étaient complètement obstruées par des bestioles ! J'ai dû faire 34 apnées pour nettoyer le tout !!! Non mais c'est dingue, hein ? La mer était d'un beau bleu turquoise translucide, et c'est ainsi, que au fond de l'eau, je vois comme un gros truc gris me foncer dessus !!! Je me suis vite hâté en 4ème vitesse et sans perdre de temps vers l'échelle de bain ! Au final, je n'ai pas vu ce que c'était ! Un sous-marin Russe ?
Maintenant, il est 11 heures. Cap au 120° en direction de l'île de GIGLIO. Le ciel est laiteux. On distingue à peine les contours des îles de PIANOSA et de MONTECRISTO. Pendant ce temps, le mousse officie à l'office !
GIGLIO, une fois de plus, est complet. Mais là, c'est vrai ! On s'en va donc vers PORTO ERCOLE. (La photo est un peu floue... Mais en cliquant dessus, ça va mieux !)
50,1 miles au port.
L'arrivée sur PORTO ERCOLE n'en finissait pas d'arriver ! 3 petits promontoires à franchir sous un ciel gris cendre avec une petite pluie fine et un froid grandissant qui m'a contraint d'enfiler mon ciré et mes chaussettes !
On entre dans le port à la nuit. C'est plein, mais on sait où aller ! Toujours au même endroit ! Là-bas, sur le quai de la Guardia Costiere, coincé entre 2 barques !
A peine fini d'amarrer, tandis que Minh part faire des séquences de film et des photos, que les lumières tamisées d'une épicerie-resto-bar me tend ces bras chargés de bouteilles ! J'y trouve un vin fruité cher, mais j'l'achète quand même... Et c'est avec le mousse qu'on le goutte ! Et après l'avoir goûté ? Ben on l'boit, tiens ! C'était un TREROSE di MONTEPULCIANO !
Ensuite, réchauffé par ce breuvage divin bof, on part déambuler le long des quais comme le font tous les italiens ! Ce soir là, j'ai trouvé tout le monde, femmes, hommes, jeunes et vieux, beaux et frais ! Bien sapés et peignés de près ! Des italiens, quoi !
Corvée d'eau sur le môle du matin. Le golfe de NAPOLI et ses îles nous attend ! Encore une 60taine de miles et on se posera à SALERNO pour 10 jours !