28 juillet 2012.
Après une courte nuit, je prépare doucement le bateau. Il y a beaucoup de choses à faire. Ranger les soutes, vin, bière, eaux (quand même un peu !... Pour accompagner le Ricard !), bouffe, gréer le foc, ranger toutes les affaires usuelles, mettre en place les équipements de sécurité, réinstaller les ris dans la grand voile (une poulie de prise de ris s'étant abîmée)...
Et c'est au cours de cette dernière opération que je pousse un cri guttural ! J'vais pas vous l'écrire, mais il venait du plus profond de moi ! Un bref coup de vent dans la voile et hop, mes lunettes de vues... Au fond de l'eau ! Ça commence bien !!! Heureusement, les gens de la capitainerie ont bien voulu assécher le port... Et je les ai retrouvées facilement ! Ouf. Bon en fait, non. J'ai du me trouver un plongeur pour qu'il aille les chercher... Parce que moi, mettre la tête sous l'eau, bon, ça va... Mais descendre à 5 ou 6 mètres en se pinçant le nez pour décompresser, ben, heu... C'est pas mon truc !
On finit de tout ranger. Il est 12H30. Et quinze minutes plus tard, on est déjà dans le chenal de PORT NAPOLÉON, direction la pleine mer ! Le vent est présent. Une douzaine de nœuds. En plus il souffle dans la bonne direction. Tant mieux. On va pouvoir avancer à la voile.
Six heures plus tard, toujours à la voile même si le vent a chuté un peu (8 nœuds), on passe l'île de RIOU, direction de SICIÉ. J'voudrais bien gagner ce soir SAINT-MANDRIER, histoire de sortir un peu plus de la zone de Mistral prévu pour demain... On est plein vent arrière... Ce n'est pas l'allure favorite du ZEF. Chui sûr que si j'avais établit les polaires de vitesse du bateau, j'me s'rais aperçu qu'il était plus avantageux de tirer des bords de grand largue plutôt que de rester plein vent arrière, et qu'au final, on s'rait allé plus vite ! Mais bien sûr, j'l'ai pas fait... Mais je gagne un peu de vitesse, pas beaucoup, mais un peu quand même, en gréant un foc de dériveur 4,70 sous la bôme !!! A l'image des anciens navigateurs, principalement sur les Clippers au 19 ème siècle, quand ils gréaient des bonnettes lors des courses du thé !
On n'avance pas bien vite quand même... Et c'est seulement passé minuit, avec un début de nausée causée par la houle, la faim et la fatigue et 53 miles parcourus, qu'on s'met en bout de ponton dans le port de SAINT-MANDRIER...
Le lendemain, un peu tôt quand même pour plein de raisons valables, on quitte not' bout de ponton dans un Mistral naissant et on file à LA SEYNE-SUR-MER, où, normalement, c'est moins cher qu'ailleurs !
Très vite, comme si c'était tellement naturel, on sympathise avec un gusse et sa dame qui naviguent sur un gros truc en acier, et hop, ils nous trouvent une place sympa avec eau et électricité ! Pour les remercier, c'est beuverie à bord du ZEF !
Y'a pas mal de ressac dans le port ce qui fait que les barques se baladent un peu ! Après que ma passerelle soit tombée à l'eau une dizaine de fois, de guerre lasse, j'me dis que ça s'rait bien de mettre 2 gardes en place pour stabiliser le ZEF !
On reste à LA SEYNE le temps que le vent s'apaise et soit plus propice, soit pour traverser vers la CORSE, soit pour gagner l'ITALIE. Pour le moment, devant nous, c'est du F6/F7 avec une mer forte... A ce qu'y paraît, c'est joli par ici !!! On va visiter, j'crois bien ! Bon. En fait, y'a rien ici... Quelques rues piétonnes, le marché et c'est tout ! L'environnement marin, quand à lui, est très militaire... Juste devant, c'est l'arsenal de TOULON. C'est pas trop l'endroit où tu vas te balader avec ton annexe !!!
Hier, on a re-sympathisé avec un couple de retraité. Nicole et Pierre. Ils naviguent sur une caisse à boulons ! Un bateau à moteur, quoi ! Un p'tit machin avec une cabine, pour la pêche ou d'autres choses. Pierre s'occupe du club nautique des MOUISSÈQUES. En fait, on s'est d'abord rencontré, parce qu'avec le mousse, vu que l'enceinte du port était barricadée, on tentait d'escalader le bazar pour aller en ville. Pierre nous avait alors regardé d'un drôle d’œil avant de comprendre qu'on n'était pas des voyous ! Il m'a proposé, tellement gentiment, de nous emmener avec sa voiture jusqu'à la station service pour faire le plein du ZEF avec un gros bidon de 20 litres, prêté par lui, que je n'ai pas pu refuser ! Et après, comme si ça ne suffisait pas, il nous a invité à boire une bière au club. Et puis encore, comme je crois que l'entente était réelle et mutuelle, il nous a donné le pavillon de son club, histoire que je décore mes haubans !
Le lendemain, la météo nous parle d'un F4/F5 maxi sur les îles d'HYÈRES, mollissant le soir puis la nuit. Après, en théorie, c'est du grand beau... Avec une légère angoisse, on décide de partir direction la CORSE. Il est 7H30 (du matin...).
En mer. Il est 11H00. Il y a un tout petit vent pour nous déhaler à 3 ou 4 nœuds... On va voir si ça tient ! Je garde ma bonnette sous la bôme ! Déjà 18 miles de parcourus. Encore 114 ! Et à 13H40, le vent vire de 180 ° pour s'orienter définitivement à l'Est, dans le pif donc ! Et pour ne pas mettre le moteur en route, je préfère dégrader le cap et filer là où le vent me pousse ! Cap au 60° au lieu de faire du 110° !
Durant les prochaines heures, on va alterner la voile au cap 60° quand y'a un peu de vent, et du moteur au bon cap quand y'en a plus ! Ainsi, l'un dans l'autre, on arrive à tenir une route, somme toute, dans la bonne direction !
Vers 18H00, ne voyant personne sur l'eau, ni voile, ni moteur, ni rien, j'me dis que, peut-être, j'ai zappé un truc question météo !!! Vite fait, j'fais le point de la situation. RAS. On continu. Par contre, le mousse est, lui, comme qui dirait, un peu vert ! Verdâtre quoi... Nauséeux à cause d'une p'tite houle sortie de nulle part ! J'peux malheureusement rien faire de plus que de continuer ! A moins de lui taper sur la tête ? Même le faire rire, ça ne marche pas... Au contraire même, ça le rend encore plus vert qu'avant ! Presque kaki, y devient, le mousse !
21H00. On est quasi à mi-parcours. Le vent est complètement tombé. La machine ronronne désormais. On s'est équipé pour la nuit. Lui avec son duvet et ses tongs, et moi, mon ciré en haut et en bas, avec un bon pull ! Ce n'est pas que j'ai froid, mais j'aime bien avoir chaud. Le top, c'est de prendre une petite douche chaude avant son quart ! Comme ça, t'es sûr que c'est celui qui avait prévu de dormir qui veille ! En fait !!!
On navigue avec la pleine lune... On voit comme en plein jour !!!
4H00. La CORSE est là. Mais curieusement, on ne la sent pas. D'habitude, tu sens les odeurs de maquis loin en mer. Mais là, que couic !
CALVI droit devant. Ça fait un bien immense quand tu arrives à destination après une traversée, aussi courte soit-elle ! C'est comme un accomplissement. A chaque fois ! J'aime beaucoup cette sensation d'avoir fait quelque chose !!!
Affaler les voiles marque la fin de l'errance !
Un petit dauphin est venu cabrioler quelques secondes autour du bateau. Ça devait être un dauphin italien un peu loin de chez lui... Ça peut pas être un dauphin corse... A c't'heure là ? Impossible !
119 miles à l'arrivée à CALVI. On ne cherche même pas à s'dire qu'il pourrait y avoir une place dans le port. On prend direct une bouée. 20 €. On fera tourner un peu le moteur pour conserver le froid du frigo et le chaud du ballon d'eau chaude. A peine un petit tour en ville. Mais chui tellement fatigué !...
Le mouillage est dense.
Le golfe de CALVI est bien protégée, semble-t-il !