Le départ est fixé pour maintenant ! Minh le mousse étant parti faire des courses (…) je commence à ranger doucement le bateau ! C'est drôle cette envie qu'il a de toujours faire des courses au moment où le départ est prévu ! Souvent, faut que j'm'assure qu'il ne parte pas faire les courses avec sa caméra et son trépied !!! Parce que sinon, je sais que je vais attendre longtemps !!!
Ça me rappelle HANNIBAL, le chat de FREJA (et quand j'y repense, je suis triste à la pensée du départ prématuré de Nicolas... Paix pour ton âme, Nico!)... Dès que Nicolas et Siri préparait le bateau pour le départ, le chat s'barrait et trouvait refuge dans les bateaux voisins, cherchant une cache pour échapper au départ ! Ce jour là, à MISSOLONGHI, HANNIBAL était venu s'planquer dans le ZEF, sous la table du carré... Ç’avait été assez facile pour le retrouver ! Ben le mousse, mon avis, c'est qu'il a bien appris du chat !
On quitte SALERNE à 10H20. C'est bien ! C'est pas trop tard ! J'ai tout rangé et j'ai fait le plein d'eau et d'essence.
Vitesse moteur à 4,7 nœuds tandis que je longe, que je rase même parfois, la côte amalfitaine, dans une eau trouble ! La mer, ici, est vraiment sale ! Il y a beaucoup de déchets, à l'image de NAPOLI et ses poubelles sauvages qui débordent de partout. A tel point que Minh parle de NAPLES comme d'une ville clochardisante !
Après AMALFI et surtout après POSITANO, la mer retrouve de sa superbe !
Et plus on avance vers la pointe de la presqu'île de SORRENTO, plus la côte s'escarpe, les habitations deviennent plus rares jusqu'à disparaître totalement. Comme une CORSE, à l'image des calanques de PIANA, mais en plus raide encore ! D'en bas, sur l'eau, on devine une route sinueuse à travers l'amas de roche. Une route vertigineuse en fait, qui semble bien étroite lorsqu'on la voit enjamber par des ponts que l'on devine branlants, des abîmes sans fond !
14H00. La presqu'île de SORRENTO s'arrête brutalement par un dernier à-pic ! Au loin, CAPRI dresse ses flèches de roche. Comme les prémices d'une baie d'ALONG retrouvée !!!
On passe entre l'île elle-même et l’îlot FARAGLIONI …
On traverse le mouillage de CAPRI, l'un des seuls, puis on longe toute la côte Sud et ses falaises abruptes et vertigineuses, avant de virer vers le Nord.
Dans le mouillage quelques belles barques à l'image de la surprenante « A » qu'on dirait un croisement entre un destroyer de la guerre de sécession et un sous-marin atomique !
Sitôt CAPRI dépassée, mon idée première de gagner VENTOTENE en laissant ISCHIA sur tribord ne s'avère pas possible au vu du vent, sauf à dire qu'on avance au moteur... Mais ça ne m'enchante guère ! Non mais franchement ! Après avoir eu, durant toute notre descente italienne, un vent de Sud Sud-Ouest, dans le nez donc, ben maintenant qu'on remonte, le vent est d'Ouest ! Donc encore dans le nez à peu s'en faut ! En plus, vu l'heure tardive du départ et vu qu'on a passé un peu de temps à contourner CAPRI, on risquerait d'arriver trop tard pour profiter de l'escale... Et comme en plus on ne connaît pas ce port, si c'est compliqué de s'y amarrer, si c'est entre cher et hors de prix, etc... Et donc on décide de s'arrêter à nouveau à PROCIDA !
17H00. L'air est brumeux. Mais dans la lumière qui décline, sur fond de VÉSUVE, NAPLES la belle, ou la vilaine, c'est selon, demeure bien visible. On prend la direction de PROCIDA que l'on atteint après 45 miles, tandis que CAPRI plonge, tel un roc planté sur l'horizon, dans les limbes du soir !
On s'amarre dans le petit port de CHIAOLLELA dans un renfoncement de la pointe Est.
On savait qu'il y avait ce port, ici, sur PROCIDA, mais on ne le connaissait pas. Et le village de CHIAOLLELA est comme une petite GRECE avec ses maisons multicolores, ses arches et son port enchâssé dans un trou de roche ! En plus, le tarif à la nuit est moins élevé qu'au port principal et bien sûr, comme le port compte 2 concessions, c'est plus facile pour négocier !...
Le 19 août. Réveil à 6H00, levé à 7H00, départ à 9H00 et, à 11H00, la mer est plate, à peine ridée par un très léger vent d'Ouest. Au Sud de mon cap, l'île de PROCIDA est en train de disparaître tandis que ISCHIA apparaît encore comme une grosse montagne bleutée. Quand au VÉSUVE, il s'est évanoui dans la brume de chaleur. On vient de faire 9,2 miles en se traînant dans une eau comme presque visqueuse ! Il en manque encore beaucoup à faire, des miles !...
Je profite de ces instants de paix pour réparer les éclats de gelcoat dans le cockpit.
11H40. La mer est d'huile. On pénètre à l'instant dans une nappe de brume qui a avalé tout le décor ! Heureusement, ça ne dure pas longtemps et 30 minutes plus tard, le voile se dissipe tandis qu’apparaît à nouveau ISCHIA. Sur notre tribord, il n'y a plus de frontière entre la mer et le ciel dans lequel courent de lourd cumulus chargés d'eau. Non mais quoi ! Ça n'avance pas !!!
13H00. A peine 20 petits miles de parcourus ! Un petit oiseau sorti de nulle part s'est réfugié sur le pont du ZEF avant de s'envoler à nouveau vers la côte italienne après une dizaine de minutes. Bon vent p'tit piaf !
Après 4 heures de moteur, le ZEF est redevenu un voilier... Avec un vent de 12 à 13 nœuds, sous un près très serré, on s'fait un p'tit sillage d'à peine 4 nœuds ! C'est d'un lent !!!
Heureusement, le vent à forci... Et maintenant, sous un ris et quelques tours dans le foc, on s'cogne dans des vagues courtes mais abruptes ! Y'en a marre !
Avec persévérance et courage, alors que le ZEF danse la gigue, Minh le mousse a réussi à nous préparer un cassoulet aux légumes frais de SALERNE !
On s'traîne à nouveau à 3,5 nœuds, chaque vague nous stoppant littéralement ! Quel pied !!! 12 miles de parcourus en 3H30 !
50,2 miles. On s'arrête à CIRCEO. Le port est complet ! On a tourné en rond dans le port, dans 25 nœuds de vent, le temps de préparer le bateau à se mettre à couple avec un italien... Et puis, c'est un bateau français qui nous à proposé son flanc ! Dominique et Fati à bord d'un JEANNEAU de 35 pieds, sur le chemin du retour après une grande boucle TUNISIE, MALTE et SICILE. On a partagé d'la bière pression avec eux pour les remercier !!!
Dans la nuit, le vent est tombé. Et dès l'aurore, ayant perçu du mouvement sur le bateau hôte, on s'est débranché. Parce qu'en plus de nous proposer de s'accoupler, ils nous ont permis de se brancher en EDF, vu qu'eux, ben ils étaient connectés au réseau du port !
Quelques règles de bienséances plus tard et hop, zou ! Cap au Nord !