Le vent est tel un doux zéphyr !... La mer est à peine ridée. Le soleil est presque timide comme pour nous dire que septembre cogne à la porte. Ça sent bel et bien la fin des vacances !
Tôt le matin, nous profitons des premiers instants du jour où la plage est à nous seuls. Les odeurs du maquis mêlées à celle des pins me rappellent que la mer n'est belle que de son environnement terrestre !
Au départ de PORQUEROLLE, tous les voiliers, qu'ils soient devant ou derrière nous, sont tous sur le même cap ! Tout le monde rallie leurs ports d'attache. MARSEILLE, ou plus loin. Le soleil est présent, certes, mais il y a un petit air frais sorti de nulle part et qui nous pousse à rentrer ! Je prend un cap qui nous fait raser SICIE ! D'habitude, on a plus tendance à vouloir s'en éloigner ! C'est quand même le cap de la terreur, comme le surnomme le mousse ! On s'y est pris une grande baffe un certain jour d'avril 2012, avec du vent fort et surtout des vagues énormes !
Au cap SICIE, on y rencontre un ancêtre de la plaisance qui ne serait pas venu taquiner le monstre d'aussi près par mauvais temps !
Les bateaux se croisent en tous sens ! Peut-être est-ce aussi dû à la météo qui n'annonce rien de bon pour les prochaines 48 heures et qui fait que beaucoup de bateaux rallongent leur route d'un jour pour parer le mauvais temps à venir. C'est aussi notre cas. Au départ de PORQUEROLLE, on a décidé de franchir en une traite les 80 miles qui nous séparent encore de PORT NAPOLÉON.
Cette ultime étape de l'année, malgré la distance, ne m'a pas paru longue... Il y a beaucoup de monde sur l'eau et, outre le divertissement que cela me procure, faut quand même surveiller ceux qui s'disent qu'ils sont seuls au monde ! Alors ça occupe !
Aux abords de l'île MAIRE, la pluie s'invite. Il y a des éclairs devant nous et derrière nous... Alors faut avancer mais pas trop vite quand même !
Bon. Ben voilà. On passe le passage de l'île MAIRE. Il y a la queue ! Comme je le dis toujours ici, faut faire gaffe au haut-fond (2 mètres et moins selon la marée, parce que même en MEDITERRANEE, il peut toujours y avoir un petit marnage...) qui obstrue le milieu de la passe. Il faut vraiment raser les cailloux sur tribord. C'est souvent dans l'autre sens que c'est plus embêtant parce qu'il faut alors raser la côte sur la gauche, c'est à dire risquer de se retrouver en face d'un autre bateau ! Et si ça se produit, ben on bouge pas !
On vient de virer le cap COURONNE et parer les cardinales qui délimitent le haut-fond de CARRO. C'est bête ! Sur tout le haut-fond, les fonds justement ne vont pas en deçà de 2,40 m, et donc ne représentent aucun danger pour nous ! Mais bon... On est conditionné ! Y'a des cardinales ? Ben tu les contournes ! C'est tout ! En même temps... Je me souviens, au retour de GRECE, en 2016, en abordant les côtes sardes, pour raccourcir la distance, j'ai fait passer le ZEF sur un haut-fond annoncé à 2,10m. Avec notre tirant d'eau à 1,90, pas de problème normalement, non ? Le ZEF déboulait, toutes voiles dehors, à près de 8 nœuds ! Et puis quand j'ai vu l'eau s'éclaircir franchement... Passer du bleu de Prusse au bleu clair quoi ! Et que j'ai vu le sondeur annoncer 2 mètres puis 1,90 m, je me suis dit qu'on allait tout casser ! Où donc qu'y z'étaient les fonds minis de 2,10 mètres ??? Bon. On est passé ! Ça fait déjà quelques temps que je me dis qu'il faudrait quand même que j'étalonne mon sondeur... Peut-être que, quand il dit qu'il y a 1,90 m d'eau, c'est la mesure qu'il fait à partir de la sonde elle-même ? Et comme cette sonde est sous la coque, peut-être à 30 centimètres sous l'eau, ben en fait j'ai toujours un peu plus d'eau sous la quille que annoncé ?
Lumière rasante dans le golfe de FOS. Y'a un truc ? Je suis en ciré et pantalon tandis que le mousse est en short et chemise ! Y'a forcément un truc !
La nuit tombe. Les lumières des usines naissent à l'horizon. Je prépare la manœuvre. Tout doit être clair avant d'entrer dans le chenal de PORT NAPOLÉON.
Je prépare toujours la manœuvre ! C'est que ça prend un peu de temps quoi ! Soyez pas impatient... On va bien finir par arriver !
Le soleil joue des tours !
Quand j'vous dis qu'on arrive ! Encore 3 miles exactement avant de trouver les premières bouées du canal.
Au moment d'embouquer le canal qui mène au port, toutes les lumières vertes et rouges paraissent clignoter confusément jusqu'à temps de les aligner... Et alors tout ça prend son sens ! Heureusement ! Je me souviens, la première fois que j'ai emprunté ce canal, en hiver 2008, la carte que j'avais ne me disais pas que le chenal était balisé ! Je pensais qu'il fallait prendre un cap et le tenir scrupuleusement pendant 2 miles ! Quand on sait que, passé les bouées, le fond remonte jusqu'à moins de 40 centimètres, ben t'as intérêt à respecter les alignements !