• Le miroir de la mer

    Qui a dit que la vie était un long fleuve tranquille ? Un certain cinéaste.

    Qui a dit que la mer était un espace sympathique, inoffensif et plaisant ? Sans doute pas l’Aventy, au cours de la semaine dernière.

     

    Le miroir de la mer

     

    Plus de la moitié du compte-rendu hebdomadaire était consacrée aux vents « contraires » et « violents », aux « orages », à la « pluie incessante ». Et de peur que cette liste répétitive ne résonne comme une routine ou une banalité, un élément déconcertant et inquiétant s’est glissé dans la description des mésaventures : en plein milieu de l’espace sanctuarisé, a surgi une menace de mort, amenée par la présence d’une vipère !

     

    Le miroir de la mer

     

    L’entrée en matière du discours iconographique donnait des frissons : la première photo montrait l’ennemi(e) surpris(e) en flagrant délit d’invasion territoriale.

     

    Le miroir de la mer

     

    Voilà qui faisait froid dans le dos ! Et si l’intrusion n’était pas décelée à temps ?

    Un texte grec parle aussi en même temps de vipère et de tempête. C’est le livre des Actes des Apôtres, au chapitre 28.

     

    Le miroir de la mer

     

    Comme pour l’Aventy, l’épisode du mauvais temps et du venin a eu lieu à proximité de la péninsule italienne. Les choses se sont produites dans le Nord pour l’Aventy, dans le Sud avec les Actes des Apôtres. Saint Paul, qui venait de Judée, était en route pour comparaître devant l’empereur à Rome.

     

    Le miroir de la mer

     

    Un naufrage a contraint l’apôtre à s’arrêter à Malte. C’était en débarquant qu’il a été piqué par une vipère.

     

    Le miroir de la mer

     

    Y aurait-il un lien entre la mer en furie et le serpent venimeux ? Il se pourrait, au moins sur trois points.

    Premier point de rapprochement : la fluidité du déplacement. Le reptile et la nef « glissent » avec aisance sur l’onde aqueuse. Image objective dans le premier cas, fantasmée dans le second.

    Deuxième point de similitude : la sournoiserie qui prend au dépourvu et prive de tous les moyens. Imprévisibilité de la vague traîtresse ou de la projection de venin.

    Troisième point de convergence : la nocivité d’une présence non apprivoisée. Toxicité d’un baiser, ensevelissement sous le voile de l’obscurité, et engloutissement par le royaume des ombres.

     

    Le miroir de la mer

     

    À la lecture du compte-rendu hebdomadaire, le plaisir aura été minime pour l’Aventy au cours de la semaine dernière. Mais l’Aventy n’abdique pas. Que cherche l’Aventy au milieu d’éléments aussi défavorables ? Qu’est-ce qui motive l’Aventy malgré l’adversité tenace et polymorphe ? L’Aventy continue sa route, non par folie, ni par inconscience, mais par nécessité. Quelle nécessité ? Celle de mener à bien un projet, en dépit de la multiplicité des désagréments et des contrariétés. L’enjeu n’est donc pas le plaisir, mais la persévérance, même au prix de nombreux déplaisirs, passagers ou persistants. Et quelle est la finalité de cette persévérance ? Non pas la connaissance de l’espace marin ou de l’Adriatique, mais la connaissance de soi, à travers celle de son propre destin.

     

    Le miroir de la mer

     

    Le Zeph aussi, a eu son lot d’angoisse, de désarroi et d’horreur. Il a expérimenté la danse de l’Enfer, bien sûr à Policastro, mais aussi à San Stefano en Italie, au cap Tainaro dans le Péloponnèse, au Bec de l’Aigle et au cap Sicié en Gaule.

     

    Le miroir de la mer

     

    Dans ses adieux à la Lagune, l’Aventy a emporté le souvenir de la cathédrale de Trieste, réputée pour ses mosaïques byzantines. L’une d’elles représente le Christ en Pantocrator, c’est-à-dire avec l’attribut de la toute-puissance.

     

    Le miroir de la mer

     

    Mais ce n’était pas cette vision que l’Aventy a voulu partager avec le Zeph. Non, l’Aventy a préféré montrer au Zeph l’image de la miséricorde sous les traits de la Vierge Marie.

     

    Le miroir de la mer

     

    Non pas le rapport de forces, décliné au masculin. Mais une présence secourable, magnifiée au féminin.

    Goût artistique astucieux, réflexe de marins pragmatiques et sages : au beau milieu d’une tempête, la créature humaine, si frêle et si chétive, a plus besoin d’un geste de bonté salvatrice que d’une leçon sur la toute-puissance.

    Le Zeph se félicite du choix iconographique de l'Aventy, qui lui rappelle deux silhouettes qu’il a fréquentées avec délectation : celles de la Madonna della lettera à Messine et de la « Bonne Mère » dans la cité phocéenne.

     

    Le miroir de la mer

     

    Ce ne sont pas que des amers opaques et inertes, justes bons pour la détermination de l’orientation ou le calcul de la route. Ce sont surtout des phares qui délivrent une lumière qui ne relève pas du premier degré. Car leur lumière s’appelle espérance ou consolation.

     

    Le miroir de la mer

     

    Et si les bourrasques en mer étaient une illustration de celles qui sont inhérentes à toute existence humaine ?

    Que faudrait-il voir dans le miroir de la mer ? L’authenticité de la vie, sans fard et sans artifice.

     

    Le miroir de la mer

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 14 Septembre 2017 à 11:24

    Alors là ! C'est un très beau texte. Et j'encourage à le lire jusqu'au bout. Et non pas comme je le disais précédemment, de bas en haut, mais bien de haut en bas comme va la vie des choses normales ! Ouais ! Je sais. Ecrire comme le mousse sait le faire, il faut soit être extrêmement intelligent, soit être allumé au plus haut point, ce qui n'est pas donné à tout le monde !

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