Il y a des rapprochements qui sont des témoignages de sympathie, d'amitié et de solidarité. On les désire ardemment, on les appelle de tous ses vœux.

Il existe d'autres rapprochements qui sont des manifestations de rivalité, d'intimidation et de déstabilisation. On les redoute, on les abhorre.

Les premiers ont eu lieu dans l'Océan Indien et le Pacifique Sud. Les seconds se produisent dans l'Atlantique Nord.

La lutte sans merci, qui fait rage en ce moment, au large des côtes françaises, a la même férocité qu'un combat dans l'arène.

Depuis plus de vingt-quatre heures, les deux leaders de la huitième édition du Vendée Globe ont franchi la latitude de la ligne d'arrivée. Qui a placé une dorsale pour les contraindre à faire un détour par le Nord et prolonger le suspens après quarante-six jours contigus de folle allure, de tension mécanique maximale et de surchauffe neuronique excessive ?

Qui a fait surgir des bulles anticycloniques indétectables par les fichiers météo dans la remontée de l'Atlantique ?

On fuit une dépression. On contourne un anticyclone. On ne fonce pas dedans, comme Alexandre le Grand a foncé dans les lignes de l'armée de Darius.

Le Macédonien a vaincu le Perse. Mais aucun navigateur ne peut vaincre une dépression ou un anticyclone. Au mieux, il parvient à les éviter.

Aucune étrave ne peut espérer pourfendre une dépression ou un anticyclone comme le glaive grec pourfend le bouclier perse.

En mer, on triomphe, non en vainquant, mais en s'adaptant avec célérité et ingéniosité.

Les phénomènes météo qui persistent dans leur caractère indécelable face au savoir humain et dans leur nature incompressible face au pouvoir du navigateur rappellent que les divinités n'ont pas du tout renoncé à marquer l'espace marin de l'empreinte de leur bon vouloir.