• Duo d'auteurs

    Ils étaient aussi deux, et composaient aussi une œuvre commune en rapport avec la mer. Pas n’importe quelle mer, mais la Mer Méditerranée, et surtout la partie orientale. L’un se nommait Euxithéos ( Εὐξίθεος – ΕΥΞΙΘΕΟΣ). L’autre, Oltos ( λτος – ΟΛΤΟΣ).

    Ils parlaient donc de navigation, des dangers redoutés, des prodiges survenus, des frayeurs des marins, du rapport inéluctable avec les divinités.

    Euxithéos agissait en premier, donnait le déclic, posait les fondements, ancrait la structure matricielle dans les faits.

    Oltos intervenait après. Il bâtissait par-dessus les éléments primitifs, ajoutait l’ornement, et rendait l’ensemble désirable.

     

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    Ensemble, Euxithéos et Oltos rendaient hommage à deux marins inséparables, qui avaient pris la mer pour participer à une quête, qui était aussi une conquête. Au cours de cette expédition, une violente tempête avait menacé de faire sombrer la nef dans l’abîme, quand soudain, une auréole avait commencé à recouvrir la tête des deux marins. Immédiatement, l’orage s’était arrêté et les flots s’étaient calmés. Depuis cet instant, les deux marins, qui avaient été le réceptacle du prodige, étaient considérés comme des divinités tutélaires de la navigation.

     

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    Eux aussi étaient deux à recevoir le présage, pour constituer à leur tour le présage tant guetté par les marins de l’Antiquité quand la foudre menaçait de s’abattre sur l’embarcation. Une seule lueur annonçait la catastrophe. Deux lueurs simultanées signifiaient la proximité de la délivrance.

    La nef était l’Argo. Le capitaine était Jason, qui recherchait la Toison d’Or. Les deux marins choisis par le feu miraculeux étaient Castor et Pollux. La langue française nomme ce phénomène lumineux « le feu de Saint-Elme ». Et quand les deux lueurs violettes apparaissaient au sommet d’un mât errant, savait-on laquelle était Castor et laquelle était Pollux ?

     

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    Sur la place du Capitole à Rome, se dressent les silhouettes de Castor et Pollux. Qui peut dire qui est Castor, qui est Pollux ? Le sculpteur n’a laissé aucun indice !

     

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    Castor et Pollux n’ont pas des généalogies rigoureusement identiques. Mais cette différence en amont se voit-elle dans leurs silhouettes ou leurs tenues vestimentaires ?

     

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    Sur la place du Quirinal à Rome, les silhouettes de Castor et Pollux tiennent compagnie à l’obélisque.

     

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    Laquelle des deux serait celle de Castor, le dompteur de chevaux tandis que l’autre serait celle de Pollux, le pugiliste ?

     

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    Est-ce si important de savoir qui est l’un et qui est l’autre ? N’est-ce pas l’harmonie de l’ensemble qu’il faut retenir et admirer ?

    Castor et Pollux, les deux inséparables, ont stimulé l’inspiration d’Euxithéos, le potier, et d’Oltos, le peintre.

     

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    Le potier fait émerger la forme géométrique du vase, l’élégance de son profil, la sensualité de ses rondeurs. En l’occurrence, il s’agit d’une coupe au corps large et peu profond, doté de deux anses presque horizontales. Elle est destinée aux libations et aux banquets. Les anciens Grecs l’appellent kylix ( κύλιξ – ΚΥΛΙΞ )

    Puis le peintre développe ses traits, qui épousent les volumes, et pose ses couleurs, qui magnifient le relief.

     

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    La beauté de l’ornement pourrait-elle exister en dehors de la matérialité du support ? La matière première serait-elle autant valorisée sans l’ajout de l’ornement ? Ce qui est complémentaire dans la conception est même fusion, physiquement, car la cuisson au four rend l’argile solidaire à jamais de sa parure. L’œuvre n’est plus double, mais une !

    L’objet d’art issu des talents conjugués d’Euxithéos, le potier, et d’Oltos, le peintre, est un vase attique dédié à Castor et Pollux.

    Qui a signé l’ouvrage commun ? Celui qui a donné l’impulsion ? Ou celui qui a apporté la finition ?

    Une double signature apparaît sur la poterie dédicacée !

     

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    De même, la navigation du Zeph est la concrétisation d’une gémellité conceptuelle, à l’instar de celle qui existait entre Castor et Pollux.

     

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    La chronique du Zeph est le fruit d’une heureuse complémentarité, comme celle qui existait entre Euxithéos, le potier, et Oltos, le peintre.

    L’œuvre est une réussite parce qu’elle résulte de la mise en commun de deux savoir-faire. Dissocier les apports est un contresens, une futilité !

    Savourons plutôt l’osmose des contributions et la symbiose des auteurs !

     

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