27 miles jusqu'à CAPRAIA.

Pour l'heure, Christine et Minh sont partis faire les courses. C'est le moment que choisissent les douaniers pour nous prier de déguerpir ! Et sur le champ ! Les douaniers italiens sont têtus ! On leur explique qu'une partie de nos deux équipages est absent, et pour ma part, c'est 50 % de l'équipage qui n'est pas là ! Cet argument les calme un moment... Mais pas plus de 10 secondes ! Alors pour les faire patienter, je commence à ranger mes amarres, défaire les gardes, les lover,... Ça ne va pas assez vite à leur goût ! Ils s’excitent dans leur zodiac en haussant le ton jusqu'à ce que nos équipier et piere ne surgissent à l'entrée du port...

Le port de CAPRAIA est petit. Et il y a déjà une multitude de bateaux qui tournent en rond pour prendre une place entre 2 bouées. FIFI n'attends pas, s'trouve une place et mouille. Nous, on va essayer d'avoir une bouée et éviter ainsi que ne se reproduise la situation d'hier, au mouillage ! Je ne suis pas inquiet. On doit être en dixième position et il y a peut-être une trentaine de bouées disponibles... Je prend donc mon tour, attendant que l'ormeggiatori nous prenne en charge. Les bateaux se succèdent entre ses mains, mais toujours pas nous ! Y'a même d'autres bateaux arrivés bien après et qui sont placés avant nous ! Le mousse me dispute parce que je ne reste pas aux premières loges et que je me fait doubler ! Et dès que je m'approche un peu, l'ormeggio nous renvoie avec forte voix et force geste ! En fait, seuls les bateaux qui battent pavillon italien sont pris en charge et placés... Les bateaux français sont systématiquement écartés des bouées !!! Ah oui ! C'est agréable de naviguer en ELBE en été !!!

A force... Je finis par comprendre, hein ? On mouille donc par 18 mètres de fond ! J'y met 45 mètres de câblot.

Chacun trouve bien son coin d'eau. Dans ses conditions, même si le vent tourne, y'aura pas de pagaille !

Vous voyez le ZEF sur la photo ? Il est juste un peu en bas à gauche de la coque bleue. Et vous voyez le petit voilier à coque rouge ? Et forcément, puisque vous êtes des malins, vous voyez aussi d'où vient le vent, grâce à l'orientation générale des bateaux... Ben c'est important de voir tout ça pour comprendre ce qui va nous arriver !...

A nouveau, on est sur le bateau de FIFI à picoler (à se désaltérer plutôt !), jouer aux cartes, passer du bon temps, quoi. Et ne v'la t'il pas qu'un gros catamaran arrive... Jusque là, ça va. C'est après que ça se gâte ! Il va garer son cata comme on fait un créneau pour garer sa voiture ! Le gusse qui barre, gros cigare à la bouche, va lâcher son ancre bien à gauche du petit bateau coque rouge... Puis il va reculer par devant tous le monde, traînant avec lui les ancres de plusieurs bateaux, avant de virer pour se retrouver à droite du ZEF !!! Plus bête que ça, tu meurs !

Forcément, tant d'incompétence nous agace ! Et forcément, à peine ont-ils bloqué le déroulé de leur chaîne que leur gros cata se rapproche dangereusement du ZEF ! A le toucher !

Rien. Pas d'excuse. Le mec au gros cigare nous toise comme si on était de la vermine ! On a l'impression qu'il s'en contrefout de venir englober, comme dans une nasse, tous les bateaux. Le mousse lui explique un peu vertement qui z'ont pas grand chose dans le cigare, justement !

Vexés, ils remontent leur mouillage sans se préoccuper le moins du monde des bateaux voisins ! Ils finissent ainsi par arracher le mouillage du voilier devant nous, et terminent leur épopée en s’encastrant violemment dans leur davier ! Au final, dans un grand crac, ils se séparent, lui, en abandonnant un bon mètre de son liston en bois et près du tiers de ses chandeliers ! Quand au voilier devant nous, son solide davier lui a épargné toute casse ! Minh continue à les abreuver de mépris... Faut pas l'énerver le mousse, hein ? Et moi, je reste ulcéré par l'attitude tellement supérieure de ces gens là ! Après leur départ, le mouillage est silencieux, comme abasourdi par tant de déferlement de bêtises ! On s'fâche pas souvent. D'habitude, c'est même plutôt le contraire ! Et souvent, au grand dam du mousse, c'est même moi qui préfère partir, abandonnant la place à ces gens sans scrupules ! Mais là, après avoir frôlé la casse, hier, devant l'attitude pompeuse du mec au cigare qui ne daigne même pas jeter un œil au bordel qu'il vient de créer, ben on n'a pas voulu se laisser faire !

Quand au voilier devant nous, ils n'ont rien dit... Ni même élevé la voix. Et ils attendront seulement le lendemain pour ausculter leur bateau... On les aurait dit comme résignés !

On reprend nos parties de carte !

Avec Clément...

Avec Paul... Tandis que Philippe se perd dans sa mélancolie ?

Avec Julie !

Dernière matinée. FIFI s'en retourne en CORSE tandis que nous, nous allons partir sur LIVOURNE, distante d'une 40taine de miles. Les mioches ne me lâchent plus !...

Ce fut un beau périple en leur compagnie !

Voilà ! Adieu les boys !!!

A bientôt !

Chacun sa route, chacun son chemin. Le temps est paisible. Le temps est tranquille. La mer est calme. Tout est calme. Enfin ! Comme pour marquer un nouveau temps. Un nouveau tempo.

40 miles plus loin, nous sommes à LIVOURNE.

On reste 2 jours ici...

On aime bien ce port et cette ville.